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"The Gatekeepers" : le film qui dérange Netanyahou

Danièle Kriegel | lepoint.fr | mardi 5 mars 2013

mardi 5 mars 2013

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"The Gatekeepers" : le film qui dérange Netanyahou
Danièle Kriegel | lepoint.fr | mardi 5 mars 2013

Danièle Kriegel, correspondante à Jérusalem.

Le documentaire diffusé mardi soir sur Arte regroupe les confessions de six anciens chefs du Shin Beth sur les dessous du conflit israélo-palestinien.


Dans "The Gatekeepers", six ex-patrons du Shin Beth racontent leur lutte contre le terrorisme palestinien mais aussi contre l'extrême droite religieuse juive.
Dans "The Gatekeepers", six ex-patrons du Shin Beth racontent leur lutte contre le terrorisme palestinien mais aussi contre l’extrême droite religieuse juive.
© Avner Shahaf/Irit Harel
/ Sipa


La droite israélienne n’a pas aimé le film. Face à la caméra : Avraham Shalom, Yaacov Peri, Avraham Dichter, Youval Diskin, Ami Ayalon, Carmi Gillon, six anciens "patrons" du Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, racontent pendant une heure et demie dans The Gatekeepers ("Les gardiens"), leur lutte contre le terrorisme palestinien mais aussi contre l’extrême droite religieuse juive. Une histoire secrète de trente ans qui débute avec l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, à la suite de la guerre des Six-Jours de 1967, et court jusqu’à fin 2011.

Entre répression au quotidien d’une population de plus en plus hostile, deux intifadas, la multiplication des attentats anti-israéliens avec en représailles les liquidations ciblées, exécutions sommaires, bavures, détentions administratives sans acte d’accusation ni procès, interrogatoires implacables et mise en place d’informateurs palestiniens. En parallèle, ils doivent également neutraliser un mouvement terroriste juif qui ira jusqu’à tenter de faire sauter le dôme du Rocher, sur le Haram El Sharif (l’esplanade des Mosquées en pleine vieille ville de Jérusalem, le mont du Temple pour les Israéliens juifs). Une lutte de l’extrême droite juive qui s’affichera au grand jour lors de l’assassinat d’Yitzhak Rabin, en novembre 1995, par Yigal Amir.

Mais le plus étonnant de la part de ces six "gardiens", au-delà de l’évocation sans fard de leurs échecs et de leurs succès, c’est le jugement qu’ils portent sur la politique des différents gouvernements qu’ils ont servis. "Uniquement de la tactique, jamais de stratégie", déclare Yaacov Peri, chef du Shin Beth entre 1988 et 1994. Pour Youval Diskin comme pour le plus ancien d’entre eux, Avraham Shalom, des batailles ont été gagnées, mais la guerre a été perdue. Autrement dit, Israël n’a pas su créer une situation politique meilleure. En conclusion, tous font le même constat : celui d’une désespérance politique qui ne pourra se résoudre qu’en parlant avec tout le monde : le Fatah, le Hamas, le Hezbollah et... Ahmadinejad. "Même s’ils répondent mal, il faut continuer à parler, il n’y a pas d’autres choix."

Feu aux poudres

Projeté l’été dernier au festival international du film de Jérusalem, ce documentaire réalisé par Dror Moreh est d’abord passé quasiment inaperçu. Arrive la fin de l’année et la décision de la cinémathèque de Jérusalem de le programmer. Très vite les séances ont lieu pratiquement à guichet fermé. On refuse du monde. Un succès dû au bouche-à-oreille et à quelques bonnes critiques. Mais il faudra attendre sa nomination aux Oscars pour que Israël confidential (The Gatekeepers pour la version anglaise) fasse vraiment du bruit. En moins d’un mois, plus de 50 000 Israéliens vont se précipiter dans les sept salles qui désormais assurent sa diffusion.

Les télés et les radios, nomination aux Oscars oblige, finissent par en parler et surtout font réagir les politiques. À droite, c’est glacial et unanime : un film "orienté", "tendancieux". À la présidence du Conseil, Benyamin Netanyahou laisse son porte-parole déclarer : "Le Premier ministre n’a pas vu le film et il n’a pas l’intention de le voir." Au lendemain de la cérémonie des Oscars, la droite fait des gorges chaudes du fait que Dror Moreh, le réalisateur du film, est reparti les mains vides. "Nous ne verserons pas une larme", dit-on en coeur... Quelques jours plus tard, Limor Livnat, la ministre de la Culture, met le feu aux poudres. Après avoir dénoncé "ces films qui salissent l’image d’Israël", elle appelle les réalisateurs à s’autocensurer. Les professionnels du cinéma lui répondent par une lettre ouverte dans laquelle ils rappellent que "le rôle du ministre de la Culture est de promouvoir l’art, pas de censurer" ! Si elle conserve son portefeuille, Limor Livnat a annoncé son intention de changer la composition de la commission d’attribution des subventions aux projets cinématographiques.




The gatekeepers par ARTEplus7


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Messages

  • Je pense que tout cela est complètement fabriqué, je veux parler de l’ire des gouvernants israéliens.
    Pour avoir vu le film, j’ai trouvé que c’était une œuvre de propagande pour l’état d’Israël, certes très habile, et qui renforce l’affirmation, toujours aussi mensongère, qu’Israël est une très grande démocratie, la seule bien entendu de la région, puisque de tels films y sont tournés et produits.
    J’en veux également pour preuve que sa sortie sur la chaîne Arte n’a pas suscité de réaction émue du CRIF, contrairement à certains documentaires que ce dernier avait tenté de faire interdire.
    A aucun moment bien sûr la colonisation n’y est remise en cause.

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