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James Stavridis, OTAN : « Les murs ne fonctionnent pas. Il faut construire des ponts »

Ben Lillie traduit par Shadia Ramsahye | tedglobal.blog.lemonde.fr | mardi 26 juin 2012

mercredi 27 juin 2012

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James Stavridis, OTAN : « Les murs ne fonctionnent pas. Il faut construire des ponts »
Ben Lillie
traduit par Shadia Ramsahye | tedglobal.blog.lemonde.fr | mardi 26 juin 2012


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L’amiral James Stavridis est le Commandant Suprême de l’OTAN. Il est le partisan de ce qu’il appelle la sécurité open-source. Son approche de la sécurité au 21e siècle est très différente de la façon dont on a pu aborder la sécurité auparavant.

En portant un regard sur les modes de sécurité d’un passé proche, il montre une image de Verdun, un champ de bataille en France pendant la Première Guerre Mondiale, où pendant 300 jours, 700 000 personnes ont été tuées – environ 2 000 personnes par jour. Plus tard, pendant la Seconde Guerre Mondiale, à la bataille de Stalingrad, 2 millions de personnes ont été tuées sur 300 jours. On continuait à construire des murs : la ligne Maginot, le mur de Berlin, le rideau de fer. Mais « les murs ne fonctionnent pas ».

Stavridis pense que nous avons besoin d’un modèle différent : « Au lieu de construire des murs pour assurer la sécurité, nous devrions construire des ponts ». Il montre une photo la rivière Drina, qui constitue la frontière entre la Bosnie, l’Herzégovine, et la Serbie. C’est un symbole de la façon dont nous devons avancer pour créer des liens ainsi qu’une image forte de son modèle radical. « La sécurité open-source consiste à relier tout ce qui est international, inter-agence, le privé, et le public – et rattachant tout cela à une communication stratégique entre réseaux sociaux. »

Les menaces aux biens communs

Quelles sont les menaces auxquelles nous ferons face au 21e siècle ? Il montre une image d’un bateau entouré de fil barbelé. Etant lui-même membre de la Marine, il sait que « ce n’est pas à cela que doit ressembler un bateau ». Les bateaux sont sujets aux attaques des pirates, dans le détroit de Malacca, le Golfe de Guinée, et partout dans le monde. L’an dernier, 20 bateaux et 500 personnes ont été pris en otage.

Il y a, bien sûr, des menaces venant de l’océan numérique. Stavridis montre deux hommes qui ont commis une fraude aux cartes de crédit valant 10 milliards de dollars. Il existe une énorme industrie de la fraude, avec des profits de plus de 2 trillions de dollars. Presque autant que le PIB du Royaume-Uni.

Il est également préoccupé par le trafic illégal : le trafic de drogues, le trafic d’armes – potentiellement des armes de destruction massive – et surtout, la traite des êtres humains. Tout cela se passe dans le bien commun international. « Le trafic se fait le plus souvent à travers les océans, mais aussi dans d’autres parties de l’économie mondiale. »

Il montre la photo d’un sous-marin en disant : « J’aurais aimé pouvoir vous dire que nous utilisons un appareil très sophistiqué de la Marine américaine pour arrêter le trafic de drogues. » Mais ce n’est pas le cas. En fait, il s’agit d’un sous-marin transportant six tonnes de cocaïne fabriqué dans la jungle colombienne, avec un équipement sophistiqué et un équipage de quatre personnes.

Finalement, il montre une photo d’un champ de coquelicots en Afghanistan, le cœur de l’opium et de l’héroïne. Il fait ressortir qu’Al-Qaida est un réseau mondial, et que le terrorisme fait partie du bien commun international.

Quelles solutions ?

« On n’assurera pas la sécurité uniquement par les armes, » dit le Commandant Suprême de l’OTAN. Il pense qu’on aura besoin de l’armée, et que quand cela est nécessaire, la force doit être utilisée de façon correcte et compétente. Mais la sécurité au 21e siècle est un concept bien plus complexe.

Quelques exemples : Il montre une photo de soldats afghans portant des livres. Il s’agit d’une population largement analphabète – 85%. L’OTAN, pendant l’entraînement militaire, leur apprend à lire et à écrire – jusqu’ici ils ont enseigné à plus de 200 000 personnes. Quand vous apprenez à lire en Afghanistan, vous portez un stylo dans votre poche. Il a été à ces cérémonies et il a vu les recrues mettre le stylo dans leur poche avec beaucoup de fierté : « Ceci est la sécurité du 21e siècle. » Ils leur apprennent également comment se battre, mais il en faut bien plus. « La sécurité open-source se rapporte également à la façon de créer des liens dans des façons qui créent des effets qui durent. »

Un exemple différent serait un navire-hôpital, le Comfort. C’est un navire militaire, mais il a un équipage de 500 personnes, avec des militaires, des civils du gouvernement, des médecins, et des volontaires venant de différentes organisations. Cet équipage multi-connecté part en mer durant 4-5 mois, effectuant 400 000 traitements par voyage. Sur ce navire, « on commence à voir comment le pouvoir peut assurer la sécurité autrement. »

Il y a aussi des contributions dans divers domaines, allant de la promotion de la santé physique aux plans d’urgence.

Connexions

Stavridis montre un planisphère couvert de lignes reliant différents points sur la carte. Ce ne sont pas des routes maritimes quelconques, mais il s’agit du monde d’après Twitter. Cette carte, dit-il, montre à quel point nous sommes connectés. Il y a des connexions grandissantes entre les plus grands pays du monde, par ordre : « la Chine, l’Inde, les États-Unis, Twitter, Facebook, et l’Indonésie. »

Récemment, après avoir donné une conférence, il a demandé aux gens de l’ajouter comme ami sur Facebook. Une histoire a circulé dans la presse, avec pour titre : « Un amiral de l’OTAN a besoin d’amis. » Et des pays où cette histoire a été publiée, il a reçu une multitude de demandes d’ajout, disant bonjour, et demandant, « C’est quoi l’OTAN ? » C’est un monde interconnecté, et même le Commandant de l’OTAN en fait partie.

Stavridis pense que, « la vie n’est pas un interrupteur ; on n’a pas besoin d’être un militaire au combat ou à la caserne. » Même si dans la vie on a besoin d’être prêt pour le combat à tout moment, il y a également beaucoup de façons pour contribuer. Et on devrait voir la vie non pas comme un interrupteur, mais comme un rhéostat avec lequel on puisse interagir.

Il conclut avec un commentaire sur Wikipédia – il y cherche toujours des informations. Et c’est important de se souvenir que Wikipédia n’a pas été créé par 12 génies dans une pièce. Ce sont, tous les jours, des dizaines de milliers de personnes qui entrent des informations et des dizaines de milliers de personnes qui en tirent des informations. C’est un exemple parfait de l’axiome : « aucun d’entre nous n’est aussi intelligent que nous tous réfléchissant ensemble. » Partager et se connecter est ce qui rend possible la sécurité du 21e siècle. Selon lui, en combinant tout le monde, « on peut créer la somme de toutes les sécurités. »






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Transmis par Olivier Poularon
Wed, 27 Jun 2012 05:36:44 -0700


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