Dans l’Est-Var, une quarantaine de familles roms ont été chassées des terrains privés où elles s’étaient installées, au « Jas de Pellicot » sur la commune de Puget-sur-Argens.
Une expulsion qui laisse un « goût amer » comme l’écrit le quotidien Var-Matin dans un article du 24 avril dont nous reprenons ci-dessous de larges extraits.
Roms : une problématique qui ne lève pas le camp
- Après le départ de la communauté, les caravanes ont été détruites et des tranchées creusées autour du site. (Ph. Gabrielle Prompt)
Ils sont Européens. Font partie de l’espace Schengen. Mais n’ont de citoyens que le nom. Les Roms, ici comme ailleurs, restent des invités non désirés. [...]
Alors que les derniers membres de la quarantaine de personnes qui avait pris possession, à l’automne, du lieu privé – bien que laissé à l’abandon – l’ont enfin libéré le 11 avril, le bilan dressé par les élus locaux et Philippe Loiseau, médiateur social, est loin d’être positif. « Où vont-ils aller ? poursuit Jean-François Moissin [adjoint pugétois chargé notamment de la sécurité]. Le souci majeur est. qu’ici, nous ne savons pas où les installer ! Ils risquent de partir pour revenir. Et durant tous ces mois, il a bien fallu ménager les riverains, désamorcer les tensions à cause de multiples nuisances... ». Les démarches administratives et judiciaires ont donc été scrupuleusement appliquées. Les caravanes détruites, des tranchées creusées autour du terrain. [...]
Ce qui nous fait le plus défaut, c’est le cadre
Philippe Loiseau, médiateur social pour l’Est Var au sein de l’association Sichem,
[3] est affirmatif. Le Jas Pellicot est, certes, isolé, mais pourrait faire des petits. « Nous n’avons pas pu faire grand-chose sur ce dossier précis, souligne- t-il. Sichem peut accompagner les Roms administrativement, les aider dans les démarches médicales, par exemple. Ou faire le relais entre eux et la sous-préfecture, la police. Quand le camp s’est installé à Puget, en revanche, certains des Roms sont venus me voir pour savoir s’ils pouvaient rester sur le terrain. Je leur ai, bien sûr, répondu négativement. Mais sans pouvoir leur proposer une aire d’accueil de remplacement. »Et c’est là que le bât blesse. A Puget comme dans la plupart des villes de France, aucun aménagement n’est prévu pour les Roms. « On ne parle pas d’aire pour gens du voyage, entendons-nous bien, mais simplement de terrain familial sur lequel ces populations pauvres pourraient camper. Avec simplement des sanitaires. Ce qui éviterait aux associations qui les prennent en charge de courir partout pour les trouver... » L’ancienne aire de Puget, aujourd’hui hors service, puisque vandalisée à de nombreuses reprises, est ainsi plus que jamais au cœur des discussions. « Quelques familles, parmi les dizaines que compte la région de Fréjus/Saint-Raphaël, pourraient y trouver refuge. Ce pourrait être un début. Ce qui nous fait le plus défaut, aujourd’hui les concernant, c’est le cadre. »
L’insertion, seule solution
Philippe Loiseau rappelle ainsi que bon nombre de Roms ont été insérés avec succès ces dix dernières années. « La seule chance de sauver ces familles de leur situation actuelle est l’insertion. La vie active pour les adultes, la scolarisation pour les enfants. Les petits sont très demandeurs ! Le risque, c’est de continuer à tourner en rond. »
Et, en dispersant les camps, continuer de déplacer le « problème. » ?
Katia Enriotti