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Ce Nonce qui renonce

olivier cabanel | agoravox.fr | mardi 19 février 2013

mardi 19 février 2013

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Ce Nonce qui renonce
olivier cabanel | agoravox.fr | mardi 19 février 2013

Le Pape a pris tout le monde par surprise en annonçant sa démission…

Du jamais vu depuis 574 ans.

Il n’en suffit pas moins pour que certains, amateurs de prophéties, se basant sur celle de Malachie, y voient le présage d’une (nouvelle ?) prochaine fin de notre monde.


Benoit XVI s’en va donc à la fin février 2013.

Pourtant l’occupant du « Saint Siège » n’était pas éjectable…et il était traditionnel que l’élu y reste jusqu’à son dernier jour.

Pour autant cette décision apostolique n’est pas une première, puisqu’en l’an 1294 Célestin V avait abdiqué peu après avoir été élu, (lien) suivi de près par Grégoire XII en 1415, et par Martin V en 1439. lien

C’est aussi l’occasion d’évoquer le film quasi prémonitoire de Nanni Moretti, "Habemus Papam", dans lequel Michel Piccoli s’était mis dans la peau d’un Pape improbable, se refusant à supporter sa charge. lien

Mais cette position démissionnaire est logique puisque Benoit XVI contestait l’usage du préservatif pour lutter contre le sida : « on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatif : au contraire, ils augmentent le problème  » avait-il déclaré, même si plus tard il a mis un peu d’eau dans son vin de messe en proposant à la presse des versions modifiées. lien

Etymologiquement parlant, le mot Pape provient du grec « papas », lequel a la même origine que le mot « papa » qui désigne familièrement chez nous le père, et à partir de l’an 318, cette appellation était donnée affectueusement sans exclusive à tous les évêques, avant d’être réservée au seul pontife. lien

Quitte à lancer une polémique, on peut aussi s’interroger sur les liens évidents qui existent entre la politique et la religion, mais la foi est-elle compatible avec l’exercice du pouvoir ?

En Tunisie, en Egypte, et ailleurs, on découvre les dégâts occasionnés par la religion, qu’elle soit islamique, chrétienne, ou autre, lorsqu’elle s’entiche de faire « de la politique ».

En tentant de « tirer les marrons du feu », alors que leur mobilisation fut largement tardive lors des printemps arabes, les frères musulmans ne se sont-ils pas tirés une balle dans le pied ?

Nos révolutionnaires de 1789 avaient bien analysé le danger qui consistait à mélanger politique et religion, et avaient décidé la séparation de l’Eglise et de l’Etat, choix citoyen, mais largement peu respectée de nos jours…

Le rapport d’Aristide Briand a manifestement encore de nos jours de la peine à être appliqué lorsque l’on découvre les ramifications évidentes qui existent entre le pouvoir religieux, et le pouvoir politique. lien

Personne n’ignore que le Vatican pratique un pouvoir occulte et efficace dans la grande majorité des pays du monde, et il est présent dans l’ombre, grâce à sa puissance financière, portée par sa banque, et ses appuis un peu partout, et comment faut-il comprendre la nomination à la tête de l’IOR (banque du Vatican) d’un industriel et aristocrate allemand, nomination intervenant à 13 jours du départ papal ? lien

Mais revenons à l’abdication pontificale.

Ce coup de tonnerre dans le monde catholique aurait été accompagné par un éclair, la foudre tombant sur le dôme du Vatican. lien

Quant aux raisons qui ont provoqué la décision du successeur de St Pierre, elles peuvent être multiples : des problèmes de santé (Benoit XVI porte un pacemaker), (lien) aux scandales qui ont émaillé son pontificat, elles ne manquent pas.

Il y a eu ce que certains ont appelé Vatileaks, sorte de Wikileaks à l’Italienne, lorsque Paolo Gabriele, le majordome du Pape, a dévoilé certains secrets : des affaires de corruption, et les luttes d’influence sans merci qui se déroulent au Vatican.

Il serait en effet plus logique de comprendre que les raisons de la démission sont au délà de problèmes d’âge ou de santé.

Bernard Lecomte, auteur des « derniers secrets du Vatican » (éditions Perrin, 2012), évoque les tractations, les négociations diplomatiques, et les « armes secrètes » déployées pour jouer de son influence un peu partout dans le monde. lien

Dans son livre, « Sa Sainteté », le journaliste Gianluigi Nuzzi, publiant des lettres et des mémos confidentiels, a semé le trouble au sein de la vieille institution, d’autant que dans son ouvrage précédant Il dénonçait entre autre d’étranges transactions financières. lien

Certains vont plus loin, convaincus qu’il a démissionné car il allait être accusé de crimes contre l’humanité, pour la protection exercée en faveur des prêtres pédophiles bénéficiant d’une immunité juridique continuant à habiter le Vatican. lien

Le conservatisme de Benoit XVI, basé sur la défense de la famille traditionnelle, hostile à l’avortement, et à l’euthanasie, aura en fin de compte déçu beaucoup de logiques attentes. lien

S’il est vrai que la démission surprise de Benoit XVI a pu le faire bonifier d’un regain de popularité, avec du recul, il n’aura pas laissé un souvenir si positif, car s’il est vrai qu’il aurait été engagé contre son gré dans les troupes des jeunesses hitlériennes, il n’en reste pas moins qu’il n’a pas instauré le mariage des prêtres, et qu’il n’a pas proposé de sanctions contre la pratique de la pédophilie au sein de l’église, ce qui lui a valu une plainte déposée à la Cour Pénale Internationale visant nommément le Pape et les cardinaux Tarcisio Bertone et Angélo Sodano.

Cette plainte, déposée par le SNAP (réseau des personnes abusées par des prêtres) et le CCR (centre pour les droits constitutionnels) ne semble pas avoir autrement ému le souverain pontife. lien

Mais quid de la prophétie de Malachie ?

Il y aurait eu jusqu’à ce jour 265 papes, si l’on compte dans la liste Pierre, l’un des apôtres du Christ, et si on enlève de la liste 2 Papes, Etienne et Célestin II, qualifiés par l’église d’antipapes…

Si certains ont eu des règnes relativement longs, d’autres n’ont profité de leur fonction que quelques jours, comme Boniface VI, le 112ème Pape, mort de la goutte au bout de 15 jours de règne, (lien) battu par Urbain VII qui n’a tenu que 13 jours, un chiffre qui ne lui a pas porté chance. lien

Quant à la prophétie de Malachie, si le nouveau Pape est italien, elle n’en sera que renforcée, puisqu’elle mentionnait : « dans la dernière persécution de la sainte église romaine siègera Pierre Paillard le Romain qui fera paître ses brebis à travers de nombreuses tribulations. Celles-ci terminées, la cité au 7 collines sera détruite, et un Juge redoutable jugera son peuple  ».

Ce texte de 5 pages, découvert vers 1590 avait été publié 5 ans plus tard par Arnold de Wyon, un moine bénédictin vénitien.

Il énumère 111 devises, chacune attribuées aux papes successeurs de Célestin II (1143/44 après JC) la dernière devise étant pour le prochain pape, et annonçant la prophétie.

Différentes lectures pourraient être faite du mot « persécution  », car initialement, le mot latin ne serait pas « persécutione » mais « psécutione  », lequel n’a rien à voir avec la persécution proprement dite, puisque cela signifie « dans la suite des temps  ».

De plus des doutes existent, car on ne sait pas si les Papes qualifiés « d’antipapes » sont pris en compte, ce qui pourrait repousser la prophétie de deux papes plus loin... lien

La cité aux 7 collines est bien évidemment Rome, Pierre Paillard appelé le Romain ne pouvant qu’être Italien.

Cette prophétie recoupe peut-être celle de l’Apocalypse, certains voulant rapprocher cet olivier, dont les branches sont le symbole de l’ordre de St Benoit, avec celui décrit dans l’Apocalypse, lors de la « prédication des deux témoins  » avec l’apparition du 6ème ange, témoins désignés sous le nom étrange « d’oliviers ». lien

On pourrait aussi s’interroger sur ce terme « paillard » ajouté à ce Pierre ?

Ce mot, synonyme de « cochon, débauché », devrait être sans rapport, même éloigné, avec les éminences de la religion catholique, même si une chanson paillarde met en scène un Pape dans une position plutôt critique et irrévérencieuse. lien

Oublions ces paillardises, et intéressons nous au successeur.

Les pronostics vont déjà bon train, et il semble bien qu’un cardinal, justement italien, Angelo Scola, aurait les faveurs des autres cardinaux, mais pour cela il faudra attendre la prochaine émission de fumée blanche, qui comme on sait précède le fameux : « Habemus papam ». lien

Quand à son nom, l’élu le choisira lui-même, mais il est probable que ce ne sera pas Pie XIII, lequel n’a pas laissé un souvenir impérissable lors de la dernière guerre, mais si le prochain Pape prenait le nom de Célestin VI, ça serait en quelque sorte un clin d’œil à son prédécesseur, Célestin V, qui, comme on l’a appris, avait aussi des velléités démissionnaires.

En tout cas l’archevêque de Paris, André XXIII, lequel ne postule pas, ne croyant pas à la possibilité d’un Pape français, pas plus qu’à celle d’un Pape africain, ajoute que ce dernier, s’il était choisi, « n’irait pas danser en pagne sur la place Navone  »… lien

Mais cela sera-t-il le signe d’une fin imminente ?

L’histoire nous le dira, et comme a remarqué mon vieil ami africain : « tout a une fin, sauf la banane qui en a deux  ».

L’image illustrant l’article provient de « fluctuat.premiere.fr »

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel


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