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Il faut arrêter d’accaparer les terres pour produire des biocarburants

Grain | grain.org | lundi 18 mars 2013

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Il faut arrêter d’accaparer les terres pour produire des biocarburants
Grain | grain.org | lundi 18 mars 2013

Zainab Kamara est l’une de ces milliers d’agriculteurs de Sierra Leone dont l’entreprise suisse Addax Bioenergy a pris les terres pour établir une plantation de 10 000 hectares de canne à sucre destinée à produire de l’éthanol pour le marché européen.

« Aujourd’hui je n’ai pas de ferme. Les gens meurent de faim. Nous sommes obligés d’acheter du riz parce que nous n’en cultivons plus, » explique t-elle.1

En Guinée, le pays voisin, les paysans tentent de comprendre comment leur gouvernement a pu accepter de céder 700 000 hectares de leurs terres à une entreprise italienne qui veut cultiver du jatropha pour en faire du biodiesel.2

Sur un autre continent, au Brésil, les communautés Guarani se battent pour leur survie contre des sociétés qui convoitent leurs terres pour y produire de l’éthanol à partir de canne à sucre.3 Même histoire en Indonésie où les Malind et d’autres peuples autochtones de Papouasie Occidentale s’opposent désespérément à un projet qui transformerait leurs terres en plantations de canne à sucre et de palmiers à huile. Même histoire en Colombie où des forces paramilitaires exercent de terribles pressions sur les communautés afro-colombiennes pour leur faire abandonner leurs terres afin de laisser la place aux plantations d’huile de palme.4

On prévoit que la demande mondiale d’huile de palme s’élèvera à 172 milliards de litres d’ici 2020, alors qu’elle était de 81 milliards de litres en 2008.5 Au niveau de production actuel, cela voudrait dire convertir encore 40 millions d’hectares de terres pour les consacrer aux cultures destinées aux biocarburants.6 Autrement dit, cela représenterait un phénomène d’accaparement de terres équivalent à 1096 fois le projet d’Addax Bioenergy en Sierra Leone.7

(Le tableau 1 fournit une liste de 292 cas d’accaparement des terres qui touchent le monde entier et ont été rapportés entre 2002 et 2012, soit une superficie de 17 millions d’hectares. Dans tous les cas, les investisseurs avaient ouvertement annoncé leur intention de produire des biocarburants.)

L’Europe est le moteur principal de l’accaparement des terres pour la production de biocarburants, parce qu’elle importe une grande partie des matières premières dont elle a besoin. C’est aussi en Europe que l’accroissement de la demande devrait être le plus fort au cours des dix années à venir.

Le mandat UE-27, une nouvelle proposition de la Commission européenne, fixe l’objectif de consommation de biocarburants à 40 Mtep (millions de tonnes d’équivalent pétrole) pour 2020. C’est pour fournir les matières premières nécessaires à cette production que les peuples des pays du Sud sont déplacés en masse et privés de leurs terres.

Les entreprises et les gouvernements européens se sont efforcés de faire face aux critiques en proposant divers critères pour définir des “biocarburants durables”. Tout récemment, en octobre 2012, la Commission européenne a publié une proposition pour limiter la part des cultures alimentaires dans son objectif d’énergies renouvelables pour le domaine des transports. Selon cette proposition, les États doivent s’assurer que les biocarburants issus de cultures alimentaires ne constituent pas plus de la moitié de l’objectif total de 10 pour cent ; le reste des biocarburants doit provenir de sources non alimentaires.

Cependant, toutes les campagnes, les négociations et les critiques n’ont guère réussi à modérer la hausse de la consommation de biocarburants en Europe. L’Union européenne (UE) n’a fait que quelques gestes symboliques pour masquer d’une couche de vert la brutalité de l’accaparement des terres que provoque cette consommation partout dans le monde.

L’Europe continue à s’emparer des terres pour produire ses biocarburants

Dans l’univers des biocarburants, les trois marchés importants sont les États-Unis, l’UE et le Brésil. À eux trois, ils représentent 80 pour cent de la consommation mondiale de biocarburants et cette réalité n’est pas près de changer.8 (voir Encadré 1)

Parmi ces trois marchés, l’UE est le seul qui dépend très largement des importations, tant pour la matière première (les cultures qui seront utilisées pour la production de biocarburants) que pour l’alimentation, pour remplacer les oléagineux européens détournés pour produire des biocarburants. En 2008, l’UE a importé près de 41 pour cent de ses besoins en matières premières nécessaires à la fabrication des biocarburants.9

La dernière proposition de la Commission européenne stipule que d’ici 2020, les biocarburants issus de cultures alimentaires devront constituer cinq pour cent de la consommation européenne de carburants destinés aux transports.10 Compte tenu de la hausse générale des carburants destinés aux transports attendue en Europe, cela correspondra à 21 Mtep de biocarburants, dont la plus grande partie sera constituée de biodiesel à base d’oléagineux ou d’huile de palme.11 Les cultures d’oléagineux servant à fabriquer le biodiesel en Europe ont un rendement situé entre 0,8 et 1,2 tep par hectare. Si l’on prend une moyenne de 1 tep par hectare, cela signifierait que l’UE devrait consacrer 21 millions d’hectares à la production des biocarburants pour pouvoir satisfaire la demande prévue pour 2020 aux taux de rendement actuels. Ce serait pratiquement le double de la superficie totale occupée par les oléagineux en Europe en 2012, ou encore l’équivalent de la totalité des terres arables d’Italie ajoutées à celles d’Espagne.

Il ne fait aucun doute que l’UE devra aller chercher ailleurs une proportion croissante de ses biocarburants pour pouvoir atteindre ses objectifs.

Des plantations, des plantations et encore des plantations

L’huile de palme bon marché est la solution de remplacement la plus évidente. Sous les tropiques, les plantations de palmiers à huile produisent quatre fois plus de biodiesel par hectare que les oléagineux européens. Une superficie de 5,5 millions d’hectares de plantations de palmiers à huile suffirait à satisfaire la totalité de la demande européenne de biodiesel à base de cultures alimentaires à l’horizon de 2020.

Toutefois, l’établissement de ces plantations n’est pas tâche aisée. En Malaisie, Sime Darby, le plus gros producteur mondial d’huile de palme, a passé des dizaines d’années à élargir la taille de ses plantations exploitées pour arriver à un total de 500 000 ha. Pour importer assez d’huile de palme pour couvrir l’objectif européen de cinq pour cent de biofuels basés sur des cultures alimentaires en 2020, il faudrait créer une douzaine de nouvelles entreprises de la taille de Sime Darby.12

 


Encadré 1 : Au-delà des trois grands

En plus de ceux qui concernent l’UE, le Brésil et les États-Unis, il existe actuellement des mandats dans au moins 27 pays différents (voir le tableau 2 : Mandats pour les biocarburants dans le monde). Si ces mandats étaient mis en application, le marché mondial des biocarburants atteindrait, selon Biofuels Digest, 227 milliards de litres en 2020, une augmentation conséquente par rapport aux prévisions de 172 milliards de litres de l’OCDE.

Les mandats étaient une réponse politique à une combinaison de facteurs : des prix pétroliers élevés, des investisseurs étrangers prêts à investir et des espérances insensées concernant des plantes comme le jatropha. Mais la justification politique et économique de la promotion des biocarburants, qui n’a jamais été très solide, est devenue encore plus fragile et pour la plupart des gouvernements du Sud, les mesures visant à encourager la consommation nationale de biocarburants n’existent que sur le papier ; et la situation n’est pas près de changer. Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères a dit ouvertement à ses homologues des États du Golfe que son pays, pourtant l’un des grands producteurs de biocarburants émergents, laisserait tomber les biocarburants si ses partenaires exportateurs de pétrole « l’aidaient à assurer la stabilité et l’accessibilité des prix de l’énergie. »1

Il existe toutefois un second niveau de producteurs de biocarburants importants, dont la production nationale dépasse ou devrait éventuellement dépasser le milliard de litres par an. Il s’agit de l’Argentine, du Canada, de la Chine, la Colombie, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande, dont l’ensemble constitue 18 pour cent du marché mondial des biocarburants.

Certains de ces pays, en particulier l’Argentine, l’Indonésie et la Malaisie, produisent à la fois pour leur propre marché intérieur et pour l’exportation. Mais leur capacité à exporter des biocarburants plutôt que des cultures destinées à la production de biocarburants, restera limitée parce que la politique des grands marchés (UE, États-Unis et Brésil) est de fabriquer les biocarburants sur le territoire national et de permettre ainsi aux multinationales de garder la mainmise sur les ressources nationales aussi bien que les ressources importées. (voir Encadré 3)

Les grands marchés potentiels, la Chine et l’Inde, sont limités par leurs préoccupations de sécurité alimentaire. La Chine a interdit de poursuivre la construction d’usines d’éthanol utilisant des céréales et est en train d’explorer les possibilités de développer des cultures non céréalières sur des terres marginales, sans grand succès jusqu’à présent. L’Inde s’abstient également de toucher à sa production de céréales. Les objectifs nationaux de production d’éthanol se concentrent sur la canne à sucre, tandis que les objectifs de production de biodiesel s’appuient sur le jatropha, mais ces deux types de tentative n’ont permis qu’une production vraiment très limitée. Au vu de la situation, les entreprises des deux pays ont été encouragées à aller chercher à l’étranger des possibilités de production de biocarburants.

L’une des principales entreprises chinoises impliquées dans le développement de la production de biocarburants hors de son territoire est le China National Complete Import and Export Corporation Group (COMPLANT). Ce groupe a fonctionné comme bureau d’aide étrangère pour la Chine jusqu’en 1993. S’il négocie aujourd’hui à la bourse de Shenzhen, son actionnaire majoritaire reste la State Development & Investment Corporation, la plus grande holding d’investissement chinoise appartenant à l’État.

En 2010, une filiale de COMPLANT, Hua Lien International, a annoncé son intention d’établir avec COMPLANT et le Fonds de développement Chine-Afrique (5 milliards de dollars US) une société en participation, afin de mettre en place des projets de production d’éthanol dans divers pays africains. Les trois entreprises prévoient de lancer leur joint venture au Bénin et d’étendre leurs activités à d’autres pays dans les années à venir. La nouvelle société s’appuiera sur les nombreux investissements réalisés récemment par COMPLANT dans la production de canne à sucre et de manioc : une plantation de 18 000 ha en Jamaïque, un projet de 4 800 ha de canne à sucre et de manioc au Bénin, une plantation de 1 320 ha de canne à sucre avec sa sucrerie en Sierra Leone (COMPLANT a aussi déclaré en 2006 son intention d’étendre ses terres sur 8 100 ha pour se lancer dans la production de manioc), et une société en participation avec Kenana Sugar au Soudan le long du Nil blanc, qui est censée produire le chiffre énorme de 500 000 tonnes de sucre et d’éthanol par an. À Madagascar, COMPLANT gère la sucrerie SUCOMA depuis 1997 et en 2008, dans le cadre d’un contrat de gestion sur vingt ans, il a pris la direction de la raffinerie de sucre SUCOCOMA appartenant à l’État, ce qui lui donne tout contrôle sur une superficie de 10 000 ha pour y produire de la canne à sucre. COMPLANT et la Banque chinoise de développement participent aussi à la construction d’une grande raffinerie de sucre et d’une plantation très controversées dans la région nord-est de l’Afar en Éthiopie.

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1 Déclaration du coordonnateur ACD par son Excellence M. Tovichakchaikul Surapong, ministre des Affaires étrangères du Royaume de Thaïlande, à la réunion ministérielle de la Dialogue sur la coopération en Asie, Koweït City, le 14 Octobre 2012

Le palmier à huile ne pousse que dans les zones tropicales proches de l’Équateur, ce qui limite grandement les possibilités d’expansion.13 L’Indonésie continue à offrir les meilleures possibilités d’expansion, mais les deux tiers des nouvelles plantations sont arrachées aux forêts tropicales.

Plus récemment, les forêts et les terres agricoles d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest ont attiré les convoitises des planteurs. Sime Darby poursuit le développement de ses plantations sur une énorme concession obtenue au Liberia, ce qui va déplacer des milliers de personnes et les priver de leurs terres et de leurs ressources en eau. Quinze mille personnes ont déjà été affectées par l’opération initiale de déboisage de 10 000 ha14 et les communautés locales ont juré d’empêcher l’entreprise d’accéder à leurs terres.15

Dans les jungles du Gabon, l’entreprise singapourienne Olam prévoit de consacrer 236 millions de dollars US au déboisage de 50 000 ha de forêt pour y établir une plantation de palmiers à huile au cœur d’une concession accordée par le gouvernement.16

Le mandat européen de 2020 sur les cinq pour cent de biocarburants à base de cultures alimentaires susciterait une demande telle qu’elle nécessiterait la création d’au moins une centaine de plantations de palmiers à huile de la taille du projet Olam.

L’autre grande culture importée dans l’UE pour y fabriquer des biocarburants est le soja. Le plus gros de toute production supplémentaire pour 2020 viendrait le plus probablement d’Argentine et d’autres pays du Cône Sud de l’Amérique latine. Mais le rendement du soja est loin d’être aussi élevé que celui du palmier à huile : il n’est que de 0,31 tep de biodiesel par hectare.17 Il faudrait, pour remplir l’objectif européen des cinq pour cent de biocarburants à base de cultures alimentaires en 2020 en n’utilisant que du soja, planter quelque 70 millions d’hectares en Amérique latine. Or, le Brésil a lui aussi son propre mandat 2014 concernant les biocarburants, ce qui implique de produire du soja sur 10 millions d’hectares.18 Pour avoir un élément de comparaison, il faut savoir que le Brésil et l’Argentine consacrent actuellement une superficie d’environ 45 millions d’hectares à la production du soja.

Il ne faut pas oublier non plus la question des cinq pour cent restants. Les nouvelles directives de la Commission européenne stipulent qu’ils doivent provenir de cultures non alimentaires.19 La plupart de ces options non alimentaires, cependant, sont encore très loin de pouvoir faire l’objet d’une production commerciale à grande échelle et ont peu de chances d’être prêtes d’ici 2020 (voir Encadré 2). L’une des rares options économiquement viables qui pourrait satisfaire les besoins de la directive de l’UE est le jatropha.

Une nouvelle vie pour le jatropha

L’investissement dans la production de jatropha a connu une forte phase d’expansion au milieu des années 2000. On le présentait comme une plante miracle pouvant être cultivée sur des terres marginales sans nécessiter beaucoup d’intrants et qui allait produire en abondance l’huile nécessaire à la fabrication des biocarburants. Nombre d’entreprises et de programmes gouvernementaux furent alors lancés, mais il fallut rapidement regarder la réalité en face : cette plante était comme toutes les matières premières agricoles. Autrement dit, pour obtenir des rendements élevés, suffisants au moins pour rentabiliser les grands projets, elle avait besoin de beaucoup d’eau, de sols corrects et d’une bonne quantité d’engrais.20

 


Encadré 2 : Pas d’alternative en vue pour les biocarburants de première génération

Les biocarburants devaient en principe contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des transports et cette justification fait partie intégrante de nombreux mandats. Jusqu’à présent toutefois, cela ne s’est pas vérifié. Les réductions de GES permises par la première génération de biocarburants disparaissent quand on tient compte des changes indirects d’affectation des terres liés à la production des cultures destinées aux biocarburants.1

L’espoir que les biocarburants puissent réellement contribuer à réduire les émissions de GES repose désormais sur le développement des biocarburants de deuxième et troisième générations qui présenteront un bilan carbone plus neutre et ne seront pas en concurrence pour les terres avec les cultures alimentaires. L’UE et les États-Unis ont introduit dans leur politique sur les biocarburants diverses incitations et subventions qui sont censées stimuler le développement de ces biocarburants dits avancés.

L’éthanol cellulosique fabriqué à partir d’herbe, de copeaux de bois ou de paille, devait être le premier biocarburant avancé disponible. Mais les entreprises n’ont pas réussi à trouver de moyen efficace et rentable de casser la cellulose qui permette une production à grande échelle. L’Agence de protection de l’environnement (EPA) américaine a par conséquent été obligée à plusieurs reprises de déroger à son mandat pour l’utilisation d’éthanol cellulosique (1,9 milliard de litres en 2012 et près de 4 milliards en 2013) par manque d’approvisionnement. Signe des temps probablement, British Petroleum (BP) a annulé en octobre 2012 ses plans de construction de ce qui devait être la plus grande usine d’éthanol cellulosique du monde.2 Les entreprises américaines préfèrent se tourner vers les importations de sucre du Brésil, puisque ce dernier rentre dans la catégorie des « biocarburants avancés » selon la législation américaine.

Actuellement, le seul succès allant dans le sens d’une production commerciale de biocarburants est la technique connue sous le nom d’hydrotraitement des lipides qui produit du diesel et du kérosène. Mais les usines qui appliquent cette technique dépendent des graisses animales, ce qui présenterait des contraintes d’approvisionnement majeures si l’échelle de la production devait augmenter. Ces usines utilisent également de l’huile de palme, ce qui nous ramène aux problèmes des biocarburants de première génération. Plusieurs grandes usines de biobutanol, un autre « biocarburant avancé », sont prêtes à entrer en activité, mais elles aussi sont dépendantes de cultures nécessaires aux biocarburants de première génération, comme les céréales.3 D’autres alternatives comme les microalgues ont encore besoin de tests et restent bien trop chères pour arriver à une production commerciale d’ici 2020.4

Dans un avenir proche, les grands marchés de biocarburants vont donc continuer à s’approvisionner en carburants de première génération. Pour une réduction des émissions de GES minime, voire inexistante, le monde s’achemine vers toutes sortes de problèmes pour les ressources alimentaires et les communautés rurales.

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2 Kevin Bullis, "BP Plant Cancellation Darkens Cellulosic Ethanol’s Future," MIT Technology Review, 2 November 2012

3 Tristan Brown, "Summer 2012 State Of The Advanced Biofuels Industry : Hydrocarbons Lead The Way," Seeking Alpha, 13 August 2012

4 IEA Bioenergy Task 40 Sustainable International Bioenergy Trade, "The potential role of biofuels in commercial air transport- biojetfuel," (pdf)

 

En décembre 2012, on comptait plus de 130 cas d’accaparement de terres liés à la production de jatropha, ce qui représentait plus de neuf millions d’hectares dans le monde (voir le tableau 3 : L’accaparement des terres lié à la culture du jatropha, 2002-2012).

Il semblait peu probable que beaucoup de ces projets soient réalisables un jour. Mais la nouvelle proposition de la Commission européenne pourrait bien changer la donne en ouvrant un immense nouveau marché pour les biocarburants issus de cultures non alimentaires, ce qui permettrait au jatropha de ne pas avoir à faire face à la concurrence d’alternatives plus productives comme le palmier à huile.

Le jatropha n’a pas été à la hauteur des espoirs insensés qu’il avait suscités, mais les biocarburants de 2è et 3è générations sont encore loin d’être au point (Photo : CIFOR)

Le jatropha n’a pas été à la hauteur des espoirs insensés qu’il avait suscités, mais les biocarburants de 2è et 3è générations sont encore loin d’être au point (Photo : CIFOR)

Combien de terres faudrait-il donc pour respecter la moitié du mandat que l’Europe réserve pour 2020 aux cultures non alimentaires ? Il est difficile de donner des chiffres précis, car le rendement du jatropha varie considérablement selon les conditions de culture. Mais si nous prenons les données du Brésil où le jatropha est cultivé dans des plantations exploitées et obtient un rendement relativement élevé (1,01 tep/ha de biodiesel), il faudrait 21 millions d’hectares.21 Et ce chiffre pourrait aisément doubler si la production est étendue à des terres moins fertiles, comme l’envisagent les promoteurs du jatropha.

Au cours des six dernières années, la vague d’accaparement des terres pour la culture du jatropha a été proprement scandaleuse, en particulier en Afrique : 235 000 ha au Ghana, 700 000 ha en Guinée, 550 000 ha au Kenya et la liste est loin d’être complète (voir le tableau 3). Les propositions de la Commission européenne pourraient facilement provoquer une deuxième vague d’accaparement de la même ampleur ; les effets sur le terrain pourraient également s’aggraver à mesure que les nouveaux projets passent en phase de production.

Les pertes pour les populations risquent d’aller bien au-delà de la perte de leurs terres. Le jatropha a en effet besoin, pour produire un rendement élevé, de beaucoup d’eau. Selon les études disponibles, le jatropha nécessite entre 3 213 et 778 025 litres d’eau pour produire un litre de biodiesel. Par comparaison, il faut environ 1 000 litres d’eau pour produire un kilo de blé.22

Pour ces communautés qui ont perdu leurs terres et leur accès à l’eau parce que leurs terres étaient convoitées pour produire des biocarburants, savoir que ces terres seront consacrées à des cultures non alimentaires comme le jatropha ou à des cultures alimentaires comme le soja ne fait aucune différence.

Pas de place pour les biocarburants « durables »

Au Guatemala, les plantations destinées aux biocarburants consacrent à l’irrigation une bonne partie des ressources en eau disponibles. (Photo : Richard Perry/The New York Times)

Au Guatemala, les plantations destinées aux biocarburants consacrent à l’irrigation une bonne partie des ressources en eau disponibles. (Photo : Richard Perry/The New York Times)

Devant la montée des critiques concernant les biocarburants, la Commission européenne et les producteurs de biocarburants européens font semblant de réguler le marché et tentent de déguiser les biocarburants en produits « durables ». Selon la directive européenne, les biocarburants doivent respecter les critères de durabilité approuvés par la Commission pour pouvoir contribuer aux objectifs nationaux obligatoires d’énergies renouvelables ou pour obtenir le soutien des gouvernements.

À ce jour, la Commission européenne a approuvé 12 projets volontaires venant d’organismes tels que la Table ronde sur le soja responsable et la Table ronde sur l’huile de palme durable, deux organismes dominés par les grandes entreprises et qui consacrent tous leurs efforts à l’expansion de la monoculture du soja et du palmier à huile.23 Ceci montre bien les limites des critères de durabilité. Les directives de la Commission européenne ne tiennent aucun compte des effets sociaux ; quant aux effets environnementaux, seuls les changements directs d’affectation des sols, comme le déboisage, sont pris en considération, mais pas les changements indirects dans les cas où les terres agricoles et l’accès à l’eau sont affectés par la production de cultures destinées à la fabrication de biocarburants.24 L’une des études sur les changements indirects d’affectation des sols dus aux biocarburants est parvenue à la conclusion que les objectifs de biocarburants de l’UE auraient pour résultat de convertir jusqu’à sept millions d’hectares d’écosystèmes naturels en terrains agricoles.25

Malgré tous les rapports et études mandatés par la Commission elle-même et qui montrent l’importance des changements indirects d’affectation des sols pour comprendre l’impact des biocarburants, la Commission a décidé d’exclure les changements indirects de sa proposition d’octobre 2012 et de repousser toute prise de décision jusqu’à 2017, date à laquelle elle promet d’avoir étudié les preuves scientifiques.26

 

Encadré 3 : Les entreprises européennes exportent l’accaparement des terres, mais importent les bénéfices

L’avenir de l’Europe dans le secteur des biocarburants trouve sa parfaite illustration à Rotterdam. Le plus grand port européen est en effet une plaque tournante pour une grande partie des matières premières agricoles et des carburants destinés aux transports que les entreprises européennes se procurent dans le monde entier. Près d’un tiers de toutes les importations européennes d’huile de palme passent ainsi par Rotterdam.1 Il n’est donc pas surprenant que les plus grands noms de l’industrie européenne des biocarburants s’y installent.

En-tête, on trouve Neste Oil, l’entreprise pétrolière de l’État finlandais. En 2011, Neste a terminé à Rotterdam la construction d’une usine de diesel renouvelable qui doit produire un minimum de 900 millions de litres par an, sur la base d’au moins 50 % d’huile de palme. Cette usine de diesel renouvelable est la deuxième au monde, juste après celle de Neste Oil à Singapour, une usine qui transforme également de l’huile de palme en diesel pour l’exporter vers l’Europe.

À-côté de l’usine de Neste Oil de Rotterdam, une immense usine d’éthanol appartenant au producteur d’énergie espagnol Abengoa. Au cours des dernières années, Abengoa a massivement investi dans la production d’éthanol en Europe, aux États-Unis, au Brésil, et tout récemment, en Uruguay. Son usine de Rotterdam constitue le pivot qui relie la production mondiale d’Abengoa au marché européen, où les importations d’éthanol sont en hausse. En 2009, un tiers de l’éthanol importé par Rotterdam provenait du Brésil.

Le suisse Glencore, deuxième groupe de négoce de matières premières agricoles d’Europe, possède deux usines de biodiesel à Rotterdam qui disposent d’une capacité totale de 740 millions de litres par an. Rotterdam est le premier port d’entrée pour le biodiesel à base de soja et grâce à une société en participation avec deux des principaux triturateurs de soja argentins, Glencore est à la fois le plus grand producteur et exportateur de biodiesel argentin, la première source des importations européennes de biodiesel à base de soja.2

Glencore est non seulement actif dans le négoce des matières premières agricoles mais est également capable de les produire dans ses propres exploitations d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud et d’Australie. La place qu’il occupe souligne toute l’importance de l’intégration verticale qui prévaut dans cette industrie. Les entreprises européennes de biocarburants cherchent de plus en plus à contrôler la production à tous les niveaux, y compris les cultures elles-mêmes. Ainsi, Shell et BP ont dépensé des millions d’euros pour acheter des plantations de canne à sucre et des sucreries au Brésil pour pouvoir produire de l’éthanol. Louis Dreyfus, le géant français des matières premières, achète lui aussi des terres agricoles et des plantations de canne à sucre en Amérique du Sud afin d’approvisionner ses usines d’éthanol et de biodiesel.

La demande européenne en biocarburants alimente une ruée mondiale pour prendre le contrôle des régions où il est possible de produire à bon marché les cultures qui serviront aux biocarburants. À ce jour, ce sont les Européens qui sont en-tête, aidés très souvent financièrement par leurs gouvernements. Les entreprises européennes sont responsables d’un tiers de tous les cas d’accaparement des terres destinés à la production de biocarburants qui ont été rapportés depuis 2002 (voir le tableau 1).

L’une des entreprises en question est Tozzi Renewable Energy. Le 16 novembre 2012, des représentants de neuf villages ont organisé une conférence de presse dans la ville d’Antananarivo, à Madagascar, pour dénoncer l’entreprise italienne, l’accusant de s’être emparée de leurs terres pour pouvoir établir sa plantation de jatropha sur 100 000 ha.

« Nous autres, petits paysans, sommes obligés de partir, parce que des hommes armés sont venus nous déloger de nos terres, » ont-ils expliqué aux journalistes.3

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2 Judith Taylor, "EU biodiesel producers eye growing Argentina exports,’ ICIS.com, 13 October 2009 ; "Vicentin and Glencore build a new biodiesel plant in Santa Fe," Cronista.com, 23 January, 2008.

Le débat sur la « durabilité » ne doit pas masquer la réalité : il est tout simplement impossible de développer suffisamment de cultures destinées à produire des biocarburants sans déplacer des communautés, sans restreindre la production alimentaire et sans massacrer des forêts. Coller l’étiquette « durable » sur certaines des ressources utilisées ne changera rien à l’équation.

Donner la priorité au carburant sur la nourriture

Outre l’accaparement des terres, la flambée de la demande en biocarburants a eu une autre conséquence grave qui a suscité davantage d’attention, à savoir son impact sur les prix alimentaires. Les biocarburants consomment plus du tiers de la production de céréales secondaires des États-Unis, le premier exportateur mondial, et 80 pour cent de la production d’oléagineux de l’UE, le plus gros importateur mondial. C’est ce qui explique en partie pourquoi les stocks mondiaux de céréales et d’oléagineux n’ont jamais été si bas. L’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a qualifié les biocarburants de « source la plus importante de nouvelle demande de produits agricoles ces dernières années » et déclaré qu’il constituaient un nouveau « paramètre du marché qui affecte le prix de toutes les céréales. »

Face à cette nouvelle flambée des prix alimentaires, des experts appartenant à des agences de haut niveau comme la FAO ou l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement économiques) appellent aujourd’hui à mettre fin aux réglementations - connues sous le nom de mandats - imposant d’incorporer un certain pourcentage de biocarburants dans les carburants destinés aux transports. Certains poids-lourds de l’industrie alimentaire eux-mêmes, qui doivent faire face à la concurrence des producteurs de biocarburants, partagent cet avis.

« [L’utilisation des biocarburants] partait d’une bonne intention à, mais une fois mieux informés, il faut être cohérents, » a déclaré Paul Bulcke, le PDG de Nestlé. « Ce que nous disons, c’est pas de nourriture pour des carburants. »

Selon les estimations les plus sérieuses, la demande alimentaire aura augmenté de 70 à 100 pour cent d’ici 2050.27 Et les conditions dans lesquelles le monde va devoir faire face à cette demande seront beaucoup plus difficiles. La superficie des terres arables a déjà diminué de 0,41 à 0,21 hectare par habitant depuis 1960 et ces terres sont de plus en plus dégradées ; quelque 25 pour cent des terres agricoles dans le monde sont aujourd’hui considérées comme sévèrement dégradées. Le changement climatique fera encore empirer les choses, faisant passer la totalité des zones « touchées par des sécheresses extrêmes// touchées par la sécheresse » de 15,4 pour cent des terres actuellement cultivées dans le monde à 44 pour cent d’ici 2100.

Il deviendra également difficile d’augmenter les rendements sur les terres disponibles. La FAO affirme que l’accroissement qu’a connu le monde jusqu’ici dans la production agricole n’est pas soutenable et elle prédit que la croissance ralentira d’un tiers dans les dix années à venir. D’autres études suggèrent qu’avec le changement climatique, la production agricole mondiale pourrait baisser de façon dramatique, de 15 à 25 pour cent !28

L’eau est également un problème majeur. L’agriculture est responsable de 70 pour cent de la consommation d’eau mondiale. Mais l’épuisement des ressources hydriques et la concurrence des autres utilisations, l’industrie et l’urbanisation par exemple, réduiront la part de l’agriculture dans cette consommation : l’agriculture ne devrait plus représenter que 45 pour cent du total d’ici 2050. Il sera difficile, dans de telles conditions, d’arriver à garantir la production nécessaire à l’alimentation de la planète.

Si l’on ajoute à ce scénario les objectifs actuels en matière de biocarburants, c’est la famine assurée pour de nombreuses communautés. Prenons l’exemple d’Addax : ce projet de production de canne à sucre, à lui seul, doit utiliser 26 pour cent des eaux du plus grand fleuve de Sierra Leone durant les mois les plus secs, de février à avril. L’impact du scénario prévu pour les biocarburants serait mille fois plus lourd.

La justification politique et économique du boom des biocarburants n’a jamais été très convaincante : les mesures comme le mandat de la Commission européenne ont été une réaction politique à un contexte de prix pétroliers élevés, d’abondance de capitaux et d’espoirs démesurés concernant des plantes comme le jatropha. Les biocarburants étaient également censés être un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais la production actuelle des biocarburants n’a pas permis de réduire les émissions et les carburants de génération ultérieure sont loin d’être au point.

Il est clairement irresponsable d’utiliser les terres agricoles et les ressources en eau si précieuses pour notre planète pour produire du carburant pour nos voitures. Et ce d’autant plus que les terres en question sont souvent occupées par les communautés dont le système alimentaire peut justement servir de modèle au reste du monde pour inverser la crise environnementale générée par notre dépendance aux énergies fossiles. Ces communautés et les systèmes alimentaires qu’elles font vivre ne sont pas renouvelables.

Quelques mesures toute simples peuvent faire une énorme différence, en particulier dans l’Union européenne : Il faut abandonner les efforts visant à « réguler » les biocarburants et arrêter les mandats et les subventions accordées à l’industrie. Sans ces béquilles, la demande en biocarburants devrait diminuer considérablement et cela permettrait de soulager les pressions sur la terre et sur l’eau qui perturbent tant de communautés rurales dans le monde.

Pour aller plus loin :

Bread for All, "Land grabbing : the dark side of ’sustainable’ investments", Novembre 2011.  Voir aussi le résumé en français de Pain pour le prochain,

Anders Dahlbeck, avril 2005 : “Pourquoi l’Europe doit abandonner sa politique en faveur des agrocarburants industriels" (pdf)

FOE, ActionAid, Greenpeace, Oxfam, Save the Children, RSPB, "Joint recommendations on the EC proposal on Indirect Land Use Change (ILUC) from biofuels" (pdf)

Winfridus Overbeek, Markus Kröger and Julien-François Gerber, "An overview of industrial tree plantations in the global South. Conflicts, trends and resistance struggles," EJOLT, June 2012

Les Levidow, "EU criteria for sustainable biofuels : Accounting for carbon, depoliticising plunder," Geoforum 44 (2013) 211–223.

ETC Group, "Qui contrôlera l’économie verte ?", novembre 2011

Oxfam, "Les semences de la faim – La politque de soutien de l’Europe aux agrocarburants : vers un scénario catastrophe," septembre 2012

Les Amis de la Terre & Basta ! "Huile de palme : vivre ou conduire, il faut choisir. Etude de cas de Sime Darby au Liberia," 2012 (pdf)

 


 

1 Entretien avec Joan Baxter à l’occasion de la Farmers’ Conference organisée par Green Scenery et le Sierra Leone Right to Food Network, Freetown, avril 2012.

2 Tommaso Ebhardt & Lauren van der Westhuizen, "Italian Investor’s Biofuel Project Sparks Kenyan Opposition," Bloomberg, 4 August 2010

4 Down To Earth Indonesia, "The Land of Papua : A continuing struggle for land and livelihoods," 16 November 2011, Jane Monahan , "Afro-Colombians fight biodiesel producers," BBC, 21 December 2008

6 Selon le PNUE, 35,7 millions ha ont été utilisés pour la production de biocarburant en 2008. Le PNUE prévoir un chiffre légèrement supérieur de 80 millions ha en 2020, soit une augmentation de 44,3 millions d’ha par rapport à 2008. Certaines études vont jusqu’à 116 millions ha en 2020, voire 1 668 millions ha d’ici 2050. Voir le rapport du PNUE : “Vers la production et l’utilisation durables des ressources : évaluation des biocarburants," 2009 (pdf)

7 Le projet d’Addax est censé produire annuellement 83 millions de litres d’éthanol destinés à l’exportation sur une superficie de 10 000 ha.

10 Ce chiffre pourrait dépasser les 5%. La proposition de la Commission ne concerne que ce que les États-membres peuvent inclure dans la cible de 10 % mais ne fixe pas de plafond pour une production ou une consommation de biocarburants à base de cultures alimentaires.

11 Final Energy Demand EU-25, Mtoe : Transport : 1990- 273.6 ; 2000- 333.1 ; 2010- 388.6 ; 2020- 428.5 ; 2030- 449.8 (Source PRIMES, ACE).

12 Sime Darby avait 472 156 ha de plantations de palmiers à huile bien établis en activité. Voir : http://www.simedarby.com/Operational_Statistics.aspx

13 UNEP, "Oil Palm Plantations," 2011 (pdf)

16 Compte-rendu (en anglais) d’Olam à la RSPO (Table ronde pour l’huile de palme renouvelable) (pdf)

17 Données du Brésil Brazil. See : David M. Lapola et al., "Indirect land-use changes can overcome carbon savings from biofuels in Brazil," PNAS, January 2010

19 Les États-membres ne peuvent pas incorporer plus de 5 % de biocarburants ou de liquides issus de “céréales, d’autres cultures riches en amidon , de sucres ou d’oléagineux”.

22 IEA Bioenergy Task 40 Sustainable International Bioenergy Trade, "The potential role of biofuels in commercial air transport- biojetfuel," September 2012 (pdf)

24 La Commission européenne est toutefois obligée de faire son rapport tous les deux ans sur la durabilité de ses politiques en matière de biocarburants, à partir des effets déjà observés. Voir : Anders Dahlbeck, “Pourquoi l’Europe doit abandonner sa politique en faveur des agrocarburants industriels,"ActionAid, avril 2005 (pdf)

26 Les producteurs sont obligés de rapporter les émissions liées aux changements indirects d’affectation des sols, mais les chiffres des émissions ne sont pas pris en compte pour déterminer si telle ou telle matière première destinée aux biocarburants satisfait aux critères de durabilité de la Commission. La principale étude d’évaluation d’impact mandatée par l’UE sur les effets des changements indirects d’affectation des sols dus aux biocarburants se trouve ici : http://ec.europa.eu/energy/renewables/biofuels/land_use_change_fr.htm

27 Potsdam Institute for Climate Impact Research and Climate Analytics, "Turn Down the Heat : Why a 4°C Warmer World Must be Avoided", a report for the World Bank, November 2012 (pdf)

28 Voir l’article de GRAIN, "Le système alimentaire international et la crise climatique," octobre 2009

29 Statement of ACD Coordinator by His Excellency Mr. Surapong Tovichakchaikul, Minister of Foreign Affairs of the Kingdom of Thailand, at the Asia Cooperation Dialogue Ministerial Meeting, Kuwait City, 14 October 2012

31 Kevin Bullis, "BP Plant Cancellation Darkens Cellulosic Ethanol’s Future," MIT Technology Review, 2 November 2012

33 IEA Bioenergy Task 40 Sustainable International Bioenergy Trade, "The potential role of biofuels in commercial air transport- biojetfuel," (pdf)

35 Judith Taylor, "EU biodiesel producers eye growing Argentina exports,’ ICIS.com, 13 October 2009 ; "Vicentin and Glencore build a new biodiesel plant in Santa Fe," Cronista.com, 23 January, 2008.

 

 


Voir en ligne : Il faut arrêter d’accaparer les terres pour produire des biocarburants

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