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loge-toi, la préfecture ne t’aidera pas ...

ldh-toulon.net | vendredi 26 avril 2013

vendredi 26 avril 2013

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loge-toi, la préfecture ne t’aidera pas ...
ldh-toulon.net | vendredi 26 avril 2013

Les Tsiganes et autres nomades furent parmi les premiers à être fichés il y a un siècle, puis internés par l’État français en 1940, et ils restent soumis à des règlements discriminatoires. En revanche leur mode de vie est souvent insuffisamment pris en compte.

La loi Besson du 5 juillet 2000 a imposé aux départements de prévoir des structures minimales — des aires d’accueil et des aires de grand passage — pour les Gens du voyage mobiles. Le département du Var est très loin d’avoir rempli ses obligations à cet égard [1], et rien n’a été prévu pour les Gens du voyage sédentaires : pas de « terrains familiaux » leur permettant de se fixer en un lieu tout en continuant à vivre en caravanes [2].

Aucune solution de relogement adapté à leur mode de vie en résidence mobile
n’a donc été proposée aux Gens du voyage qui vivaient depuis des années sur le site de La Chaberte à La Garde (Var), lorsqu’elles en ont été évacuées de force le 14 février 2013, afin de permettre l’aménagement d’une partie du terrain en une aire d’accueil. Depuis lors, ces familles stationnent sur un terrain vague près du parking du centre commercial Barnéoud à La Valette (Var). Suite à une décision de justice, il ne leur reste que quelques jours pour le quitter ... Mais où aller ? les aires d’accueil ne sont pas des terrains familiaux !

Le 15 avril 2013, le préfet du Var a réuni la commission consultative des gens du voyage. Il a constaté qu’il n’existait pas de “terrains familiaux” dans le département, tout en affirmant son intention d’empêcher toute tentative de « cabanisation » (La Marseilllaise, 17 avril 2013). Il laisse donc une situation sans issue pour les familles concernées.

La situation des Roms est, à cet égard, tout à fait semblable.


Dans l’Est-Var, une quarantaine de familles roms ont été chassées des terrains privés où elles s’étaient installées, au « Jas de Pellicot » sur la commune de Puget-sur-Argens.
Une expulsion qui laisse un « goût amer » comme l’écrit le quotidien Var-Matin dans un article du 24 avril dont nous reprenons ci-dessous de larges extraits.

Roms : une problématique qui ne lève pas le camp

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Après le départ de la communauté, les caravanes ont été détruites et des tranchées creusées autour du site. (Ph. Gabrielle Prompt)

Ils sont Européens. Font partie de l’espace Schengen. Mais n’ont de citoyens que le nom. Les Roms, ici comme ailleurs, restent des invités non désirés. [...]

Alors que les derniers membres de la quarantaine de personnes qui avait pris possession, à l’automne, du lieu privé – bien que laissé à l’abandon – l’ont enfin libéré le 11 avril, le bilan dressé par les élus locaux et Philippe Loiseau, médiateur social, est loin d’être positif. « Où vont-ils aller ? poursuit Jean-François Moissin [adjoint pugétois chargé notamment de la sécurité]. Le souci majeur est. qu’ici, nous ne savons pas où les installer ! Ils risquent de partir pour revenir. Et durant tous ces mois, il a bien fallu ménager les riverains, désamorcer les tensions à cause de multiples nuisances... ». Les démarches administratives et judiciaires ont donc été scrupuleusement appliquées. Les caravanes détruites, des tranchées creusées autour du terrain. [...]

Ce qui nous fait le plus défaut, c’est le cadre

Philippe Loiseau, médiateur social pour l’Est Var au sein de l’association Sichem,
 [3] est affirmatif. Le Jas Pellicot est, certes, isolé, mais pourrait faire des petits. « Nous n’avons pas pu faire grand-chose sur ce dossier précis, souligne- t-il. Sichem peut accompagner les Roms administrativement, les aider dans les démarches médicales, par exemple. Ou faire le relais entre eux et la sous-préfecture, la police. Quand le camp s’est installé à Puget, en revanche, certains des Roms sont venus me voir pour savoir s’ils pouvaient rester sur le terrain. Je leur ai, bien sûr, répondu négativement. Mais sans pouvoir leur proposer une aire d’accueil de remplacement. »

Et c’est là que le bât blesse. A Puget comme dans la plupart des villes de France, aucun aménagement n’est prévu pour les Roms. « On ne parle pas d’aire pour gens du voyage, entendons-nous bien, mais simplement de terrain familial sur lequel ces populations pauvres pourraient camper. Avec simplement des sanitaires. Ce qui éviterait aux associations qui les prennent en charge de courir partout pour les trouver... » L’ancienne aire de Puget, aujourd’hui hors service, puisque vandalisée à de nombreuses reprises, est ainsi plus que jamais au cœur des discussions. « Quelques familles, parmi les dizaines que compte la région de Fréjus/Saint-Raphaël, pourraient y trouver refuge. Ce pourrait être un début. Ce qui nous fait le plus défaut, aujourd’hui les concernant, c’est le cadre.  »

L’insertion, seule solution

Philippe Loiseau rappelle ainsi que bon nombre de Roms ont été insérés avec succès ces dix dernières années. « La seule chance de sauver ces familles de leur situation actuelle est l’insertion. La vie active pour les adultes, la scolarisation pour les enfants. Les petits sont très demandeurs ! Le risque, c’est de continuer à tourner en rond. »

Et, en dispersant les camps, continuer de déplacer le « problème. » ?

Katia Enriotti


Notes

[1] Il n’y a actuellement que 3 aires d’accueil opérationnelles (Le Luc, La Farlède, Brignoles), et une seule aire de grand passage — inondable — à Fréjus, alors qu’il en faudrait respectivement 10 et 6 — les aires de Six-Fours et de Puget sur Argens annoncées sur le site de la préfecture du Var sont fermées. Voir cette page.

[2] Cependant, ainsi que l’a précisé en octobre 2010 le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, la loi DALO offre la possibilité de reloger sur un terrain familial lorsque les logements sociaux traditionnels ne conviennent pas. Voir http://www.depechestsiganes.fr/?p=1697.

[3] Sichem, Service d’initiatives de coopération humanitaire avec les étrangers et les migrants, œuvre depuis des années pour l’insertion des Roms. Sichem, 46 rue Sigaudy, à Fréjus. Tél : 04 94 51 69 90.


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