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Je n’ai (presque) rien contre l’UFC-Que Choisir

Fabrice Nicolino | fabrice-nicolino.com | lundi 11 mars 2013

lundi 11 mars 2013



Je n’ai (presque) rien contre l’UFC-Que Choisir
Fabrice Nicolino | fabrice-nicolino.com | lundi 11 mars 2013

Sans le hasard d’une conversation téléphonique - Hervé B. se reconnaîtra peut-être -, je n’aurais rien su d’Olivier Andrault. Et je précise de suite que je n’ai rien de personnel contre cet homme que je ne connais aucunement. Il est peut-être, il est sans doute une excellente personne, et même si les mots qui suivent risquent de le blesser, je tenais à cette précaution. Mais commençons, ce sera plus clair.

J’ai écrit en 2009, on finira par le savoir, le livre Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde (LLL, puis en poche chez Babel). Chemin faisant, je me suis posé quantité de questions, dont certaines concernant l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Je me demandais régulièrement ce qui était arrivé à cette structure qui menait tant de beaux combats dans les années 70 du siècle passé. En 1980, l’UFC avait lancé un retentissant boycott du veau aux hormones, qui avait fait plier l’industrie de la viande. Et puis de moins en moins d’actions authentiques. Et puis à peu près rien. Je reconnais que cette involution a été parallèle à celle de la société tout entière, passée sans transition des bagarres de l’après-68 au calme plat des années mitterrandiennes.

En tout cas, je m’interrogeais. Et quand a éclaté le soi-disant « scandale de la viande de cheval », j’ai de nouveau été étonné de l’impressionnant silence de l’UFC. Certes, elle a dû publier des communiqués, je n’en doute pas. Mais à part ce service on ne peut plus minimum ? J’en étais là jusqu’au coup de fil de cet après-midi. Mon interlocuteur, très critique sur l’état de l’UFC, m’a signalé l’existence d’Olivier Andrault. Qui est-il ? Vous irez voir si vous le souhaitez l’un de ses articles publiés sur le site du très libéral Atlantico (ici). Ma foi, d’un côté, il a certes bien le droit. Mais d’un autre, sa courte biographie, proposée sous sa photo, m’a aussitôt fait sursauter.

Je vous la livre in extenso : « Olivier Andrault est ingénieur en agro-alimentaire. Il est chargé de mission “agriculture et alimentaire” pour l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Il effectue aussi des missions pour Programme national nutrition santé, pour le Ministère de l’Agriculture et de la pêche, où il travaille pour l’amélioration nutritionnelle des aliments. Il fait aussi parti du groupe d’orientation de l’observatoire de la qualité de l’alimentation ». Ce qui me cloue vraiment sur place, c’est la bonhomie avec laquelle Olivier Andrault présente ses activités. Il bosse à la fois pour le ministère de l’Agriculture industrielle, coresponsable majeur du désastre général, pour le Programme national nutrition santé, dirigé par le très contestable Serge Hercberg, que j’ai étrillé dans mon livre Bidoche, et pour l’UFC Que Choisir. Et pas, dans ce dernier cas, sur des questions annexes. L’agriculture et l’alimentation sont en effet au centre de notre monde.

Question légitime : quand éclate le soi-disant « scandale de la viande de cheval », où va la loyauté d’Olivier Andrault ? Au ministère, à Serge Hercberg ? Aux consommateurs ? Voyez-vous, le pire n’est pas encore là. Le pire est que ce mélange ahurissant des genres n’émeut personne, ne choque personne, ne provoque aucune mise en demeure de choisir clairement entre des intérêts parfaitement contradictoires. Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de Que Choisir ? C’est possible. Y a-t-il quelque chose de pourri dans notre manière de voir le monde et ses acteurs ? J’en suis sûr.


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