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Transport : l’illusion de la grande vitesse

François Mairey Rouveloup | l-echo.info | samedi 29 décembre, 2012

mardi 1er janvier 2013

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Transport : l’illusion de la grande vitesse
François Mairey Rouveloup | l-echo.info | samedi 29 décembre, 2012

L’inauguration, en Chine, d’une ligne de TGV reliant sur 2 300 km en 8 heures Pékin à Canton, du nord au sud, donne du grain à moudre à la mégalomanie de nos grands élus locaux qui rêvent d’un TGV de l’Atlantique à l’Oural.
Il n’est pas d’intervention d’un notable sur France 3, à propos de tout et de rien, qui ne s’achève sur un rappel de l’intérêt d’une ligne à grande vitesse (LGV) entre Limoges et Poitiers pour « désenclaver le Limousin » et mettre Paris à 2h de Limoges en TGV, en rappelant que 80% des Limousins « y seraient favorables ». L’argument phare des partisans de la LGV est qu’elle serait indispensable pour la prospérité économique future de la « métropole » limougeaude.
Je connais bien un vivant (ou plutôt mortel) exemple du contraire : je suis natif, -comme le naturaliste Buffon -, de la ville de Montbard sous-préfecture qui couvre le nord du département de la Côte d’or ; depuis plus de trente ans, elle est desservie chaque jour par quatre TGV la reliant à Paris en 1h04, (il y en eu même un direct pour Eurodisney, Roissy et Lille). Montbard est au km 243 de la ligne historique PLM (Paris, Lyon Marseille).
Avec une telle desserte, on aurait pu croire que cela aurait dû donner un coup de fouet au développement de la cité. Pas du tout : en 25 ans, la ville de Montbard a perdu 26 % de sa population, passant de 7 916 à 5 815 habitants, à peine plus que La Souterraine. Pourtant, elle est située au cœur d’une riche zone touristique (tout près de Fontenay, une des plus belles abbayes cisterciennes de France) et industrielle (avec la plus importante usine métallurgique du département, qui exporta de la tuyauterie pour centrales nucléaires ou gazoducs jusqu’en Chine).
D’autres exemples montrent que la grande vitesse ne favorise pas la décentralisation, mais au contraire augmente la polarisation vers les métropoles les plus importantes.
Ainsi, il n’y a aucune retombée significative pour l’agglomération rémoise, du TGV reliant depuis 2007 Paris aux gares de Reims en 40 ou 46 minutes.
Le train est utilisé seulement par 8 % des Limousins ; l’opinion prétendument favorable à la LGV de 80 % d’entre eux est donc plus que sujette à caution : on a peu expliqué à ces mêmes Limousins que, même sans prendre le train, ils devront payer la grande vitesse avec leurs impôts locaux, et ils la payent déjà !
En outre, les usagers du train, en majeure partie, ne sont pas à un quart ou une demie heure
près ; ce qui leur importe est que leur train soit exact et confortable : c’est loin d’être le cas aujourd’hui sur la ligne historique du POLLT.
Enfin, il est courant d’affirmer que la LGV favoriserait la synergie entre les Universités des deux métropoles voisines, Poitiers et Limoges ; pourtant il est clair qu’une LGV favoriserait le siphonage de Limoges au profit de Poitiers.
Les mandarins parisiens de l’Université, qui doivent assurer en province une prestation une ou deux fois par semaine, favoriseront plus Poitiers desservi en 1h30 par de nombreux trains, que Limoges relié à Paris en 2 heures par un unique train.

 
 

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Transmis par Andry Nicol
 Sat, 29 Dec 2012 18:45:36 +0000 (GMT)
 

 
 


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