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Autopsie d’un réseau social : les raisons du déclin
Valentin Pringuay | presse-citron.net | jeudi 28 février 2013
jeudi 28 février 2013
Autopsie d’un réseau social : les raisons du déclin
Valentin Pringuay | presse-citron.net | jeudi 28 février 2013
Une équipe de scientifiques de la Swiss Federal Institute of Technology de Zurich, a décidé de consacrer ses recherches sur les raisons du déclin des réseaux sociaux.
David Garcia, Pavlin Mavrodiev et Frank Schweitzer ont pris la décision inhabituelle de réaliser une étude empirique des communautés de Friendster, Livejournal, Facebook, Orkut et Myspace pour déterminer les raisons qui poussent les membres à un exode soudain.
Pour ce faire, le défunt Friendster a donné son corps à la science pour une autopsie minutieuse.
Grandeur & Décadence de Friendster
Friendster, fondé en 2002 (soit un an après Myspace et 2 ans avant Facebook) est souvent considéré comme étant le grand-père des réseaux sociaux.
La société est d’ailleurs connue pour ce qui est considéré par l’AP comme l’une des plus grosses erreurs dans la Silicon Valley : avoir refusé un chèque de 30 millions de dollars que Google lui proposait en 2003.
Le réseau social a poursuivi sa route jusqu’en Juillet 2009 où le trafic a soudainement décliné de manière catastrophique jusqu’à sa mort prématurée.
Cette sortie de route spectaculaire doit faire froid dans le dos à Mark Zuckerberg et Dick Costolo qui doivent espérer ne jamais voir ce schéma se reproduire chez eux.
Cela tombe bien puisque l’équipe de scientifiques dévoile quelques équations qui peuvent les aider à éviter une mort subite.

L’équation miracle pour un réseau social vivant
L’autopsie de Friendster a mis en avant cette simple équation : il faut constamment que le bénéfice ressenti dans l’appartenance à la communauté du réseau social soit plus important que l’effort et le temps à fournir pour en faire partie.
Si l’effort demandé est légèrement trop important, les membres vont commencer à plier bagage et se diriger vers la pelouse toujours plus verte d’un voisin digital.
C’est ce qui est arrivé à Friendster en juillet 2009 lorsqu’une évolution du design (associée à des problèmes techniques) a rendu l’expérience sociale trop exigeante par rapport au bénéfice ressenti.
Mais David Garcia et ses confrères vont mettre en exergue un élément de topologie de ces réseaux sociaux qui peut apporter une résistance à cet exode.
En effet, la résistance est proportionnelle au nombre d’amis qu’un utilisateur peut avoir.
L’utilisateur d’un réseau social aura davantage de chance de partir s’il voit une belle partie de ses amis le quitter. Ainsi, une personne qui n’aurait que deux amis sur Facebook et qui verrait l’un d’eux s’en aller aurait de grandes chances de partir à son tour.
Mais une personne qui voit partir un ami sur les dix qu’il peut avoir… aura beaucoup moins tendance à le suivre.
Le nombre moyen d’amis est donc un indicateur important sur la vitesse avec laquelle un réseau social va s’effondrer.
On comprend mieux dans ce cas pourquoi Twitter, Facebook & Co nous bassinent à longueur de journée pour que l’on ajoute davantage d’amis.
Mais un réseau social qui maintiendrait le nombre d’amis à un minimum ne va pas forcément échouer. Il ne faut pas oublier qu’il faut d’abord que le bénéfice ressenti descende en dessous d’un certain seuil (en comparaison avec le temps passé).

Facebook est sauf ?
En 2009, Facebook avait été l’un des grands bénéficiaires de la décadence de Friendster : une grande partie de l’exode s’était faite en sa faveur.
Le réseau social de Palo Alto est donc plus qu’informé des risques et doit faire tout son possible pour éviter un exode similaire. On imagine que ça doit claquer des dents à chaque évolution majeure de son design.
Mais avec un nombre moyen d’amis assez élevé, et un partage de plus en plus transparent et automatisé (via l’Open Graph) qui assure une présence sur le réseau à moindre effort, Facebook semble avoir mis en place les protections nécessaires pour s’aménager une petite zone de confort.
Pour l’instant.
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