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à Amiens où ailleurs, à quoi sert la vidéosurveillance ?

Camille Polloni | rue89.com | mercredi 26 septembre 2012

mercredi 26 septembre 2012

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A quoi sert la vidéosurveillance ? A pas grand-chose à Amiens
Camille Polloni | rue89.com | mercredi 26 septembre 2012
    


« What are you looking at ? » (qu’est-ce que tu regardes ?), Bansky, Londres, 2006 (Nolifebeforecoffee/Flickr/CC)

Dans un rare effort de transparence, l’adjointe à la sécurité de la ville d’Amiens, Emilie Thérouin (EELV), a publié sur son blog jeudi dernier le résultat d’un audit sur la vidéosurveillance.

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Il montre que la municipalité dépense beaucoup d’argent pour apparemment pas grand-chose : à Amiens, les caméras sont inefficaces pour lutter contre la délinquance.

Au total, 48 caméras surveillent Amiens, implantées par l’équipe municipale précédente (UDF puis Nouveau centre). Ce qui place la ville au 23e rang des plus surveillées en France d’après le classement d’Owni. Pour la plupart, les caméras sont installées dans l’hypercentre.

La nouvelle majorité socialiste a gelé l’extension du parc, qui devait passer à 100 caméras.

L’efficacité, une notion délicate

A la demande de la municipalité, le cabinet Althing, spécialisé dans les audits de sécurité pour les collectivités territoriales, a réalisé une étude, à prétention plus prospective que scientifique. Elle a coûté 17 000 euros à la ville. L’audit souligne la difficulté de mesurer l’impact de la vidéosurveillance :

  • la délinquance peut évoluer pour différentes raisons, qui viennent biaiser les résultats ;
  • dans le travail policier, la vidéosurveillance peut intervenir à plusieurs niveaux, sans qu’il soit possible de dire que « les images ont permis de résoudre l’enquête » ;
  • la police n’a pas transmis de données très précises aux auteurs de l’étude ;
  • si vraiment ils craignent les caméras, les délinquants peuvent se déplacer de quelques rues.

54 réquisitions d’images

Après ces précautions d’usage, Althing tente quand même de dresser un bilan, en interrogeant les acteurs locaux. Tout en tenant compte d’une particularité du système de vidéosurveillance amiénois :

« Il est dédié en grande partie à la gestion des bornes escamotables, et donc au contrôle des flux urbains sur l’hypercentre.

L’utilité en matière de prévention de la délinquance pour une grande partie des caméras du centre-ville s’avère donc secondaire. »

D’après l’étude, la police nationale a procédé à 54 réquisitions d’images au premier semestre 2010. Un chiffre « très bas » :

« Comparativement, la ville de Bordeaux (230 000 habitants pour 58 caméras dôme sur voie publique) comptabilisait en 2010 sur les six premiers mois de l’année 257 réquisitions, 3 869 signalements vidéo de la ville vers la police nationale et 1 072 demandes de transfert d’images. »

Pour le cabinet du préfet, « une vingtaine d’affaires » ont été résolues grâce aux caméras en dix-huit mois. Il ne donne que deux exemples :

  • une série de dégradations (feux de véhicules) sur la rue Couperin, en flagrant délit ;
  • l’auteur de tags et dégradations sur un local politique a été identifié grâce aux enregistrements.

Le procureur, qui vient d’arriver, ne donne pas son avis sur le dispositif existant.

Pas d’impact sur les vols

85% des caméras d’Amiens sont situées au centre-ville, un secteur où 3 538 faits de délinquance ont été constatés en 2010. Dans un cas sur cinq, c’est un vol. D’après l’étude :

« Malgré la présence d’un dispositif dense, la vidéoprotection ne semble pas avoir d’impact dissuasif. »

Pourtant, le rapport conseille aux élus... de développer la vidéosurveillance.

L’adjointe à la sécurité commanditaire de l’audit, Emilie Thérouin, n’est pas vraiment une « vidéolâtre ». Elle s’étonne de cette conclusion :

« J’ai beaucoup de difficultés à comprendre. L’étude dit qu’il y a des caméras dans l’hypercentre, de la délinquance dans l’hypercentre, et donc qu’il faut mettre plus de caméras. »

Peu d’études, pas de résultats

Il existe peu d’études disponibles sur l’efficacité de la vidéosurveillance. En juillet 2011, la Cour des comptes le déplore :

« A Nice par exemple, où le réseau de caméras le plus important de France, hormis Paris, a été mis en place depuis 2001, aucune évaluation de son efficacité n’a été réalisée par la ville. »

Il existe tout de même quelques audits :

  • à Lyon, la ville a évalué l’efficacité du dispositif en comparant 57 zones, surveillées et non-surveillées. Dans les premières, la délinquance a diminué de 23,5% en trois ans. Dans les secondes, de 21,9%. La différence n’est donc pas significative. Et parmi les délits élucidés, une quantité négligeable l’ont été grâce à l’usage de caméras ;
  • à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) non plus, la vidéosurveillance n’a pas permis de faire diminuer la délinquance, d’après le rapport de la chambre régionale des comptes ;
  • au niveau national, les conclusions sont plutôt négatives.

Mais la croyance du moment veut que pour lutter contre la délinquance, les municipalités multiplient les caméras comme des petits pains.




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