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Le GFN, ce "convoi" pas...

Olivier Cabanel | agoravox.fr | vendredi 22 juin 2012

vendredi 22 juin 2012

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Le GFN, ce "convoi" pas...
Olivier Cabanel | agoravox.fr | vendredi 22 juin 2012

Le 19 juin 2012, un convoi nucléaire a tenté de traverser, le plus discrètement possible, une partie de la France, prouvant une fois de plus que la transparence n’est pas de mise au pays du nucléaire. Heureusement une organisation citoyenne, Next-Up, a vendu la mèche.


Ce n’est pas la première fois que des convois nucléaires traversent le pays, et il a fallu enquêter pour découvrir ce qui était transporté.

Comme l’explique l’un des responsables de Next-Up, dans la majorité des villes traversées, ni le maire, ni la police municipale n’ont été avertis, afin d’éviter d’éventuelles fuites. lien

Ce convoi exceptionnel appelé GFN (go fast nucléaire) n’est pourtant pas une première, mais on peut s’interroger sur le choix de circuler en plein jour avec un tel convoi exceptionnel, traversant, comme ça vient d’être le cas des agglomérations ou des boulevards dits « de ceinture », provoquant d’importants bouchons, et surtout mettant la population en danger, en cas d’accident.

Long d’environ 200 mètres, d’un poids de 232 tonnes, hors gabarit, occupant toute la largeur de la route, pour un seul container transporté, le convoi consistait en une douzaine de véhicules, estampillés EDF, accompagnés de véhicules de gendarmerie, dont certains était banalisés, l’un d’entre eux diffusant un message pour le moins curieux : « interdiction de photographier, veuillez apporter vos cartes mémoire  ».

Durant le parcours, il y eut quelques problèmes, puisque à certains endroits le tracteur, et le pousseur, n’avaient pas assez de puissance pour passer la pente de la route, et le convoi fut bloqué quelques temps dans la montée nord du Pont des Allobroges à Romans.

Interrogée par Claude Cassé, conseiller municipal, membre de la CLI (commission locale d’information), et de SDN, (sortir du nucléaire), Elodie Dufour, chargée de communication EDF, a donné quelques détails sur ce convoi exceptionnel : il s’agissait en fait du transport d’un couvercle de cuve de réacteur, provenant probablement de la centrale nucléaire du Tricastin.

Il pèse 100 tonnes et « l’emballage bleu » qui était censé l’isoler pesait 34 tonnes.

La radioactivité mesurée à plus de 6 mètres du container par Next Up, était relativement minime, mais que ce serait-il passé en cas d’accident, puisque le convoi a traversé de nombreuses communes.

Il consistait à transporter un énorme cylindre bleu, en acier, avec la mention « 64 400 méga becquerels  ». photo

Le produit radioactif émis serait du cobalt 60, lequel émet un rayonnement gamma et beta, et il était à destination provisoire de la centrale nucléaire de Bugey pour être acheminé plus tard au centre de déchets de l’Aude implanté sur les communes de Soulaines, Dhuys, Epothémont et La Ville-aux-Bois, géré par l’ANDRA (agence nationale de gestion des déchets radioactifs).

Le cobalt 60 a une demi vie (ou période) de 5,2714 ans, perdant donc la moitié de sa radioactivité au bout d’un peu plus de 5 ans. lien

Pour revenir à la centrale nucléaire de Bugey, l’une des plus vieilles de France, il faut savoir qu’est prévu sur ce site, une installation de conditionnement et d’entreposage de déchets activés (ICEDA), c’est à dire une poubelle de déchets nucléaire, projet qui vient d’être suspendu suite à l’annulation du permis de construire, le 6 janvier 2012, par le Tribunal administratif de Lyon, confirmé en appel le 19 juin 2012, (lien) et une révision du PLU (plan local d’urbanisme) est prévue afin de permettre à EDF de déposer un nouveau permis de construire. lien

C’est en octobre 2005 que fut déposé la demande d’autorisation pour la création de cette structure, suivie par 2 décrets l’un autorisant de procéder au démantèlement de « Bugey 1 », l’autre autorisant la création d’ICEDA, le permis de construire ayant été délivré le 22 février 2010.

Cette installation devait accueillir 500 tonnes de déchets nucléaires, issus de 9 réacteurs français en cours de démantèlement. lien

Cet épisode scabreux remet au devant de la scène le problème des déchets nucléaires.

L’enfouissement de ces déchets, prévu à Bure, est inacceptable, si l’on tient compte que certains de ces déchets ont une période (demi-vie) de plus de 24 000 ans, et qu’il serait irresponsable d’enterrer dans des containers, aussi sécurisés soient-ils, ces déchets dangereux, si l’on veut garantir la sécurité des générations futures. lien

En effet, comment préjuger de l’état de conservation de ces containers en béton au bout de100 000 ans ?

C’est aussi beaucoup d’argent investi en vain, puisque le projet d’enfouissement à Bure est passé en quelques années de 15 à 35 milliards d’euros. lien

Il n’y a guère de solutions pour découvrir les éventuelles fuites radioactives une fois qu’ils seraient enfouis et de surprenants scientifiques, comme Françoise Bastide et Paolo Fabbri, ont imaginé en 1990, l’élevage de chats radiosensibles, marqués génétiquement, qui se coloreraient au contact des rayons radioactifs. lien

Et quid de la tentation d’éventuels terroristes qui en pillant un site, voleraient du plutonium pour commettre des attentats comme l’imagine Marcos Buser ? lien

Le 21 juin 2012, en Suède, une tentative d’attentat a été déjouée, menaçant la centrale nucléaire de Ringhals. lien

Nous sommes donc aujourd’hui sans solution pour gérer les 672 000 tonnes de déchets dangereux français et ceux qui imaginent naïvement les envoyer dans l’espace devraient y réfléchir à 2 fois.

D’après l’ANDRA, à la fin de l’année 2007, il existait déjà en France 1 153 000 m3 de déchets radioactifs dont seulement 824 609 m3 ( lien) ont été éparpillés sur 1121 sites. lien

Une fusée Ariane 5 ne peut en envoyer en orbite plus de 10 tonnes, et sachant que chaque vol coute  160 millions d’euros, malgré la baisse des couts, (lien) il faudrait envisager de payer plus de 10 000 milliards d’euros pour se débarrasser des déchets les plus dangereux.

Et puis comment garantir que l’un des 67 000 vols ne provoque pas un accident, faisant retomber sur la planète 10 tonnes de déchets dangereux ?

La solution tentée à Creys-Malville d’utiliser les déchets nucléaires pour produire de l’énergie, s’est soldée par un cuisant échec coutant en fin de compte près de 20 milliards d’euros. lien

Le nucléaire n’est donc pas la bonne réponse au défi énergétique qui nous est lancé, et au moment ou les énergies fossiles voient leur stock entamer leur décroissance, il serait temps de se tourner définitivement vers les énergies propres et renouvelables, afin de se mettre au diapason de la majorité des états européens.

En attendant, les convois de déchets de combustibles irradiés se multiplient, et le 21 juin, un nouveau convoi ferroviaire de déchets est arrivé dans la Manche, à Valognes afin d’être acheminé par la route vers le site de stockage de La Hague.

Provenant des Pays Bas, Il comportait près de 7 tonnes de combustible irradié, et fait partie de l’un des 750 transports nucléaires organisés tous les ans par AREVA. lien

Ces convois transportent des produits hautement radioactifs, et on a mesuré à proximité des trains des taux de radioactivité élevés.

Yannick Rousselet, chargé de la campagne contre le nucléaire de Greenpeace France affirme que certains taux mesuré à 30 mètres des containers vitrifiés sont de 100 à 1000 fois supérieurs à la moyenne, mettant an danger la santé des populations, même si AREVA affirme que ces taux sont 24 fois inférieurs au seuil normal. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « la cravate est un accessoire qui permet d’indiquer la direction du cerveau de l’homme  ».

L’image illustrant l’article provient de next-up.org

Merci aux internautes de leur aide efficace

Olivier Cabanel

Infos diverses : le 13 octobre 2012, des « marches des réfugiés », convergentes quittant le site de Bugey se rendront en deux jours en plein cœur de Lyon balisant leur parcours par des panneaux « zone d’exclusion »..

Du 7 au 11 juillet 2012, à Notre Dame de Landes, des citoyens et associations échangeront sur le thème des « grands projets inutiles ».lien

Il y a encore beaucoup d’actions prévues tout au long de l’été, comme par exemple les rencontres de La Feclaz,en Savoie (17-19 aout 2012) et la liste est sur ce lien.



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