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« Coup d’État » en Équateur : Correa de retour au palais présidentiel

cyberpresse.ca - 30 septembre 2010

vendredi 1er octobre 2010

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« Coup d’État » en Équateur : Correa de retour au palais présidentiel

Le président équatorien Rafael Correa, un masque à gaz sur la tête, quitte les lieux d’une manifestation de policiers et de soldats alors que des gaz lacrymogènes sont lancés par les protestataires.

Photo : Dolores Ochoa, AP

Agence France-Presse
Quito

Le président équatorien Rafael Correa est retourné au palais présidentiel jeudi soir, d’où il s’adressait à ses partisans du balcon pour les remercier de leur « immense appui » face à la rébellion de policiers et militaires, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le président équatorien Rafael Correa a pu quitter jeudi soir l’hôpital où il était retenu par des policiers sous la protection de l’armée, au milieu d’un échange nourri de tirs entre policiers et militaires, a déclaré à l’AFP le vice-ministre de l’intérieur Edwin Jarrin.

« Nous l’avons sorti, nous l’avons sorti », a déclaré par téléphone à l’AFP le vice-ministre, aux alentours de 22h30, heure locale (23h30, heure de Montréal).

Le vice-ministre était au côté de Rafael Correa lorsqu’il a quitté l’hôpital où des policiers le retenaient depuis la mi-journée.

Le chef de l’État équatorien a quitté le bâtiment sous la protection de militaires et d’une unité d’élite de la police.

Correa avait tenté une première fois de quitter les lieux mais avait dû faire marche arrière en raison de l’échange de tirs autour de l’hôpital entre policiers et militaires.

Le président équatorien Rafael Correa avait assuré plus tôt à la télévision qu’il « gouvernait » toujours l’Équateur, même s’il se déclarait « séquestré » par des policiers qui encerclaient un hôpital où il avait trouvé refuge après ce qu’il a qualifié de « tentative de coup d’État ».

« Le président est en train de gouverner la nation depuis l’hôpital », avait déclaré Rafael Correa dans un entretien à la chaîne de télévision ECTV. « Je sortirai d’ici comme président, ou mort » a-t-il ajouté.

« Évidemment c’est une séquestration », avait assuré le président socialiste, un économiste de 47 ans au pouvoir depuis 2007, allié du président vénézuélien Hugo Chavez. « Ils ne m’ont pas laissé sortir (...) ils ont bloqué toutes les sorties de l’hôpital », a-t-il ajouté.

Le président équatorien, opéré la semaine dernière d’un genou, avait trouvé refuge dans un hôpital de la police dans le nord de la capitale, après l’explosion d’une bombe lacrymogène à ses pieds alors qu’il était dans une foule, à sa sortie d’une caserne.

L’hôpital était encerclé par des policiers, qui demandaient l’abrogation d’une loi approuvée mercredi par le Congrès, réduisant les primes de tous les fonctionnaires, dont les militaires et les policiers.

« En réalité, au cours des premières heures, je ne pouvais pas sortir parce que j’étais sous perfusion et parce qu’on soignait ma jambe. Mais il y a quelques heures j’étais prêt à sortir et je n’ai pas pu parce qu’ils n’ont pas dégagé les sorties », a expliqué le président.

Rafael Correa a fait ces déclarations depuis l’hôpital, cinq heures et demie après avoir dénoncé une « tentative de coup d’État » contre lui de la part de militaires et de policiers proches de l’ancien président Lucio Gutierrez renversé en 2005.

Il avait affirmé qu’il ne dialoguerait pas avec les policiers rebelles tant que la situation ne serait pas revenue à la normale.

« Plutôt mort (que de négocier). Dans l’état actuel des choses, oublions tout accord ou dialogue », affirmait Rafael Correa. « Tant que dure cet état des choses, il n’y a rien à discuter, rien sur quoi trouver un accord, qu’ils ne pensent même pas à m’apporter quelque chose à signer », avait-il ajouté.

Environ 150 militaires ont occupé temporairement l’aéroport international de Quito, tandis que des policiers investissaient toujours le Congrès.

Le président affronte depuis quelques semaines la fronde de plusieurs secteurs comme les enseignants et les chauffeurs. L’opposition cherche en outre à promouvoir un référendum en vue de sa révocation.

Le chef de l’armée ordonne aux putschistes de se rendre

Le commandant des forces armées équatoriennes, le général Ernesto Gonzalez, a ordonné jeudi aux policiers qui se sont soulevés contre le gouvernement de se rendre.

Les « forces armées vont analyser la situation et puisqu’elles sont en état d’urgence, s’il est nécessaire d’intervenir, on le fera », a déclaré le général au cours d’une conférence de presse où il a réitéré son soutien au président socialiste Rafael Correa.

« Mais avant tout, je demande très formellement aux compagnons de la police nationale de renoncer à leur attitude. Qu’ils aient confiance dans le commandement policier et militaire, ils peuvent être sûrs que la situation va être résolue et surtout que leurs droits vont être garantis », a déclaré le chef de l’armée.

Il a plaidé au cours de sa conférence de presse pour que la loi contestée par les rebelles soit révisée ou abrogée, tout en soulignant que ce n’était pas une condition pour son soutien au président.

« Ce n’est pas une condition, nous demandons que la loi mentionnée soit révisée » ou « abrogée », a-t-il déclaré.

Le général a accusé « certains éléments du secteur passif (retraités de l’armée) en coordination avec des secteurs politiques » d’avoir diffusé « des tracts et des courriers électroniques à l’intérieur des unités militaires » ces derniers mois pour « faire de la désinformation » sur la politique du gouvernement.

Le commandant Ernesto Gonzalez avait annoncé plus tôt qu’il soutenait le gouvernement de Rafael Correa, se désolidarisant des militaires qui ont pris l’aéroport.

Le gouvernement équatorien a déclaré l’état d’urgence dans le pays.

« Les forces armées, avec le professionnalisme qui les caractérise, sont en train de prendre des mesures, dans le cadre de la Constitution et de la loi, et vont garantir l’ordre public puisque des membres de la police nationale ont abandonné leurs postes de façon irresponsable », a déclaré le ministre de la Sécurité, Miguel Carvajal.

Selon lui, « toute la police n’est pas dans l’insubordination ».

Le « coup d’État » condamné par Washington et La Havane

Le gouvernement cubain de Raul Castro a condamné la tentative de « coup d’État » contre le président socialiste équatorien Rafael Correa, et a appelé les Etats-Unis à la rejeter aussi, juste avant une déclaration américaine en ce sens.

« Cuba condamne et exprime le plus ferme rejet du coup d’État qui se déroule en Équateur », a déclaré à la presse le ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez, en disant parler sur « instructions » du président Raul Castro.

L’île communiste « appelle le gouvernement des États-Unis à se prononcer contre le coup d’État. Une omission le rendrait complice de cette tentative de coup d’État », a poursuivi le ministre en mettant en cause « l’oligarchie équatorienne et des groupes de conspiration » visant à déstabiliser le pays et la région.

Peu après cette déclaration, la représentante américaine à l’Organisation des Etats américains (OEA), Carmen Lomellin, a dénoncé toute tentative de violer l’ordre constitutionnel de l’Equateur, au cours d’une réunion extraordinaire des pays de l’OEA dont Cuba, sous embargo américain depuis 48 ans, ne fait pas partie.

« Nous apportons notre soutien au gouvernement démocratique en Équateur. Nous apportons notre soutien au gouvernement du président Correa », a ajouté Carmen Lomellin.

Le département d’État américain avait annoncé plus tôt suivre « de près » la situation en Équateur où des militaires ont pris possession de l’aéroport de Quito et des policiers du Congrès pour protester contre une réforme d’austérité du président Correa.

« Cette tentative a pour but de réduire au silence la voix de l’Équateur du président Correa » qui « dénonçait la politique interventionniste des États-Unis », a estimé le ministre cubain, ajoutant que ce coup visait « en définitive à restaurer la domination de l’impérialisme » dans la région.

L’Équateur fait notamment partie avec Cuba, le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), un regroupement de pays de gauche qui avaient mis en cause Washington dans le coup d’État qui avait renversé en juin 2009 le président de gauche du Honduras Manuel Zelaya.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a appelé jeudi les pays de l’ALBA à se porter au secours de Rafael Correa.

L’Équateur : un pays instable

La rébellion de policiers et de militaires illustre une nouvelle fois l’instabilité chronique de ce pays sud-américain, théâtre de nombreux soulèvements depuis le retour de la démocratie en 1979.

Ces treize dernières années, depuis 1997, l’Équateur a connu huit présidents différents.

2010 : Rafael Correa, un allié du président vénézuélien Hugo Chavez, fait face à une rébellion de militaires et de policiers apparemment déclenchée par la réduction de leurs primes d’ancienneté. M. Correa a été élu une première fois en 2007, puis réélu en 2009 après l’adoption d’une nouvelle Constitution. Son mandat expire en 2013. Il a dénoncé jeudi une tentative de coup d’État.

2005 : Le colonel Lucio Gutierrez, élu président pour la période 2003-2007, est renversé après des manifestations populaires et la déclaration de l’abandon de son poste en avril 2005 par le Congrès. Il est remplacé par le vice-président, Alfredo Palacio.

2000 : Jamil Mahuad, élu pour la période 1998-2003, est renversé par un coup d’État après une rébellion indigène soutenue par un groupe d’officiers de l’armée mené par Lucio Gutierrez. Le vice-président Gustavo Noboa prend la place de M. Mahuad.

1997 : Abdala Bucaram, élu pour la période 1996-1998, est destitué par le parlement qui a déclaré son incapacité mentale pour exercer la présidence. La vice-présidente Rosalia Arteaga occupe temporairement son poste avant de le céder au président par intérim Fabian Alarcan, élu par le parlement. Des élections anticipées sont convoquées.


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