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L’argent de la corruption est passé par Genève... la droite au pouvoir en Espagne face au scandale...

Luis Lema | letemps.ch - leparisien.fr | vendredi 18 janvier & samedi 2 février 2013

samedi 2 février 2013

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 L’argent de la corruption est passé par Genève
Luis Lema | letemps.ch | samedi 2 février 2013
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L’argent de la corruption est passé par Genève
Luis Lema | letemps.ch | samedi 2 février 2013

L’énorme scandale de corruption qui menace une bonne partie des dirigeants de la droite espagnole (LT du 01.02.2013) n’est pas seulement en train de dévoiler des recoins fétides de cette démocratie encore jeune. Les documents révélés par l’enquête encore en cours montrent aussi, parfois avec nombre de détails, le secret des conversations qui se sont tenues au sein de banques genevoises, où semble avoir transité en partie le fruit de cette corruption.

Un « mémo » de la Dresdner Bank, daté du 31 août 2005 est particulièrement révélateur. Une cadre de la banque, S. (son nom est indiqué en toutes lettres dans le document, mais elle n’a pu être jointe par ce journal) fait part de ses sentiments à l’un de ses supérieurs. Elle vient de rencontrer Luis Barcenas, tout juste élu à l’époque sénateur du Parti populaire (PP). Celui qui deviendra ensuite le trésorier du PP et qui est soupçonné aujourd’hui d’avoir tenu une comptabilité parallèle visant à « dédommager » pendant des années l’élite du parti, dispose alors d’un compte à la succursale de Genève, après avoir clôturé celui qu’il détenait à Zurich auprès de la même banque.

S. assure que son client est « choqué » de devoir « encore et encore » justifier la provenance de ses biens. Pour l’essentiel, note-t-elle, ses revenus viennent des transactions dans le domaine de l’art, et de ventes dans l’immobilier, des domaines dans lesquels « les profits sont très juteux ». « Il est très courant en Espagne que ces transactions (de tableaux) se fassent en cash », insiste-t-elle pour expliquer le manque de traces financières. De plus, la vente de maisons et de chalets date à l’époque « de plusieurs années ». D’où le manque de factures.

Selon le juge espagnol Pablo Ruiz, le montant sur le compte du responsable du PP a varié entre 11 et 22 millions d’euros entre 2005 et 2009. A Genève, Luis Barcenas est considéré comme un client important, et au moins trois cadres de la banque, dont S., lui ont déjà rendu visite à Madrid. Surtout, S. prend soin de le rappeler à son supérieur, en lettres capitales : le client espagnol « possède d’autres gros comptes » à Genève. De surcroît, met en garde l’employée, des anciens collègues, qui s’occupaient du client et sont partis entre-temps vers d’autres banques, « ne demandent pas mieux » que de mettre la main sur ces fonds. Deux banques genevoises importantes sont mentionnées nommément.


Contactée par Le Temps, l’une de ces anciennes collègues passée dans une banque rivale et soupçonnée de vouloir « séduire professionnellement » Luis Barcenas a raccroché abruptement le téléphone dès qu’elle a compris le sujet de la sollicitation.

A l’époque, les explications de S. n’ont que partiellement convaincu son supérieur, comme le montre la suite de leur conversation électronique. Il enjoint à sa collaboratrice d’obtenir « plus d’informations » sur la provenance des 14 millions d’euros qui sont à ce moment sur le compte.

Parmi les documents que se transmettent aujourd’hui les rédactions espagnoles, un autre est étonnant. Daté de novembre 2005, il émane de Info4c, une société suisse spécialisée dans l’établissement des profils des « personnes politiquement exposées » (PEP en anglais), à laquelle ont recours les banques et les compagnies d’assurance. Luis Barcenas est bien un PEP, se voit confirmer la Dresdner Bank. Sa qualité de « trésorier du Parti populaire » est précisément mentionnée. Dans son réseau figurent notamment le nom du premier ministre actuel Mariano Rajoy, à l’époque chef de l’opposition, ainsi que celui de Luis Fraga, neveu de Manuel Fraga, fondateur du parti conservateur et ancien ministre du général Franco.

Etablie par l’organisation, la liste des activités commerciales de Luis Barcenas va d’une compagnie agricole en Argentine à une société d’équipements de sport, en passant par une usine de traitement du purin. La démonstration, ajoutée à une nouvelle visite de Luis Barcenas, convainc le responsable de la banque. Pour faire bonne mesure, le sénateur espagnol a ajouté aussi de vive voix son « très grand intérêt » à créer une fondation à Panama. Au passage, S. ne manque pas de réprimander à nouveau gentiment son chef en lui indiquant que son client a été « surpris et un peu fâché » de voir ainsi étaler sa vie privée. Il avait amené avec lui un nouveau montant en cash, à la suite d’une autre transaction financière, se lamente-t-elle, mais il ne l’a pas laissé « chez nous ».


Contactée, la société Info4c se refuse à tout commentaire. Quant à la Commerzbank (qui a racheté entre-temps la Dresdner Bank), elle souligne qu’elle « vérifie le statut PEP de chaque client avant d’entamer une relation commerciale avec lui ».
En Espagne, l’étau se resserre progressivement autour de Luis Barcenas. Le 20 février 2009, il charge un vieil ami, Angel Sanchis, de s’enquérir à Genève de la manière de transférer ailleurs ses avoirs. Angel Sanchis n’est autre que l’ancien trésorier du PP, prédécesseur de Luis Barcenas entre 1982 et 1987. Grâce à son aide, les fonds partent notamment vers la HSBC à New York (un million d’euros le 26 mars).
Quelques jours plus tôt, le juge espagnol Baltasar Garzon venait tout juste de procéder à l’arrestation de Francisco Correa, l’un des responsables supposés du réseau de corruption mis en place par le PP.



leparisien.fr

Espagne : la droite dans l’embarras face à un scandale de corruption
| leparisien.fr | vendredi 18 janvier 2013

Des centaines de personnes ont manifesté vendredi soir à Madrid contre la corruption, au moment où la droite au pouvoir en Espagne se défendait face à un nouveau scandale qui risque d'aggraver la perte de crédibilité d'une classe politique minée par la crise.

Des centaines de personnes ont manifesté vendredi soir à Madrid contre la corruption, au moment où la droite au pouvoir en Espagne se défendait face à un nouveau scandale qui risque d’aggraver la perte de crédibilité d’une classe politique minée par la crise. | Pedro Armestre


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Des centaines de personnes ont manifesté vendredi soir à Madrid contre la corruption, au moment où la droite au pouvoir en Espagne se défendait face à un nouveau scandale qui risque d’aggraver la perte de crédibilité d’une classe politique minée par la .
Aux de "Ce est un délinquant", "Démission", portant des pancartes où était écrit "Voler est un délit, seulement pour les pauvres", les manifestants se sont regroupés aux abords du Parti populaire (PP), la formation de droite du président du gouvernement, Mariano Rajoy.


L’immeuble était protégé par des fourgons de police et des barrières jaunes qui tenaient à distance les manifestants, rassemblés via les réseaux sociaux à l’appel de la mouvance des indignés.
"C’est une honte. On coupe les salaires de ceux qui gagnent mille euros, et eux, ils gardent leurs privilèges. C’est révoltant", lançait Paqui Benito, fonctionnaire de 48 ans au ministère de la Justice qui, comme tous ses collègues, a vu son salaire amputé par les mesures de rigueur.
Ana Tapias, une étudiante en physique de 25 ans, a elle annulé sa soirée au cinéma pour aller manifester : "Il faut descendre dans la rue pour dire que cela suffit. Si nous ne manifestons pas, tout continuera. C’est la même chose avec tous les gouvernements".
Quelques heures plus tôt, la numéro deux du PP, au pouvoir à Madrid et dans la plupart des puissantes régions espagnoles, Maria Dolores de Cospedal, avait nié "catégoriquement" que des responsables de son parti aient pu toucher sous sa direction des salaires non-déclarés, provenant notamment d’entreprises privées, comme l’affirme le journal de centre-droit El Mundo.
Elle a ajouté ne pas être "au courant que cela ce soit produit avant" sa nomination à ce poste en 2008 par Mariano Rajoy.
Citant "cinq sources fiables issues des directions successives du parti", El Mundo affirme que l’ancien gérant puis trésorier du PP, Luis Barcenas, a distribué pendant deux décennies des enveloppes contenant entre 5.000 et 15.000 euros à des dirigeants, en complément de leurs salaires officiels.
Luis Barcenas est par ailleurs mis en cause par la justice dans une affaire de corruption qui avait éclaboussé en 2009 la droite espagnole.
"Rajoy, qui, selon des sources du PP n’a jamais touché ces compléments de salaire, avait ordonné à Cospedal de mettre fin à cette pratique en 2009", poursuit El Mundo, qui qualifie cette affaire de "bombe atomique" pour le parti.
"L’argent provenait de commissions perçues auprès d’entreprises de construction, de sociétés d’assurances et de donations anonymes", dit-il.
Les bénéficiaires étaient des "secrétaires exécutifs, élus et autres membres de l’appareil".
La publication de cette nouvelle information intervient après l’annonce mercredi par la presse, citant une enquête judiciaire, que le trésorier avait eu, "avec d’autres personnes", jusqu’en 2009 un compte en Suisse doté de 22 millions d’euros.
"Les comptes du PP sont clairs, transparents et inspectés par la Cour des comptes", a ajouté la numéro deux du PP vendredi. "Vous appartenez à un grand parti qui défend la décence et où celui qui fait quelque chose (de mal) le paie", a-t-elle martelé face à des élus.
Malgré ses explications, l’information provoquait de nombreuses réactions et l’indignation sur les réseaux sociaux, où étaient relayés des appels à manifester dans de nombreuses villes.
"Monsieur Rajoy doit donner des explications immédiatement", a lancé le chef de file de l’opposition socialiste, Alfredo Perez Rubalcaba.
Autre cible des manifestants : le président de droite de la région de Madrid, Ignacio Gonzalez, après la révélation par la presse d’une enquête de la justice sur les conditions d’acquisition d’un duplex de luxe mis à sa disposition dans la station balnéaire de Marbella.
"C’est comme si nous avions franchi un nouveau seuil dans ce divorce croissant entre citoyens et responsables politiques en Espagne" après un an de révélations successives, analyse Fernando Vallespin, professeur de Sciences politiques à l’Université autonome de Madrid.
Touchant les principaux partis politiques espagnols, les informations qui se multiplient sur des scandales de corruption provoquent un malaise d’autant plus profond en Espagne que le pays est enfoncé dans la crise depuis 2008. Un actif sur quatre est au chômage.
Mois après mois, la méfiance des Espagnols envers leurs dirigeants et leur dégoût face à la corruption se confirme dans le baromètre mensuel que publie le Centre d’investigation sociologique, un organisme public.
Avant la crise, "il y avait une certaine tolérance" mais "il y a désormais en Espagne une sensibilité à fleur de peau face à l’utilisation des biens publics", souligne Fernando Vallespin qui plaide pour la réalisation d’"une catharsis éthique" dans le pays.


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