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Caroline Fourest, les « Obsédés du complot », la manipulation de l’info et le bidonnage...

Hicham Hamza | oumma.com | mercredi 13 février 2013

mercredi 13 février 2013

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 11-Septembre : Caroline Fourest prise en flagrant délit de bidonnage
Hicham Hamza | oumma.com | mercredi 13 février 2013
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11-Septembre : Caroline Fourest prise en flagrant délit de bidonnage
Hicham Hamza | oumma.com | mercredi 13 février 2013

Info Oumma. Réalisatrice d’un documentaire diffusé sur France 5, la journaliste Caroline Fourest a altéré un témoignage-clé à propos du 11-Septembre. La preuve par l’image.



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Mardi 5 février, près de 525 000 téléspectateurs ont été dupés par une manipulation de l’information commise sur France 5 par Caroline Fourest. Celle qui se targue de respecter les faits s’est rendue coupable d’une grave faute déontologique : déformer littéralement les propos d’un citoyen sollicité pour un reportage.

Consacré à ce qu’elle nomme les « obsédés du complot », son film vise à pourfendre la remise en question -de plus en plus manifeste dans l’opinion publique- de la parole d’Etat en brocardant diverses personnalités en raison de leurs connexions politiques. Une séquence du documentaire s’attarde sur les sceptiques de la version officielle du 11-Septembre : deux hommes au visage flouté dialoguent, face caméra, tandis que la retranscription de leur échange apparaît en bas de l’écran.

Après l’évocation d’une éventuelle implication de l’ISI (les services secrets pakistanais) dans les attentats, l’homme à droite de l’image semble tenir les propos suivants -si l’on en croit les sous-titres : « Ce qui est intéressant avec le Mossad, c’est qu’il y a des agents qui se sont fait passer… ».

Léger problème : la fin de la retranscription est mensongère.

Au premier visionnage de cette séquence, il était naturel de porter instinctivement son regard sur les sous-titres afin de saisir la teneur de l’échange, enregistré dans un cadre a priori bruyant. Le téléspectateur croit alors comprendre que l’homme au gilet fait vaguement allusion à des « agents du Mossad » qui auraient déguisé leur apparence ou menti sur leur véritable identité, sans que le motif d’un tel subterfuge ne soit explicité. Seule la confusion, dans l’esprit du téléspectateur, peut résulter d’une telle séquence.

Or, en réécoutant (à 19’22) le propos -et en faisant abstraction du sous-titrage trompeur-, on entend tout autre chose : contrairement aux apparences, cet homme ne s’interrompt pas, au milieu d’une phrase, sur le verbe « passer ». En réalité, il conclut sa remarque en prononçant le mot « pincer ». Son propos prend alors une autre signification : vis-à-vis de l’affaire du 11-Septembre, ce militant évoque ici une arrestation -et non un déguisement- d’agents du Mossad. Diffusé dans son authenticité, ce commentaire aurait probablement suscité la curiosité légitime de nombreux téléspectateurs, désireux de connaître les détails de cette étrange péripétie : des agents secrets israéliens interpellés le jour d’un attentat prétendument commis par Al-Qaïda.

Documenteur

Il ne s’agit pas là d’une erreur commise par le monteur du documentaire. Quiconque est passé par une table de montage connaît le temps fastidieux mais nécessaire pour voir et revoir sans cesse les moindres détails d’une réalisation. Les rushes du tournage sont disséqués et commentés par l’équipe qui entoure Caroline Fourest. Le montage final de cette séquence a nécessité une attention particulière, caractérisée par le floutage des visages, le découpage sélectif du dialogue entre les deux hommes, la retranscription de leur échange et la légère déformation de leurs voix. A l’inverse, le brouhaha de la salle n’a pas été corrigé ou, du moins, diminué, ce qui justifie tacitement l’usage de sous-titres.

France 5, chaîne « de l’éducation, du savoir et de la connaissance » ?

Partiellement financée par le service public, Caroline Fourest a pourtant enfreint, ce faisant, la charte des antennes de France Télévisions. Dans son chapitre 4, relatif à « l’honnêteté de l’information », il est précisé, au quatrième paragraphe, la chose suivante : « Le montage est une technique indispensable pour rendre compte de la réalité en un temps donné. En tant que telle, elle doit faire ressortir l’essentiel de l’information sans déformation. Elle doit rester le plus fidèle possible à la lettre et à l’esprit du propos ».

Question : pourquoi Caroline Fourest a-t-elle ainsi truqué le témoignage d’un interviewé ? Plus précisément : quel intérêt personnel a-t-elle à dissimuler au téléspectateur la réalité de l’arrestation d’agents du Mossad dans le cadre des attentats du 11 septembre 2001 ? Nous laisserons à chacun le soin d’apporter sa propre réponse en encourageant, dans le même temps, les internautes à faire fi de l’accusation inepte de « complotiste ». Souvenez-vous alors de cette citation de Noam Chomsky, linguiste de renommée mondiale : « A mon avis, « théorie du complot » est devenu l’équivalent intellectuel d’un mot de cinq lettres. C’est quelque chose que les gens disent quand ils ne veulent pas que vous réfléchissiez à ce qui se passe vraiment ».

Quant à l’épisode relatif aux agents du Mossad, il s’agit là de faits, et non de fantasmes ou de légendes urbaines. L’auteur de ces lignes vient justement d’y consacrer deux chapitres détaillés dans un ouvrage intitulé « Israël et le 11-Septembre : le grand tabou ».Objectif de cette enquête : démêler le vrai du faux à propos de la rumeur -populaire dans le monde arabe- faisant état d’une implication israélienne dans les attentats.

Dans l’après-midi du 11 septembre 2001, 5 Israéliens ont bien été arrêtés par la police du New Jersey  ; trois d’entre eux ont été aperçus, juste après le crash du premier avion dans le World Trade Center, en train de se réjouir et de se prendre en photo, l’air hilare, avec la Tour nord enflammée en arrière-plan. Après 71 jours de détention, ils seront discrètement rapatriés à Tel-Aviv et raconteront leurs déboires dans un talk-show israélien, niant toujours leur appartenance au Mossad. Pour l’anecdote, le présentateur de cette émission -qui avait fait sensation- n’était autre que Yair Lapid, le « centriste » victorieux des dernières élections législatives.

Des membres du contre-espionnage américain révélèrent, en 2002 et sous couvert d’anonymat, qu’au moins deux d’entre eux étaient effectivement membres des services secrets israéliens. De même, Juval Aviv, un ex-agent du Mossad, reconnaîtra, dans un reportage de la britannique Channel 4 diffusé en 2004, que leur entreprise de déménagements, dénommée Urban Moving Systems et dont le directeur a quitté précipitamment le territoire américain en direction de Tel-Aviv, était une antenne -sous couverture- du Mossad.

Depuis 2001, la plupart des grands médias occidentaux ont choisi d’ignorer ou d’édulcorer cette affaire et ses implications. Le but visé par l’ouvrage « Israël et le 11-Septembre : le grand tabou » consiste, à l’inverse, à susciter le débat et l’exploration rigoureuse de la piste israélienne, toujours passée sous silence. Ce sujet controversé est généralement évité par les leaders d’opinion français en matière de lutte contre l’islamophobie ou de combat pour les droits du peuple palestinien. Qu’il s’agisse là de frilosité, de déni ou de cécité, cette indifférence est inappropriée : la recherche de la vérité sur le 11-Septembre (et sa troublante connexion avec la mouvance américano-sioniste) éclaire, en définitive, les origines communes de la fabrique de l’islamophobie et de la diabolisation de la cause palestinienne.

Neoconservateurs : leurs agents, leurs complices et leurs idiots utiles

Dans l’Hexagone comme à l’étranger, les personnalités ayant attisé le racisme anti-musulman dans l’opinion publique ou celles ayant stigmatisé la défense de la souveraineté palestinienne participent, depuis une vingtaine d’années, d’un mouvement idéologique dont les principaux protagonistes sont désormais à l’œuvre pour enterrer toute discussion sérieuse à propos du 11-Septembre. Une telle collusion est un fait, n’en déplaise à ceux qui professent des arguments d’autorité pour brocarder, avec condescendance, les millions de citoyens -à travers le monde- qui rejettent la version officielle délivrée par l’Administration Bush.

En s’attaquant aux « complotistes », aux « radicaux de l’islam »(comprendre les musulmans qui ne sont pas d’accord avec elle) et aux « anti-sionistes », Caroline Fourest révèle incidemment ses véritables allégeances politiques. En validant le mythe de« Ben Laden et les 19 pirates de l’air » pour expliquer le détournement simultanéde 4 avions, la désintégration de 3 tours et les millions de dollars secrètement remportés par des boursicoteurs chanceux, les citoyens -y compris ceux hostiles à l’islamophobie ou aux crimes d’Etat israéliens- font le jeu de la plus grande imposture du siècle naissant.

La démystification du 11-Septembre, à propos de laquelle certains préfèrent hausser les épaules ou ricaner, est un impératif politique, civique et journalistique. L’évènement a provoqué la mort de centaines de milliers d’individus, depuis le crash du premier avion dans le World Trade Center au dernier « dommage collatéral » commis par un drone américain au Pakistan. Ses séquelles persistent dans les cœurs et les consciences, entre restriction des libertés individuelles, expansion du contrôle policier et montée de l’islamophobie. En dépit du silence des grands médias et de celui -plus grave encore- de la plupart des intellectuels et militants associatifs, le 11-Septembre demeure essentiel à élucider.

C’est une question de temps : les explosions du World Trade Center n’ont certainement pas fini de causer leur ravage.




Jpg

Fourest et les complotistes : posons les bonnes questions sur la manipulation de l’info
Pascal Boniface Directeur de l’IRIS | leplus.nouvelobs.com | mardi 12 février 2013

La semaine dernière, France 5 a diffusé "Les obsédés du complot", consacré aux adeptes de la théorie du complot et premier opus d’une série de documentaires réalisés par Caroline Fourest. Pascal Boniface, directeur de l’Iris, était derrière son écran de télévision. Pour lui, les conspirations les plus graves ne sont pas celles dénoncées par la réalisatrice.

Au moment où France télévisions se plaint de devoir faire face à la rigueur budgétaire, on peut être rassuré de voir le service public être encore capable d’acheter de nombreux espaces publicitaires pour promouvoir une série documentaire. Celle-ci a été, de surcroit, relayée par tous les médias qui ont célébré l’événement. De grands intellectuels (Marcel Gauchet, Régis Debray, Françoise Héritier, Élisabeth Badinter, Edgar Morin, etc.) auraient-ils été sollicités sur des sujets essentiels justifiant un tel engouement ? Non, il s’agit d’une série de documentaires réalisée par Caroline Fourest.

 

Pas grand-chose de neuf

 

Le battage quasi hollywoodien n’a pas suscité l’entrain du public. 1,9% d’audience pour le premier documentaire consacré au "obsédés du complot". Il n’a pas non plus suscité l’adhésion. À un sondage sur le site de France 5 demandant au public si l’enquête de Caroline Fourest paraissait crédible, 4,4% ont répondu "oui", contre 95,6% ayant répondu par la négative. Sans doute le résultat d’un complot.

 

Le documentaire n’apportait pas grand-chose de neuf. Thierry Meyssan, ReOpen, tout ça c’est quand même passablement du réchauffé. La méthode de Caroline Fourest consiste à prendre un fait condamnable ou gênant et de lui donner une importance sans commune mesure avec sa réalité, en évitant toute mise en perspective et contextualisation. Elle grossit un danger et se pose en héroïne déterminée à le combattre.

 

Que quelques farfelus s’agitent sur la toile pour dénoncer d’improbables complots, est-ce bien le plus grand danger qui pèse sur l’information du public ? Quel est leur impact réel sur l’opinion ? Il ne faut pas confondre l’intention de nuire et la capacité à le faire.

 

Les manipulations de l’information ne sont pas réservées aux complotistes

 

Fourest dénonce les effets sans réfléchir sur les causes. Les théories du complot sont ineptes mais pourquoi prospèrent elles sur le net ?

 

Déjà parce que, justement, elles n’ont pas accès aux médias centraux. Elles sont la contrepartie des multiples manipulations de l’information de la part des gouvernements, des services, des officines. Cette guerre de propagande est bien plus grave pour l’information du public, vu les moyens dont ils disposent, que quelques complotistes égarés. Ce sont ces mensonges et manipulation de l’information (du type "on fait la guerre contre l’Irak parce que celui-ci possède des armes de destruction massive", etc.) qui suscitent l’intérêt pour les thèses complotistes. Si certains naïfs gobent encore tout ce qu’on leur raconte (et une fois encore les propagandes gouvernementales ou des puissances d’argent sont bien plus fortes), certains exercent leur sens critique et d’autres refusent tout ce qui est officiel et sont du coup des clients potentiels pour les complotistes.

 

France télévisions, qui a dépensé si cher pour les documentaires de Fourest et leur promotion, n’a toujours pas acheté "Les nouveaux chiens de garde", qui dénonce les connivences médiatiques, ou "Inside job", qui dénonce les véritables responsables de la crise financière.

 

C’est la connivence des élites qui suscite populisme et théories du complot. Dénoncer les théoriciens du complot qui crient haro sur les médias permet de faire l’économie d’une véritable réflexion sur le système médiatique. N’aurait-il pas été intéressant de réfléchir au storytelling des différentes puissances ?

 

Ne pas discréditer les jugements critiques pour autant

 

Affirmer que la guerre en Libye était prévue depuis 10 ans ou que le Printemps arabe a été suscité par la CIA est stupide. Mais dire que les États-Unis ont pour stratégie de contrôler le Proche-Orient est simplement une réalité stratégique, avouée très franchement par les néoconservateurs, et qui est de l’ordre naturel d’une politique de puissance pour les États-Unis.

 

Dire qu’il y a un complot américano-sioniste est une ineptie. Mais réfléchir aux effets de l’alliance américano-israélienne ne doit pas être interdit. Et c’est là que le bât blesse, parce que la théorie du complot dénoncée par Fourest est toujours centrée contre ceux qui mettent en cause les politiques américaine et israélienne.

 

S’il faut dénoncer les complotistes, il convient de ne pas faire d’amalgame avec tous ceux qui émettent un jugement critique sur ces politiques. Certains analystes vont même jusqu’à penser que certains complotistes sont en fait manipulés afin de discréditer les jugements critiques. Un complot dans le complot ? L’hypothèse aurait au moins pu être envisagée. Il y a d’ailleurs une théorie du complot sur laquelle Fourest ne réfléchit pas, c’est celle qui accuse Charles Enderlin d’avoir mis en scène la mort du petit Mohamed Al Durah, qui serait toujours vivant. Vu l’impact de cette polémique, on s’étonne que Caroline Fourest ne s’y soit pas attardée.

 

Qui voit des complots partout ?

 

Dans son documentaire, elle fait témoigner Rudy Reichstadt, présenté comme animateur du site Conspiracy Watch. Il n’aurait pas été inutile pour l’information du public de préciser qu’il est également collaborateur à la revue "ProChoix" que dirige Caroline Fourest. Par ailleurs, un rapide coup d’œil sur le site de Conspiracy Watch confirme que ce site est principalement consacré à la dénonciation des critiques de la politique israélienne.

 

Caroline Fourest dit vouloir protéger le vivre-ensemble alors qu’elle n’a pas cessé de stigmatiser les musulmans, criant au complot islamiste qui soumettrait la France et traitant de pro-islamistes ceux qui ne partageraient pas ses vues. Elle qui dénonce la théorie du complot fustigeait récemment les réseaux "indigéno-ramadano-bonifaciens" qui comploteraient contre elle. J’ai croisé une fois Tariq Ramadan et n’ai pas été en contact avec lui depuis. Mais il est vrai que je trouve normal qu’il puisse s’exprimer. Les Indigènes de la République sont, à mes yeux, trop radicaux, mais ils ont droit à la parole et je trouve anormal que l’agression dont a été victime Houria Bouteldja, la présidente, ait donné lieu à un black-out médiatique. Cela crée-t-il un "réseau" ? Qui voit des complots partout ?



Voir en ligne : 11-Septembre : Caroline Fourest prise en flagrant délit de bidonnage

Messages

  • INVESTIGATION JOURNALISTIQUE ET FANTASMES « COMPLOTISTES »

    Réponse à Caroline Fourest.

    Caroline Fourest était, mardi 5 février, sur « France 5 », l’invitée de Carole Gaessler dans l’émission « Le monde en face ». Si l’on s’en tient aux intentions avouées, elle se proposait d’en découdre avec, « les obsédés du complot », cette perversion intellectuelle induite par une prédisposition mentale à la paranoïa.

    Pour bien situer son sujet, elle s’attarda donc sur les attentats du 11 septembre 2001 et classiques du genre, toutes les thèses plus ou moins fantaisistes auxquelles ceux-ci ont donné cours. Elle interviewa Jacques Cheminade, prototype du gentil illuminé et fit référence à quelques autres de ses semblables, pas tous aussi gentils. Mais pourquoi faire tant de cas de ces marginaux sans conséquence ? Toute une émission à une heure de grande écoute, ne serait-ce pas leur faire plus de publicité que de tords ?

    Les intentions véritables de la journaliste, on les comprendra à la fin, quand elle avouera que sur « la toile », ceux qu’elle désigne comme « conspirationnistes » bénéficient d’une forte audience, quand elle sera interrogée sur la capacité des journalistes « à défaire le « complotisme », quand, cynique, elle prétendra que la presse et les médias audiovisuels, « la panzer division » de la pensée unique, ne « jouent pas à égalité avec la toile », cette nébuleuse éclatée et tellement diverse.

    C’est que dans l’intervalle, au cours de l’émission, le propos s’est décalé. Il est apparu clairement que ceux qu’elle souhaite atteindre, ce sont surtout certains analystes des évènements survenus ces deux dernières années dans le monde arabo-musulman, qui mettent en cause l’interventionnisme anglo-américain, et dénoncent l’agressivité de l’impérialisme occidental. ».

    Pour les besoins de cette cause elle doit frapper d’irrecevabilité des analyses politiques, avec lesquelles on peut être ou n’être pas d’accord, mais dont on ne peut contester ni le sérieux ni qu’elles sont dument argumentées. Pour les discréditer il lui faut donc trousser de leurs auteurs les portraits, de. « Farfelus » d’illuminés, les présenter comme des égarés de la pensée humaine. Le moyen, les associer, les assimiler à la mouvance conspirationniste, s’efforcer de réduire leurs thèses à cette seule dimension.

    La fin, qu’elle poursuit, justifie les moyens argumentaires qu’elle y emploie :

    1 - Le dédain : « On trouve de tout dit-elle dans la sphère « conspirationniste ». Le bazar quoi, le souk, pas la qualité, pas la rationalité de la pensée cartésienne.
    2 – L’insinuation : des trajectoires de vie surprenantes, un tel est passé d’une carrière de « prédicateur » à celle de défenseur du régime syrien. C’est Thierry Meyssan, l’animateur du Site-Web « InfoSyrie » qui est visé.
    3 – La dévalorisation : « parcelles de vérité », concède-t-elle, mais rien que des parcelles bien entendu, par contre, de « vrais fantasmes ».
    3- L’injure : « sur telle photo, on reconnait Dieudonné passé du rire antiraciste au rire antisémite »,
    4 – L’opprobre : « complot ou propagande ? » Elle suggère par là que, lorsqu’ils ne donnent pas dans le « fantasme » les « conspirationistes », c’est ainsi qu’elle les appelle, ne peuvent être animés que par une mauvaise cause, non pas celle de l’information, mais de la « propagande » et de surcroit, au bénéfice « des forces du mal ». Or, une fois encore c’est « InfoSyrie » qui est en ligne de mire.
    La dérision : Puis elle en vient au fait en tentant de mettre les rieurs de son coté : « Chez les auteurs de complots on trouve deux profils, « les naïfs et les idéologues ». Qui sont « les idéologues » « ceux qui sont axés sur le complot américano sioniste. Le grand complot du moment pour remodeler le Moyen-Orient. ». Le fantasme absolu, quoi !
    L’accusation : « Des alliances contre nature d’éléments venus de l’extrême droite et d’autres de l’extrême gauche » acoquinés dans une même défense de la Syrie « malgré la répression sanglante de Bachar Al Assad. ». Cette fois, la charge qui englobe bien sûr toujours « InfoSyrie », est plus généraliste, visant tous ceux, grands ou petits, et nous en somme, qui ce sont avisées de contredire la pensée unique officielle.

    Or, l’accusation est mal fondée. La Syrie est en proie aux attaques militaires de groupes armés, que d’aucuns appellent « insurrection ». Mais ne chipotons pas. Admettons un moment qu’il s’agisse bien d’une insurrection armée. Que devrait faire Bachar Al Assad ? Capituler sans se battre, « vous êtes armés vous avez raison, je vous cède le pouvoir ! » Où a-t-on jamais vu joué pareil scénario ? Où a-t-on jamais vu un régime quel qu’il soit se démettre face à une fraction armée de sa population ? Or s’il ne capitule pas, c’est qu’il se bat, et le bilan humain que le conflit coûte en ce cas, est à mettre tout autant au crédit des assaillants qu’à celui des défendeurs. « Malgré la répression sanglante de Bachar Al Assad ». Outre que l’on voit là le parti pris du propos, on est fondé à s’interroger, en quoi le fait de dénoncer l’agression qatarie saoudienne contre la Syrie à l’instigation de l’impérialisme occidental implique-t-il le moindre accord sur les attendus ou une quelconque alliance, entre des gens appartenant à des horizons politiques différents ?

    Quant à Dieudonné, de quelle infamie est-il vraiment coupable pour mériter d’être ainsi frappé d’anathème ? Un soir, il y a de longues années, dans l’émission de Marc Olivier Fogiel il s’était présenté dans l’accoutrement d’un Juif intégriste. Ridiculisait-il les juifs davantage que ne l’avait fait avant lui Louis de Funès dans « Rabi Jacob » ? Non ! Son message dont on l’accable : « rejoignaient l’axe du bien » qui faisait écho à « l’axe du mal » selon G W Bush, en quoi était-il condamnable ? En vérité, ce que le lobby israélien ne lui a pas pardonné c’était d’éclairer pour un vaste public cette alliance indéfectible des USA et d’Israël. Ce que le lobby israélien et « la panzer division médiatique » de la pensée unique ne lui ont pas pardonné, ce fut de ridiculiser cette séparation simpliste « du bien et du mal » selon monsieur Bush, ce sont ses prises de position solidaires avec le peuple palestinien, et dans cette dernière affaire, sa solidarité avec le régime laïque de Bachar Al Assad qui a toujours soutenu la cause palestinienne et n’a jamais accepté de faire la paix avec « l’État juif ».

    On l’a compris dès lors, la cible privilégiée ce sont ceux qui dénoncent ou combattent la politique moyen-orientale des USA et de ses alliés. La bête noire de Caroline Fourest, pour ce qui concerne l’hexagone, c’est le Site « InfoSyrie. Mais nous même, dont elle ne parle pas bien sûr directement, nous sommes trop insignifiant, ce serait nous faire de la publicité, comment ne nous sentirions-nous pas concernés tout de même, nous qui avons publié plusieurs de nos propres articles sur le support web de ce Thierry Meyssan ?

    Certes, par précaution d’usage, afin de ne pas paraitre elle-même trop naïve, ou totalement amortie, avait-elle affirmé en ouverture de son émission : « des complots il y en a, personne ne le nie ». Puis elle avait fait en quelque sorte le tri entre « vrais complots » ceux que dénoncent de « vrais journalistes » comme ceux de « Médiapart » par exemple, et les « complots fantasmé » des malades mentaux de la sphère conspirationniste »

    Mais qu’est-ce que le Site « infoSyrie » ou nous-mêmes et quelques autres domaines web équivalents avons à voir là-dedans . Nous sommes des organes d’informations, d’opinions, ou d’analyses politiques, dont chacun est libre de juger du sérieux et de la qualité, nous ne méritons en rien d’être assimilés à la sphère conspirationnistes dont nous ne partageons ni la démarche intellectuelle ni les thèses.

    Ce dont nous parlons nous, c’est de la politique internationale, des relations de Suzeraineté des uns et de vassalité des autres, de l’action diplomatique des États, qui chacun le sait se double de l’action de nombreuses officines et services secrets, voire de l’action militaire. Il s’agit de piller, gouverner, contrôler, soumettre, dominer pour les uns, d’échapper aux griffes des prédateurs pour les autres. Et certes dans cette lutte il est fait usage parfois, c’est-à-dire bien souvent, de « plans » longuement concoctés, de complots pré établi. Les savoir, les pressentir ou les dire, ça n’est pas réduire la préhension de l’histoire à cette seule dimension. Comme l’a concédé Caroline Fourest, « les complots, oui ça existe », ce sont des outils dont disposent les États, dont ils se servent abondamment, et dont il est sain et de bon ton, lorsque l’on se veut une journaliste éclairée de ne pas nier l’existence, sauf à se transformer en simple propagandiste du système dominant.

    Qui a jamais suggéré qu’il y est eu le moindre complot dans l’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi et la colère du peuple tunisien qui s’en est suivit ? Pour autant, comment ne pas voir la main « des maitres du monde », dans la manière dont la crise et l’effacement de Ben Ali furent gérés ? Comment ne pas voir son interférence dans le déclenchement du mouvement en Égypte et dans la gestion par l’armée du départ de Moubarak ?

    Comment refuser d’admettre que la main manipulatrice de l’impérialisme occidental est apparue de plus en plus clairement au fur et à mesure du déroulement des évènements du monde arabo-musulman ? Ne doit-on pas la voir, quand l’insurrection armée en Libye, inspirée et ouvertement soutenue par l’occident a pris le relais des authentiques mobilisations populaires qui furent la marque des évènements en Tunisie et en Égypte, ne doit-on pas la voir dans la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU, et dans l’intervention militaire franco-anglaise soutenue par les USA ? Comment ne pas la voir terriblement cynique, dans le silence des puissances occidentales quand l’Arabie Saoudite sous couvert du « Conseil de Sécurité .du golfe », écrasa avec les chars la révolte du peuple Barheini ? La main manipulatrice de l’impérialisme occidental, comment ne la verrait-on pas quand « le printemps qui devait subvertir le monde arabo-musulman » a respectueusement mis bas le chapeau aux marches des Monarchies arabes archaïques et réactionnaires, mais amies et alliées de l’Occident ? La main manipulatrice, comment refuser de la voir dans l’agression contre la Syrie du Qatar et de l’Arabie-Saoudite, respectivement, « chose » des occidentaux et allié arabe privilégié des USA

    Il fut dit au cours de cette émission que « Georges W Bush qui s’est enlisé en Irak a été battu par Obama ». Ce qui est faux, puisque G W Bush a fait deux mandats et ne pouvait plus être candidat à la présidence. En 2008, où il fut élu pour son premier mandat, c’est à John Mc Cain qu’Obama était opposé électoralement. Or, Obama nous dit-on, serait hostile à l’interventionnisme, à raison de quoi il ne serait intervenu en Lybie qu’à reculons et refuserait d’intervenir en Syrie malgré la répression sanglante de Bachar Al Assad ». Or cela n’est que vu de l’esprit.

    Obama a poursuivi les interventions extérieures inaugurées par Bush, autant celle d’Afghanistan que celle d’Irak. Certes, il a opéré un désengagement « partiel » de « l’US Army » d’Irak, mais après qu’un certain nombre d’objectifs de cette guerre avaient été atteints. La différence entre les politiques extérieures US de Bush et d’Obama ne tient nullement comme l’affirme à tord Caroline Fourest, à ce que l’un serait interventionniste et l’autre pas, mais à la venu, à la tête de l’État en France d’un président hyper atlantiste, ayant « bouté hors » les éléments attachés à la tradition gaulliste en matière de politique extérieure de la France. (Dominique de Villepin). Les États unis, certes ne souhaitez pas occuper l’avant-scène des interventions extérieures occidentales. Ce qui ne signifie nullement qu’ils renonçaient à l’interventionnisme. Celui-ci n’a jamais en vérité été pire que sous la présidence d’Obama. Ingérences ouvertes dans la gestion de toutes les crises du monde arabo-musulman. Promotion de la résolution 1973 de l’ONU qui ouvrait la voie de l’intervention e Libye, soutien patent, archi reconnu, financier, logistique, mais aussi en armement en renseignement et en conseillers, aux groupes armés qui opèrent en Syrie, alliance indéfectible avec la famille régnante saoudienne et le Qatar qui sont les véritables artisans de cette agression et brûlent, à l’instigation des USA, d’en découdre avec l’Iran chiite. Soutien ouvert à son allié turc, membre de l’OTAN, qui menace la Syrie et déploiement de missiles sur la frontière syro-turque. Que faut-il de plus pour nommer « interventionniste » cette politique-là ?

    Bon, il est vrai, les USA ne sont pas intervenus directement en Libye, ce sont la France et l’Angleterre qui l’ont fait. Nous l’avons dit, chacun le sait, afin de ne pas exacerber davantage le sentiment antiaméricain si puissant au Moyen-Orient, les USA souhaitaient se tenir en réserve et pousser à l’avant-scène quelques-uns de leurs alliés. La France et l’Angleterre sont intervenues en Libye par délégation, comme des nations mercenaires à la solde de leur maitre, comme exécuteurs des basses œuvres des USA. Tel est l’ajustement de la politique extérieure « plus que jamais interventionniste de l’oncle Sam » qu’a autorisé la victoire de Sarkozy aux présidentielles Françaises de 2007. L’Angleterre pouvait jouer les auxiliaires dans cette politique, elle ne pouvait pas y jouer les avants rôles, elle est trop étroitement partie liée avec les Américains, le subterfuge aurait fait long feu rapidement. Il se trouve que Hollande ayant remplacé Sarkozy poursuit dans la même veine hyper atlantiste. Il est par ailleurs en cela tout à fait fidèle à la tradition, dont il a hérité, de la « social-démocratie française » depuis la libération. Intervention au Mali, militantisme débridé pour l’intervention en Syrie, comme Sarkozy, Hollande poursuit la politique extérieure initié par celui-ci d’auxiliaire de la diplomatie américaine et de nation mercenaire. Non, madame Fourest, Obama n’est pas hostile à l’interventionnisme, il le fait seulement exécuter par « ses pions ». Or, la seule raison pour laquelle l’intervention militaire occidentale en Syrie n’a pas encore eu lieu, ça n’est pas l’hostilité prétendue, on pourrait dire fantasmé » d’Obama à l’interventionnisme, mais le positionnement sans fard de la Russie et de la Chine qui ont fait qu’une agression contre la Syrie serait de facto une agression contre ces grandes puissances. Alors, l’occident se « tâte », balance, tergiverse.

    Voilà notre part de vérité que participe à occulter la journaliste quand elle focalise contre « le complotisme » en vogue dans la nébuleuse internet. S’agit-il d’une démarche volontaire ou accidentelle ? Autrement dit, Caroline Fourest est-elle abusée ou est-elle en mission. Quoi qu’il en soit, elle s’écarte ce faisant des voies de l’investigation journalistique pour abonder dans le rôle d’organe de la propagande occidentale officielle. À la question qui lui était posée, « le journalisme peut-il combattre le complotisme », pour ce qui nous concerne nous répondons non ! En tout cas pas ce journalisme-là.

    Patrick Seignon, 15 février 2013. Domaine web : « lavoiedessansvoix.fr »

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