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Les violences anti-musulmanes s’aggravent en Birmanie
france24.com - saphirnews.com - lemonde.fr | jeudi 26, lundi 29 & mardi 30 octobre 2012
mardi 30 octobre 2012
Témoignage d’un musulman birman : “Ils ont tué ma femme et brûlé ma maison”
| france24.com | mardi 30 octobre 2012
Birmanie : les violences anti-musulmanes s’aggravent, 75 000 réfugiés
| saphirnews.com | lundi 29 octobre 2012
Violences interconfessionnelles dans la province birmane de l’Arakhan
Bruno Philip | lemonde.fr | jeudi 26 octobre 2012
Témoignage d’un musulman birman : “Ils ont tué ma femme et brûlé ma maison”
| france24.com | mardi 30 octobre 2012
Cette image satellite, prise le 25 octobre, montre la partie musulmane de la ville de Kyaukphyu, brûlée lors d’une récente attaque. Photo : Human Rights Watch.
Photo satellite de Kyaukphyu prise de 9 mars 2012, avant les attaques.
"J’ai essayé de récupérer le corps de ma femme mais ils continuaient de tirer"

Birmanie : les violences anti-musulmanes s’aggravent, 75 000 réfugiés
| saphirnews.com | lundi 29 octobre 2012
Les violences des Birmans bouddhistes à l’encontre des Rohingyas, une minorité musulmane de Birmanie, s’accentuent. Des nouvelles violences dans l’Etat Rakhine (ou Arakan), dans l’ouest du pays, ont provoqué la mort de plus de 85 personnes. Plus de 4 600 habitations, appartenant principalement aux Rohingyas ont également été détruites, selon le chef de l’ONU à Rangoun Ashok Nigam.
Pour sa part, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dénombre plus de 26 000 déplacés. Au total, ce sont près de 75 000 personnes qui ont été déplacées depuis les affrontements de juin dernier.
L’Etat de l’ouest birman, placé en état d’urgence depuis juin, est toujours instable. Les Nations Unies s’inquiètent de ne pas pouvoir accéder aux réfugiés pour leur fournir l’aide humanitaire nécessaire. Le régime birman, accusé d’être impliqué dans les violences anti-musulmanes, ne fait rien pour améliorer le sort des Rohingyas, persécutés depuis de nombreuses années.
La Birmanie a refusé dernièrement la présence, en son sol, de l’Organisation mondiale des pays musulmans (OCI), qui souhaite s’impliquer sur le terrain pour la protection de cette minorité, mais aussi des musulmans du pays globalement persécutés ainsi que les chrétiens. Les Kamans, minorité ethnique musulmane officiellement reconnue, sont en effet désormais la cible d’attaque de la population birmane, principalement bouddhiste.
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Violences interconfessionnelles dans la province birmane de l’Arakhan
Bruno Philip | lemonde.fr | jeudi 26 octobre 2012
La province birmane de l’Arakhan flambe à nouveau : les autorités locales viennent d’annoncer que plus d’une centaine de personnes ont été tuées et que trois mille maisons ont été brûlées lors d’émeutes qui ont éclaté ces derniers jours entre des membres de l’ethnie arakhanaise bouddhiste, majoritaire dans la province, et la minorité musulmane des Rohingyas. Selon le porte-parole du gouvernement provincial, le décompte des morts fait état de 51 hommes et de 61 femmes [ce bilan a été revu à la baisse vendredi soir, à 64 morts NDLR].
Si l’on ajoute le nombre de victimes des violences intercommunautaires qui avaient éclaté en juin, environ deux cent personnes ont été tuées en cinq mois dans cette province de l’ouest birman, située à la frontière du Bangladesh. Le conflit est en train de gonfler le nombre de réfugiés déjà installés par dizaines de milliers dans des camps sommaires situés à l’écart des lieux des affrontements qui se sont produits cette fois-ci non loin du site archéologique et touriste de Myaunk-U, l’ancienne capitale du royaume de l’Arakhan.
Le président birman Thein Sein, l’architecte des réformes qui ont fait passer en un an et demi le "Myanmar" de la dictature militaire à un système plus démocratique, a annoncé l’envoi de renforts militaires dans la région.
NOUVELLE FLAMBÉE DE VIOLENCE
Cette nouvelle flambée de violence risque d’entacher la nouvelle image de la Birmanie à un moment où celle-ci s’est lancée dans un programme visant à faire évoluer la situation politique, économique et sociale du pays. La plupart des prisonniers politiques ont été relâchés ces derniers mois et la dissidente Aung San Suu Ky a été élue député au Parlement en avril.
La violence se "déroule sous les yeux de la communauté internationale", a reconnu l’organe de presse du pouvoir "The new light of Myanmar" dans un éditorial inhabituellement franc sur la gravité de la situation.
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré vendredi que les réformes en cours "pourraient être compromises" si les violences continuaient. Les Rohingyas seraient environ 800 000 en Birmanie, surtout concentrés dans des districts frontaliers du Bangladesh. Apatrides, ces musulmans très proches des Bangladais au plan culturel et linguistique, ne sont pas reconnus par la Birmanie comme faisant partie des 135 ethnies répertoriées officiellement.
MINORITÉ MÉPRISÉE
Lors des troubles du mois de juin, de nombreux témoignages avaient laissé penser que, souvent, les forces de sécurité majoritairement bouddhiste n’avaient pas défendu les Rohingyas lorsqu’ils étaient attaqués. Il se pourrait que les choses aient évolué cette fois-ci : selon l’agence de presse américaine Associated press (AP), un villageois a témoigné de tirs de l’armée contre des bouddhistes arakhanais, vraisemblablement pour défendre des Rohingyas attaqués.
Mais il n’est pas possible de savoir si cette épisode est le fruit de directives officielles où s’il s’agit d’un cas isolé. Comme en juin, il est aussi difficile de savoir qui a initié les troubles, ces derniers se poursuivant sous la forme d’un cercle vicieux d’attaques et de représailles. Il est cependant indéniable que les Rohingyas, minorité méprisée et de longue date considérée par les Birmans comme des "envahisseurs" et des "étrangers" venus s’installer sur les terres des Bouddhistes, soient les cibles récurrentes d’un véritable racisme anti musulman.
Il n’y a pas que les Arakhanais, cette ethnie vivant dans l’Etat qui porte son nom, à s’élever contre la présence des Rohingyas, qui se distinguent de l’histoire des autres musulmans venus du sous-continent indien au temps de la colonisation britannique : le 15 octobre, des milliers de moines bouddhistes ont organisé un défilé anti-rohingya dans les rues de Rangoun, l’ancienne capitale et principale ville du pays, ainsi que dans la ville de Mandalay.
Bruno Philip (Bangkok, correspondant)
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