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Commémoration de l’esclavage du 10 mai 2013

Claude Ribbe | claude-ribbe.com | vendredi 10 mai 2013

vendredi 10 mai 2013

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Commémoration de l’esclavage du 10 mai 2013
Claude Ribbe | claude-ribbe.com | vendredi 10 mai 2013

Commémorer, cela veut dire se souvenir ensemble. Aujourd’hui,
ensemble, nous nous souvenons de l’esclavage qui, du 15e au 19e
siècle, a dévasté deux continents - l’Afrique et l’Amérique - pour enrichir un troisième : l’Europe.

Ce n’est pas seulement l’abolition que nous célébrons
aujourd’hui mais c’est surtout la reconnaissance par la Nation d’un crime
contre l’humanité perpétré au nom de l’idée de race contre le continent d’où l’humanité
st issue.

C’est pourquoi il importe que ce mot de race soit retiré de
notre constitution où il n’a absolument pas sa place.

Le retrait du mot ne fera évidemment pas disparaître le
préjugé, mais cette décision montrera que la Nation ne le partage pas. Et ce
sera un grand pas en avant.

Les plus racistes d’entre les Français, les plus aveuglés,
soutiendront que si  la constitution ne
précise pas que tous les citoyens sont égaux « sans distinction de race », alors
de telles distinctions auront force légale.

Et beaucoup de nos concitoyens pensent que les races
humaines existent mais que cette réalité ne doit  pas entraîner de différence dans l’application
de la loi.

Malheureusement, le préjugé n’est pas seulement dans l’affirmation
que des races sont supérieures à d’autres, mais dans la simple affirmation qu’il
existe différentes races d’hommes.

Car l’idée de race n’a de sens que pour les animaux.

C’est pour justifier la pratique de l’esclavage que cette
idée, au 17e siècle, a été étendue aux hommes, en plaçant les
Africains subsahariens au plus bas degré de l’échelle humaine, c’est-à-dire près
des animaux.

La race a été d’emblée confondue avec l’apparence. Les
Européens esclavagistes se sont désignés « blancs » et ont appelé « noirs » leur
victimes potentielles. Car dès lors tout « noir » était par nature un esclave.

Cette monstrueuse simplification a permis quatre siècles d’esclavage
et un siècle de colonialisme.

Renforcée par les élucubrations de scientifiques plus soucieux
de justifier leurs préjugés que de faire avancer la connaissance, elle a été
assez efficace pour qu’aujourd’hui encore, sous prétexte de lutter contre les
discriminations, certains non seulement se désignent comme noirs, mais tentent
de parler au nom d’une communauté qui n’existe que dans les fantasmes  des racistes.

Les racistes de toutes couleurs ont tort de se réclamer de la
négritude, citant Césaire ou  Senghor.

L’idée de négritude est une formule littéraire des années
trente inventée à une époque où tout le monde était convaincu de la réalité
scientifique des races humaines.

Elle n’a jamais permis de faire reculer le préjugé de race.
Tel n’était pas d’ailleurs son propos.

On a voulu réduire Césaire à la négritude, comme s’il était
le chantre de l’idée de race, ce qui est un contresens.

Se servir de Césaire pour justifier le racisme est la pire
manière de salir sa mémoire.

Dès que l’on affirme l’existence de race humaine, le racisme
est là car on affirme forcément, du même coup, la supériorité de la « race » à
laquelle on prétend appartenir.

Dès que l’idée de race humaine apparaît, on a beau affirmer
que les races sont égales, l’affirmation implicite que certaines races sont
plus égales que d’autres est sous-jacente.

C’est pourquoi affirmer l’égalité de tous devant la loi sans
distinction de race est une manière insidieuse de sous-entendre que l’égalité
devant la loi peut coexister avec l’inégalité dans les faits.

Cette situation, nous la connaissons bien, et, pour ma part,
je la combats.

L’égalité de tous devant la loi sera suffisamment garantie
en affirmant que tous les citoyens sont égaux sans distinction d’origine,
réelle ou supposée.

C’est pour ces raisons que 
le retrait du mot race de la constitution française sera une avancée
historique à laquelle devront contribuer les élus de toutes opinions qui
partagent les valeurs de la République française.

Le combat contre le racisme, dont le retrait du mot race de
la constitution est un épisode majeur, est l’un des moyens pour la Nation - l’un
des moyens mais pas le seul - de réparer le préjudice subi par les victimes du
crime dont nous honorons aujourd’hui la mémoire.

La question de la réparation pour l’esclavage, au lieu de
servir de faire-valoir à des associations fondée justement sur l’idée de race,
devrait pouvoir trouver sa place dans le cadre des institutions consacrées à l’histoire
et à la mémoire de l’esclavage auxquelles la loi a confié le soin de faire
toutes propositions au gouvernement.

Ce n’est pas en intentant des procès perdus d’avance à l’État,
ce n’est pas en multipliant les happenings que l’on avancera.

 La commémoration de l’esclavage
n’est pas une journée de carnaval.

Elle ne doit pas non plus se confondre avec d’autres combats
pour l’égalité qui n’ont rien à voir.

La commémoration de l’esclavage n’est pas une journée de
haine.  

C’est un moment de fraternité républicaine pour rappeler à
tous les Français qu’ils ont en commun une même vision du monde qui va bien au-delà
de l’apparence et de la couleur de la peau.

 


Voir en ligne : Commémoration de l’esclavage du 10 mai 2013

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