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BAC nord de Marseille + meurtre de Lyes Gouasmia = "Complicité d’homicide"

Jean-Michel Décugis et Aziz Zemouri | lepoint.fr | jeudi 15 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012

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EXCLUSIF. La note qui pointe la responsabilité de la BAC nord de Marseille dans un meurtre
Jean-Michel Décugis et Aziz Zemouri | lepoint.fr | jeudi 15 novembre 2012
    

Le patron marseillais de la police des polices soupçonnait, dès le 8 février dernier, des policiers de la BAC nord de complicité de meurtre.

Des perquisitions ont eu lieu le 2 octobre à la BAC nord de Marseille.

Des perquisitions ont eu lieu le 2 octobre à la BAC nord de Marseille.
© La Provence / Maxppp

L’affaire de la BAC nord est digne d’un polar. Le Point a pu consulter une note confidentielle, datée du 8 février 2012, du patron de la police des polices de Marseille, adressée au procureur de la République, dans laquelle il apparaît que celui-ci prend très au sérieux le fait que des policiers de la BAC nord aient pu fournir des renseignements de nature à favoriser un assassinat. "Il s’agit de la divulgation hors du milieu policier de l’identité d’un informateur de la BAC nord qui s’avérerait être Lyes Gouasmia, ayant préalablement dénoncé l’auteur d’un incendie de bus très médiatisé", affirme le commissaire divisionnaire Didier Cristini.

Le chef de l’IGPN de Marseille fait référence à l’affaire Mama Galledou, cette jeune étudiante de 28 ans d’origine sénégalaise grièvement brûlée dans un bus en octobre 2006. "Cette divulgation serait le fait d’éléments de la BAC nord auprès du milieu des dealers, dans un contexte de protection policière imposée faisant suite au service rendu", poursuit le policier. Et de préciser : "Un petit groupe de policiers directement intéressé au dynamisme du marché de la drogue, dans lequel ils pratiquaient (et pratiqueraient toujours) des extorsions, aurait considéré cette protection policière comme contraire à leur intérêt, et auraient pris Gouasmia en grippe."

Information cruciale

Cette lettre du 8 février 2012 confirme les informations d’un article paru dans Le Point du 25 janvier qui révélait cette sombre affaire. "En réaction à cette publication, des sources plurielles et déjà éprouvées positivement ont repris contact avec la délégation (de l’IGPN), souhaitant déposer sous le couvert de l’anonymat sur ces faits précis." Dans cette note, le patron de la police des polices de Marseille précise : "Le meurtre de Gouasmia serait survenu très peu de temps après son passage au siège de la BAC nord." Une information cruciale que nous ignorions jusqu’à aujourd’hui.

Le cadavre de Lyes Gouasmia avait été découvert le 14 septembre 2008, entièrement calciné et criblé de balles, près de Vitrolles, dans une BMW volée. Une information judiciaire avait alors été ouverte pour "homicide" par le parquet d’Aix-en-Provence avant d’être finalement classée faute d’éléments. Fait embarrassant : la police semble bel et bien avoir caché au juge, durant toute l’instruction, l’éventuelle identité d’indic de la victime. Ce qui aurait certainement permis une autre lecture du dossier.

"Complicité d’homicide"

Dans sa note du 8 février, le patron de la police des polices de Marseille fait un appel du pied au procureur. "Si l’information judiciaire était, le cas échant, rouverte, la délégation IGPN de Marseille serait prête à prendre en compte l’enquête sur le meurtre à partir du fil de la confirmation de la réalité du lien entre Gouasmia et la BAC nord, les fuites policières volontaires, et le lien entre la venue de Gouasmia à la BAC et son meurtre peu après."

L’information judiciaire a finalement été rouverte peu après. Il a alors été convenu entre le parquet de Marseille et celui d’Aix-en-Provence que, pour "des raisons d’urgences opérationnelles", la police des polices de Marseille "mette fin aux extorsions en cours ou à venir", avant de s’attaquer à l’affaire du meurtre du dealer. C’est chose faite. Quinze policiers de la BAC nord de Marseille ont été mis en examen pour "corruption", dont sept ont été écroués, et la BAC nord dissoute.

Selon nos informations, la police des polices de Marseille enquête depuis 15 jours sur l’affaire du meurtre de l’indic. La soeur de ce dernier a été récemment entendue par l’IGPN, même si son audition, toujours selon nos informations, n’a pas été versée au dossier d’instruction d’Aix. Entre-temps, l’avocat parisien Yassine Bouzrou, qui défend les intérêts de la famille Gouasmia, a porté plainte auprès du procureur de la République d’Aix-en-Provence pour "complicité d’homicide". Contacté par Le Point, Yassine Bouzrou n’a pas souhaité faire de commentaire.

L’enquête promet d’être longue et difficile. Selon nos informations, quatre anciens policiers de la BAC nord seraient désormais dans le collimateur de l’IGPN. Quatre policiers qui ne sont pas mis en examen dans l’affaire d’extorsion...




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