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Syrie : vers la création d’un nouvel État satellite ?

Camille Loty Malebranche | intellection.over-blog.com | mercredi 20 mars 2013

mercredi 20 mars 2013

L’homme est une somme de Violence Vitale et de Révolte Vivifiante contre la létalité des néants envahissants du monde.

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Syrie : vers la création d’un nouvel État satellite ?
Camille Loty Malebranche | intellection.over-blog.com | mercredi 20 mars 2013

Le but ultime et suprême de toute géostratégie dans un contexte
néocolonialiste où nulle puissance prédatrice ou conquérante ne peut dire que tel territoire souverain lui appartient de manière formelle et légale selon les prescrits du droit
international, est de créer des États fantômes nouveaux, voués à toutes les volitions des puissances qui les portent à l’existence. 

 

En appuyant l’avènement d’un premier ministre
intérimaire de la coalition nationale syrienne, Ghassan Hitto, les puissances occidentales viennent de montrer leur
décision de tout faire pour établir leur domination sinon sur tout le territoire, à tout le moins sur une partie du territoire syrien que probablement l’Asl (armée syrienne libre) au service des
desiderata occidentaux se chargera de déterminer par une prochaine scission du territoire du pays. Quand on sait que G. Hitto est un islamiste, cadre jusqu’à sa nomination d’une compagnie de
téléphonie étasunienne au texas, l’on ne peut ne pas saisir le jeu malsain de la politique occidentale vis-à-vis de l’islamisme ; une politique de cloaque anatomique par où tout passe, c’est comme
le rostre de certains crinoïdes paléolithiques où la bouche et l’anus passent pratiquement par le même canal, confondus dans leur fonction d’absorption et d’excrétion selon les besoins. Et pire
ici, le même produit est déclaré comestible et toxique selon les cas. On sait également que même certains membres de l’opposition se sont abstenus devant une telle ingérence étasunienne, un si
criant asservissement par l’étranger de l’autorité censée les représenter. L’on comprend alors que le refus de tout dialogue avec Assad de la coalition gouvernementale dirigée par Hitto,
relève de la mission de ce dernier envel
rs
ses maîtres occidentaux qui l’ont investi en cette occurrence pour précisément empêcher toute entente entre les parties syriennes. Car il ne s’agit pas seulement de

a tête d’Assad et de ses proches, très sots qui s’y fieraient, mais
de positionnement géostratégique des usa et de leurs alliés.

 

Lorsqu’il échouent à vampiriser les pays qu’ils visent à transformer
en domaine de leur hégémonie ou qu’ils éprouvent le besoin de territoires nouveaux plus adaptés à leur politique impérialiste, les prédateurs d’États, disloquent et divisent les États retors à
leur domination, en leur enlevant des parts territoriales pour créer d’autres États satellites limitrophes afin d’affaiblir leur cible et de s’assurer une présence militaire rendue légale par la
force des choses. L’histoire témoigne de cas précis de création d’États par des hégémonistes néocolonialistes assurant leur intérêt stratégique en coupant des territoires pour se positionner sur
de nouveaux pays dont deux nous viennent à la mémoire : le Koweït, le Panama...

 

Les nouvelles récentes de la crise syrienne nous replacent donc
devant un cas de figure classique en géostratégie où priment l’émiettement de territoires, le forgeage d’États fantômes pour s’implanter dans des régions stratégiques, ici cette partie spécifique
du Proche–Orient qu’est la Syrie, espace de dispute paroxystique de la suprématie entre l’occident et le tandem sino-russe. Rien n’est trop énorme aux yeux des hégémonistes ni le lourd tribut
politico-économique d’effritement institutionnel pour les peuples visés, ni le massacre de populations civiles ni la pulvérisation de pays entiers à l’heure de redéfinition des nouveaux pôles au
vingtéunième siècle que nous pouvons d’ores et déjà qualifier celui de la multipolarité et des luttes de pôles hégémoniques.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE


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Messages

  • La Syrie est aujourd’hui un "État-satellite" russe. Demain que sera-t-elle ? Ça n’appartient à personne de pouvoir le prédire, de même qu’il est impossible de dire ce que sont la Tunisie, l’Egypte ou la Libye aujourd’hui. Ou plutôt si, on peut observer que ce sont des États où les tensions sont vives entre diverses conceptions de la société. La Syrie demain ? Probablement pareil, sauf qu’avec beaucoup plus de blessures. On ne peut pas imaginer ce que sera la Syrie demain parce qu’on n’a jamais vu un pays se faire ainsi démolir par son propre État, poussant la guerre civile jusqu’à la guerre totale. On n’avait simplement jamais vu un État bombarder son peuple du ciel. Ou plutôt jamais à cette échelle : car le précédent, c’est Guernica. Les villes insurgées de Syrie sont un Guernica permanent depuis plus de six mois, depuis qu’en fin juillet Assad a osé franchir cette étape. Il y a un autre précédent, avant l’invention de l’aviation, c’est la Commune de Paris. Thiers osait avec les moyens de son temps ce que Assad fait aujourd’hui – à l’échelle du pays et avec une puissance de feu incomparablement supérieure. À ce prix là, Ben Ali aura été un ange. Quand le peuple se soulève, le tyran s’en va. Sinon c’est l’horreur.
    En Syrie aujourd’hui on ne sait s’il faut s’horrifier plus de l’ampleur du crime étatique ou de la gamme infinie des complicités et des soutiens sans lequel Assad n’en serait jamais arrivé là. Parmi ces soutiens, il faut accorder une mention spéciale à tous les porteurs de lunettes idéologiques qui réussissent à voir les armées de l’impérialisme là où il y a un peuple qu’on massacre. On en vient à accuser le peuple de détruire les villes que l’aviation et l’artillerie gouvernementales pulvérisent méthodiquement – or ça n’est pas que ça ne se voie pas… L’enthousiasme qu’il y a ici à soutenir un État qui a industrialisé la torture laisse sans voix.
    Mais la palme revient quand même à "l’impérialisme", ou ce qui s’appelle dans d’autres registres "la communauté internationale". Car là où on le dénonce comme intervenant sournoisement, le véritable scandale restera sa non-intervention méthodique, telle qu’il n’est toujours pas exclu que Assad parvienne à se maintenir sur un immense charnier. Depuis deux ans, le plus qu’on aura pu lui soutirer, à la "communauté internationale", c’est de l’aide "humanitaire" qui est remise entre les mains du Croissant rouge syrien – gouvernemental. On aurait pu croire à un début de mobilisation "internationale", lorsqu’il y a quelques mois des batteries de missiles allemands étaient postées à la frontière turque, mais ce n’était qu’illusion, puisqu’elles sont là pour protéger… le territoire turc…
    Bien sûr, ces missiles pourraient, à tout moment, imposer une interdiction aérienne sur le territoire syrien, empêcher les avions de l’armée gouvernementale syrienne de bombarder les villes, les populations civiles, les enfants. Ainsi le crime de non-intervention est totalement constitué. On n’intervient pas alors qu’on est parfaitement en position de le faire... Dès le premier jour, il y a plus de six mois, début août, sans attendre de placer ces batteries en Turquie, il aurait suffit de dépêcher quelques bateaux munis de semblables missiles pour atteindre le même résultat. Même sans les porte-avions des fastueuses flottes américaine, anglaise ou française, la marine… grecque, qui dispose de tels missiles, à elle seule aurait pu apporter ce soutien décisif au peuple syrien. Mais non, personne n’a bougé. Surtout pas les français ou les américains. Pour rassurer Assad, ils lui auront même offert une garantie de non-intervention tant qu’il ne franchirait pas la "ligne rouge" du recours aux armes chimiques. Les américains ne cachent pas que ce qui les inquiète le plus, en fait, c’est la perspective de voir tomber ces stocks d’armes entre les mains du peuple insurgé. Les forces spéciales ont déjà préparé leur scénario d’intervention dans un tel cas. Pour intervenir… contre les révolutionnaires bien sûr.
    Et si aujourd’hui, demain, ou dans un mois, français et anglais tenaient leur promesse de fournir des armes à l’insurrection, cela fera peut-être chaud au cœur, mais on voit mal comment cela fera basculer le rapport de force contre des divisions blindées et une aviation énorme, intacte, parfaitement approvisionnée en munitions comme en pièces détachées, venues de Russie, d’Iran ou d’Irak – cet autre supposé "État-satellite".
    Les lunettes idéologiques auront permis de désactiver toute protestation solidaire des peuples. Et facilité la stratégie de soutien des États du monde, solidaires eux de l’Etat syrien. C’est probablement ça, la nouveauté. Les systèmes de propagande atteignent un tel niveau de subtilité qu’ils contrôlent jusqu’aux consciences qui se voudraient les plus critiques.
    Au résultat, pour la première fois depuis bien longtemps, un peuple peut se faire aussi spectaculairement martyriser et aussi durablement sans susciter le moindre élan de solidarité, nulle part. Il n’est pas exclu qu’il parvienne à triompher quand même.

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