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L’abîme ou le réveil

Edwy Plenel | mediapart.fr | lundi 25 février 2013

mardi 26 février 2013

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L’abîme ou le réveil
Edwy Plenel | mediapart.fr | lundi 25 février 2013

Un abîme est devant nous, où nous entraîne une politique sans hauteur qui, depuis mai 2012, n’a cessé de plier devant les obstacles – européens, financiers, institutionnels. Cet étrange renoncement ne sauvera rien, pas même la gauche au pouvoir dont l’impuissance face au désastre social de 2013 appellera une sanction électorale en 2014. Contre cette triste pédagogie de la fatalité et de la résignation, personne ne nous sauvera, sauf nous-mêmes : il nous revient à tous, entre audaces individuelles et défis collectifs, d’ouvrir l’avenir en inventant l’inconnu.

« Ils gouvernaient comme ils avaient vécu, par adaptations successives » : cette ancienne citation m’est revenue comme une évidence depuis que François Hollande est devenu président de la République et que se succèdent, sur les fronts essentiels, reculs et faiblesses, concessions et conformismes, présidentialisme continué, Europe inchangée et finance confortée, urgences prises pour l’essentiel tandis que l’urgence ne va pas à l’essentiel, et tout ce temps perdu qui ne se regagnera jamais…

Ma mémoire l’ayant quelque peu transformée, la voici, rendue à son exactitude : « Dans l’impossibilité d’asseoir leur autorité sur la force d’un symbole (…), ils gouvernèrent comme ils avaient vécu, à coup d’imperceptibles adaptations. » C’est de François Mitterrand, aux premières pages du Coup d’État permanent (1964), ce réquisitoire contre cette Cinquième République bonapartiste dont il sera le premier président socialiste, inaugurant une conversion institutionnelle fatale à l’altérité démocratique et sociale de la gauche française.

Mitterrand y décrit son propre monde, la classe politique dont il fut avec zèle et dont il s’efforce alors de réchapper, celle de l’après-guerre qui, échouant à sauver la République du désastre colonial, finira dans les bras d’un militaire sauveur, comme trop souvent en France depuis Napoléon. « Parvenus au premier rang, écrit-il d’une plume acérée, mais incapables de trouver en eux-mêmes la force de créer un ordre nouveau, tournés vers le passé, ses usages et ses rites, ils se dépêchèrent d’imiter l’ordre ancien… » Et de conclure que « ce n’est pas par excès de démocratie que la Quatrième République a dépéri mais par peur de la démocratie, par timidité à l’égard du peuple ».

Si je convoque cette référence, c’est pour tenter de cerner cette énigme : ce fait que la présidence Hollande a réussi, en une moitié d’année, cette prouesse de décevoir même ceux qui, avertis des limites du Parti socialiste, ne se faisaient aucune illusion. Mais qui pariaient, au moins, sur la dynamique d’un vote dont les exigences ne seraient pas aussitôt remisées ou dévaluées. Loin d’un chèque en blanc, se débarrasser du sarkozysme, de son hystérie politicienne et de sa droitisation extrême, c’était en effet, par la force du suffrage, mettre à l’ordre du jour tout ce que la présidence sortante avait incarné et qu’il fallait absolument défaire. Non pas le style, mais la ligne. Non pas l’apparence, mais la consistance.

Le candidat le savait pertinemment qui, une fois sorti vainqueur des primaires socialistes par habile prudence plutôt que par forte conviction, finit par accélérer sa campagne, la positionner et la construire sur les trois questions centrales de l’heure. Celles du bilan de Nicolas Sarkozy tout autant que celles de la crise de civilisation qui nous saisit : les questions de l’Europe, de la finance et de la démocratie. Car que promettait François Hollande ? De réorienter l’Europe, de combattre la finance, d’instaurer une présidence normale. Or que reste-t-il de ces trois engagements ? Presque rien ou l’exact contraire, dans tous les cas pas grand-chose.

Les derniers rendez-vous européens ont montré une France isolée face à un tandem germano-britannique donnant le la d’une Europe plus indifférente que jamais à ses peuples, utilisant la récession pour forcer l’austérité tandis que le pacte de croissance dont se targuait François Hollande est déjà oublié. L’avorton de réforme bancaire obtenu par les lobbys financiers marque le deuil de la grande mise en ordre promise afin d’enrayer les ravages de la spéculation, repartie de plus belle malgré sa responsabilité avérée dans la crise actuelle. Quant à la démocratisation de la vie publique dont le seul coût est de volonté politique, elle est en panne, la réforme constitutionnelle bel et bien encalminée, le cumul des mandats reporté aux calendes, la refondation de la liberté de l’information pas à l’ordre du jour.

Cet étrange renoncement

Voici donc la gauche socialiste au pouvoir repartie pour cette dissociation des engagements électoraux et des choix gestionnaires qui, dans le passé, lui fut toujours fatale. Témoin ou acteur des sévères défaites législatives de 1986 et de 1993 ainsi que du stupéfiant échec présidentiel de 2002 et de l’inattendu « non » au référendum de 2005, la génération aujourd’hui au pouvoir sait pourtant d’expérience combien est douloureux, entre désolation et division, le prix à payer pour ces renoncements essentiels, sur les terrains européen, économique et démocratique. Sans parler de celles et ceux qui, parmi les actuels ministres, se sont affirmés et construits dans le bilan critique de ces échecs.

Tel fut le cas, par exemple, de Christiane Taubira, de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg. Or les trois noms qui, spontanément, viennent à l’esprit pour incarner un rapport critique de la gauche à sa propre histoire sont aussi les trois ministres les plus remarquablement atypiques du gouvernement Ayrault – et qui, par leur bilan personnel, font déjà entendre une différence. Mais que pèsent, à la vérité, la hauteur poétique de la ministre de la justice, le volontarisme social du ministre du redressement productif et l’exigence intellectuelle du ministre de l’éducation face à des choix économiques, sociaux, sécuritaires, voire internationaux, qui ne marquent pas de différence évidente avec une politique de droite modérée et, encore moins, avec celle qu’aurait incarnée Dominique Strauss-Kahn ?

Tandis que les écologistes sont devenus inaudibles, piégés par leur participation gouvernementale qui, en les neutralisant, confirme l’allergie foncière de la Cinquième République au pluralisme, et que le Front de gauche est, à l’inverse, légitimement conforté dans sa contestation radicale, il nous reste à comprendre la rapidité de ce retournement. Car ce triple renoncement, commencé dès l’été 2012 (lire ici, , aussi et encore, les articles où nous prenions date), s’est produit sans événement extérieur, sans conjoncture nouvelle, sans contrainte imprévue. Sans combat ni débat, comme une sorte d’affaissement naturel. Comme si lassitude et fatigue avaient d’emblée saisi ce nouveau pouvoir devant l’ampleur des obstacles que ses promesses de changement avaient forcément placés devant sa route.

C’est ici que l’évocation par François Mitterrand de ces politiques qui glissent sans forcément l’avoir choisi ou voulu, par habitudes, conforts et pesanteurs, s’adaptant toujours sans jamais rompre, n’est pas inutile. Car, loin d’un déterminisme simpliste, cette image laisse place à l’autonomie des individus, selon qu’ils se conforment aux milieux et aux intérêts qui les entourent ou qu’ils savent s’en échapper, leur résister et les distancier. Point d’équilibre d’un pouvoir constitué à la façon d’une direction socialiste, dans une homogénéité de circonstance plutôt que de cohérence politique, le tandem Hollande-Ayrault a pris la première voie, autant par conformité à sa nature foncière que par conviction solide.

Sans doute se pensent-ils sincèrement raisonnables et responsables, équilibrés et attentifs, patients et précautionneux – et, de ce point de vue, on ne saurait regretter un heureux contraste avec la brutalité et la virulence sarkozystes. Mais, en persévérant ainsi dans leur être, par adaptations successives, ils ne se montrent guère à la hauteur de l’histoire qui les emporte et les bouscule. Conjugaison d’une révolution industrielle – la troisième de notre modernité, avec le numérique pour moteur, succédant à la machine à vapeur et à l’électricité des deux premières –, d’une durable crise du capitalisme – la troisième de cette ampleur après celles de 1857 et de 1929 –, et d’une fin de la domination de l’Europe sur le monde – clôturant le cycle ouvert, il y a plus de cinq siècles, par le « Nouveau Monde » de Christophe Colomb –, notre époque incertaine et obscure appelle des audaces, des inventions, des créations – et non plus seulement des prudences, des répétitions et des continuations.

Dans son désastre européen, enfantant guerres mondiales et guerres coloniales, le siècle passé nous a enseigné que l’histoire n’est jamais écrite – et qu’elle peut aussi bien tourner en catastrophe par la faute d’une humanité imprévoyante ou inconsciente, aveuglée ou dépossédée. L’avertissement vaut pour nos temps inquiets où l’incertitude nourrit la peur qui, elle-même, produit la haine. Aussi le triple renoncement socialiste fait-il irrésistiblement penser au constat désolé de l’historien – et futur résistant – Marc Bloch devant L’Étrange défaite de 1940. Celle-ci, comme souvent les désastres, n’est pas survenue à la façon d’une surprise inattendue, mais en résultant d’une addition de conformismes et de suivismes, de résignations et de soumissions.

« Cette faiblesse collective n’a peut-être été, souvent, que la somme de beaucoup de faiblesses individuelles », écrivait-il, visant ces « classes dirigeantes » à qui « quelque chose a manqué de l’implacable héroïsme de la patrie en danger ». Sans vision ni ambition, endormies par « toute une littérature du renoncement », ne pensant qu’au court terme et qu’à leur intérêt égoïste, elles étaient saisies d’un « funeste rétrécissement d’horizon », foncièrement incapables de « voir plus loin, plus haut et plus large ». Et Marc Bloch de recommander que le peuple « se remette à l’école de la vraie liberté d’esprit », résumée, selon lui, par « cette maxime de sagesse » : « Il est bon qu’il y ait des hérétiques. »

Le piège de la Cinquième République

Aussi dissemblables soient-elles, de François Mitterrand à Marc Bloch, du coup d’État de 1958 à la capitulation de 1940, ces résonances dessinent une histoire toujours ouverte et parfois tragique, qui nous requiert et nous oblige, bref qui devrait nous élever alors même que nos actuels gouvernants privilégient une pédagogie de contrainte et de fatalité, où la comptabilité tient lieu de politique. Comme le furent leurs prédécesseurs de gauche, ils sont présomptueux, pensant dominer des usages et des rites, ceux de la Cinquième République, qui, en vérité, s’imposent à eux pour réduire ce qui leur restait d’altérité, les isoler de la société et les confondre avec l’État.

Or, loin d’être neutre, au-dessus des classes et des partis, cet État, en ses sommets, est plus que jamais sous la pression ou sous la dépendance d’intérêts oligarchiques, au croisement de l’avoir et du pouvoir, de l’argent et de la politique, de la finance et de l’administration. Survivant aux alternances et s’accommodant d’allers et retours du public au privé, une élite gestionnaire impose ses vues hors de toute publicité et de tout contrôle, avec la conviction de savoir mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Spécificité française, le poids maintenu des cabinets ministériels et élyséen, dont la composition n’obéit qu’au bon vouloir des Princes du moment, illustre cette secrète mainmise au détriment d’une responsabilisation transparente des administrations et de leurs directions.

Pensée pour affirmer la prééminence de l’État sur les coteries, la Cinquième République a réussi cette prouesse de transformer l’État en relais partisan ou complaisant, dans un entre-soi confortable où le renouvellement des cercles dirigeants ne laisse guère entrer la contradiction, la dissonance et la différence. À cette aune, la plupart des nominations faites par le nouveau pouvoir, notamment celles dévolues au large périmètre présidentiel, ont confirmé ces pesanteurs. Ainsi, plutôt que de précipiter une véritable refondation démocratique de l’audiovisuel public (et, au-delà, de la liberté de l’information), on se contentera de choisir – en vérité, d’imposer, selon des règles inchangées – à la tête de l’autorité qui le contrôle une figure déjà éprouvée des cabinets de la gauche gouvernante. Autrement dit, de faire confiance à la fidélité plutôt qu’à la réforme.

Et que dire, dans des domaines, ceux de la relation au monde et aux autres, à la diversité et aux ailleurs, où l’audace était à peu de prix, des choix faits pour l’Institut du monde arabe ou pour la Cité nationale de l’immigration, nomination d’un vieux cacique socialiste dans un cas, renouvellement d’un aussi vieux cacique chiraquien dans l’autre ? Exemples sans doute secondaires au regard des choix, plus lourds de conséquences, faits dans le domaine économique, par exemple pour la Caisse des dépôts et la Banque publique d’investissement, confiées à un ancien haut fonctionnaire ami, hier compatible avec Nicolas Sarkozy et, donc, témoin d’une sorte d’interchangeabilité des politiques sous la droite et sous la gauche.

Mais, le diable se nichant toujours dans les détails, l’anecdotique dit souvent l’essentiel, tout comme les efforts pathétiques d’une journaliste pour jouer un rôle politique qui n’existe pas, celui d’une supposée « Première Dame », illustrent l’anormalité maintenue d’un présidentialisme délétère. Chronique à répétition de conflits d’intérêts manifestes, l’affaire soulevée par Mediapart à propos du ministre délégué au budget, patron de l’administration fiscale tout en étant soupçonné de fraude fiscale, montre de même que les principes invoqués hier contre la droite peuvent être soudain mis en veilleuse, dans une sorte d’asthénie morale liée à l’exercice du pouvoir.

C’est la plus évidente surprise de ce début de présidence : sa tiédeur sur le terrain des réformes et des exigences démocratiques quand, dans le même temps, rigueur économique et austérité sociale sont imposées à grands pas. L’heureuse audace du mariage pour tous reste une exception solitaire, tandis qu’au quotidien, les classes populaires se sentent toujours dépossédées de toute emprise sur leur avenir, subissant les conséquences de décisions économiques et de choix financiers qui ne leur appartiennent pas. L’éventuelle bonne volonté des protagonistes, ministres et entourages, n’est pas en cause mais, plutôt, leur croyance qu’elle suffit alors même qu’il leur faudrait bousculer et mobiliser, susciter l’adhésion et entraîner la confiance.

Suffisante, sinon prétentieuse, cette croyance est insupportable pour tous ceux qui subissent les conséquences des renoncements qu’elle est supposée absoudre. Car une politique se juge toujours dans cette relation à la vérité que dessine l’écart entre ses paroles et ses actes. Un an après la visite symbolique, le 24 février 2012, du candidat Hollande aux ouvriers sidérurgistes d’Arcelor-Mittal à Florange, la contradiction est flagrante entre le volontarisme électoral et la passivité gouvernementale. Qu’il faille la crise du Mali, l’un des pays les plus pauvres du monde – 175e à l’indice du développement humain qui recense 177 nations –, et cette nouvelle guerre au terrorisme, aux accents trop facilement dominateurs, pour redonner un semblant d’ardeur politique au nouveau pouvoir ne fait que souligner ce décalage, et l’impuissance dont il témoigne.

Le pouvoir des sans pouvoirs

Manquant de vision et d’audace, cette politique à pas et à temps comptés accompagne une générale perte de hauteur du débat public. Sans que l’on sache ce qu’annonce ce climat délétère, nous vivons un semblant de décadence typique d’un ancien régime épuisé. Tandis que l’édition marchande impose la confession intime et le voyeurisme salace, au détriment d’une littérature de la découverte et du dépassement, l’inépuisable feuilleton strauss-kahnien met en scène l’accouplement de la prédation sexuelle et de la domination sociale.

Tandis que l’ancienne droite républicaine se vautre dans le racisme antimusulman et dans l’essentialisme identitaire, le ministre de l’intérieur en place désigne un ennemi intérieur qui accouple les mots fascisme et islam, tout en assimilant la colère ouvrière aux casseurs délinquants. Tandis qu’un affairiste notoire, repris de justice avéré, fait main basse sur des journaux avec la complicité des banques, l’information ne cesse d’être malmenée par le divertissement, le rire ayant détrôné la conscience et le doute désabusé tenant lieu de conviction enracinée.

Qui donc nous redonnera de l’air et de la hauteur ? Une envie d’horizon, d’ailleurs et de lendemains ? Un goût d’élévation qui ne soit pas de domination ? Un souci des autres et du monde où se réinvente un chemin d’espérance ? Qui d’autre sinon nous-mêmes ? Car, sauf à déchanter rapidement, il n’est pas, en cette matière par essence démocratique, de César, de tribun ou de sauveur suprême qui vaille, selon l’ancienne lucidité du premier chant international du monde ouvrier. Nous-mêmes, c’est-à-dire cette radicalité pragmatique, réaliste et concrète, qui s’invente au plus près des expériences et des résistances, des luttes et des refus.

Dans un livre trop peu commenté, paru une année avant qu’il ne devienne ministre du gouvernement Ayrault, Vincent Peillon défendait « le pouvoir des sans pouvoirs ». Philosophe de profession, il s’efforçait d’y renouer les liens du politique à l’action et à la vérité dans le moment même où ils semblent les plus distendus, voire, trop souvent, rompus. Imbriquant solidairement la démocratie politique à la démocratie économique et sociale, cet Éloge du politique (Éditions du Seuil) peut être lu, aujourd’hui, comme le propos absent du nouveau pouvoir. Comme son silence en quelque sorte.

Mais un silence logique, à en croire le philosophe-ministre qui, congédiant soudain une classe épuisée de professionnels de la politique, nous renvoie à tous l’exigence d’audace et de vision et, par conséquent, d’engagement. « Dans les grandes mutations historiques et politiques, dans les grands bouleversements et les grandes tragédies, les politiques sont absents, ou faibles, écrit-il. D’autres hommes surgissent. Ce n’est pas un hasard, et ce n’est pas circonstanciel. Cela se reproduit toujours. L’idée d’une politique “antipolitique” signifie cela, que le politique n’est pas la politique, n’est pas la question du pouvoir mais celle de la vie dans la vérité. Un syndicaliste, un militaire, un homme de théâtre, un journaliste, un philosophe ébranlent alors le monde, beaucoup plus que ne le feront jamais les politiciens. »

Et de conclure par cette injonction : « Ne laissons pas les hommes du pouvoir, de l’argent et de la flatterie juger une seconde fois Socrate. Ne les laissons pas une seconde fois le condamner à mort. » Nous voici donc requis, sommés d’agir et de découvrir. De ne plus seulement commenter ou contempler, en spectateurs passifs, mais de chercher à tâtons, là où nous sommes, où nous vivons et travaillons, les lueurs qui perceront le brouillard où l’on nous égare. Peut-être alors croiserons-nous en chemin ces grands voyants que sont les poètes qui, à l’instar du Rimbaud communard et de tant d’autres, devinent l’inconnu où s’invente l’humanité.

Dans des notes posthumes, publiées en 1901 sous l’intitulé Post-scriptum de ma vie, on trouve cette fulgurance de Victor Hugo où s’exprime notre attente, et, peut-être, notre destin, entre risque et pari : « Un abîme est là tout près de nous. Nous poètes, nous rêvons au bord. Vous, hommes d’État, vous y dormez. »


Edwy Plenel
Né en 1952, Edwy Plenel est l’un des co-fondateurs de Mediapart et son président. Journaliste depuis 1976, après des débuts à Rouge, puis un passage au Matin de Paris, il a travaillé durant vingt-cinq ans (1980-2005) au Monde, dont il fut directeur de la rédaction. Pour des précisions et une bibliographie, la notice de Wikipédia est plutôt bien faite.




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Transmis par Erual
Tue, 26 Feb 2013 11:46:09 +0100 (CET)




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