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PS : La crise d’un système.

Gaëtan Gorce | gorce.typepad.fr | mardi 9 avril 2013

lundi 15 avril 2013



La crise d’un système.
Gaëtan Gorce | gorce.typepad.fr | mardi 9 avril 2013


Cahuzac après Strauss-Kahn, et alors que d’autres affaires sont en cours : tout cela ne peut plus être mis sur le compte seulement des personnes. Tout cela au contraire fait système !

Je le dis sans ambages, et d’autant plus à l’aise que je n’ai cessé de le dénoncer depuis des années : c’est la dérive clanique qui s’est emparée du parti socialiste qui a conduit presque mécaniquement à cette situation. DSK, pas plus que Cahuzac, ne sont des accidents. Leur attitude, et plus encore le sentiment d’impunité qui, manifestement, les habitait, sont la conséquence d’un processus d’oligarchisation de l’appareil dirigeant du parti : à mesure que les luttes de clan ont perdu toute dimension idéologique se sont constitués des groupes d’intérêt visant seulement à perpétuer le pouvoir et l’influence de leurs chefs, le cynisme prenant la place des convictions, le rapport de force celle de la confrontation d’idées.

La belle série de victoires remportées aux élections locales durant la dernière décennie a fait le reste, offrant mandats et emplois à des ribambelles d’alliés, clients et porte-flingues en tout genre, peu portés du coup à dénoncer des errements auxquels ils étaient indirectement associés.

Le tout a été facilité par un triple processus auquel n’échappe aucun parti mais qui s’est révélé mortel pour le PS (car le PS n’est plus ! Il lui faut désormais renaître !).

D’abord sa confiscation par une bourgeoisie d’appareil, qui a pris soin de remplacer l’intervention et le vote des adhérents par une cooptation systématique dont la désignation d’Harlem Désir à Toulouse a été la caricaturale illustration, la lâche passivité des cadres du parti à cette occasion témoignant également de l’ampleur du mal.

Mais comment ne pas voir qu’il s’agit là aussi du produit d’une professionnalisation à outrance de la vie publique qui fait que l’on devient toujours plus tôt, toujours plus jeune, dépendant, pour vivre, d’un mandat ou de celui ou celle qui l’exerce ? Loin de corriger cette déviance, la parité comme le non-cumul des mandats vont conforter cette tendance en favorisant l’ascension de clones sans jamais contribuer à un quelconque renouvellement, notamment celle INDISPENSABLE relative à l’origine sociale des dirigeants.

Ici enfin se trouve la troisième caractéristique de la déliquescence de ce que fut le parti socialiste qui a cédé à son tour à une "peopolisation" de la politique qui a conduit pour une partie de ses dirigeants à faire de la notoriété médiatique et des facilités qu’elle offre une fin en soi et développe connivences et passe-droits.

Là est le principal échec du parti socialiste : son mode de sélection des élites ne diffère en rien de celui à l’œuvre dans le reste de la société. Son mode de fonctionnement ne promeut aucune valeur propre distincte de celles qui gouvernent le reste du monde politique. Aussi est-il désormais incapable de produire en interne les anti-corps qui lui permettraient de prévenir ou de stopper l’ascension d’hommes ou de femmes dont l’attitude comme les choix de vie se situent aux antipodes de ses principes.

Tout cela est-il réversible ?

Sans doute, à la condition de changer brutalement de cap ! Puisque le mal trouve sa source dans une pratique du pouvoir et un mode de fonctionnement, il faut en changer de fond en comble pour se doter d’une nouvelle charte qui partout fasse vivre la démocratie, le libre choix des adhérents, l’influence des sympathisants ; qui permette de casser les féodalités locales ; qui retire aux clans et courants le pouvoir de décider de la composition des instances ; qui encourage une vraie diversité dans l’origine sociale de ses membres et de ses chefs.

Pour y réussir, j’en appelle à la formation d’une équipe de crise restreinte qui de façon autonome et indépendante de la direction du parti, travaillerait à réfléchir et mettre en place assez rapidement de nouvelles mesures propices à la rénovation du parti : une sorte de comité "des irréprochables" autour par exemple de Robert Badinter pour engager un véritable travail de refondation du PS en s’inspirant des valeurs éthiques et démocratiques qui forment son héritage le plus précieux ! A défaut, si rien ne change qu’à la marge, nous, socialistes, connaîtrons la lente agonie de tous ceux qui un jour ont refusé de voir la vérité en face et d’en tirer les conséquences.

Le regard que porte déjà sur nous une bonne partie des Français, et parmi les plus modestes, n’est-il pas déjà suffisamment douloureux à supporter ? 


Voir en ligne : La crise d’un système.

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