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Quinze médecins dénoncent l’abus d’antidépresseurs en France

LE MONDE | 25.08.08 |

lundi 25 août 2008

Quinze médecins, dont treize psychiatres, lancent un appel contre l’abus
des antidépresseurs en France. Publié dans le numéro de septembre du
mensuel Psychologies Magazine, le texte est signé notamment par Gérard
Apfeldorfer, Boris Cyrulnik, Serge Hefez, William Lowenstein, Marcel
Rufo et David Servan-Schreiber. Destiné à interpeller la société
française, il dénonce "un triste record" et met en avant les dangers de
cette surmédicalisation.

En s’appuyant sur une enquête de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS) sur la période 2001-2003, les signataires rappellent que "21,4 %
des Français ont consommé des médicaments psychotropes dans l’année,
contre 15,5 % des Espagnols, 13,7 % des Italiens, 13,2 % des Belges, 7,4
% des Néerlandais et 5,9 % des Allemands".
Cette surconsommation a notamment été soulignée, en juin 2006, par une
étude sur l’usage de médicaments psychotropes en France commandée par
l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé et cordonnée
par Hélène Verdoux et Bernard Bégaud, tous deux chercheurs à l’Inserm et
à l’université Bordeaux-II.

"ALTERNATIVES EFFICACES"

Les "troubles mentaux" représentent le quatrième poste des dépenses
pharmaceutiques de l’assurance-maladie et se situent - avec 122 millions
de boîtes vendues en 2005 - au deuxième rang en termes de prescriptions,
derrière les antalgiques. De 300 millions d’euros en 1980, le montant
remboursé par l’assurance-maladie pour ces produits a atteint 1 milliard
d’euros en 2004. Un adulte sur quatre utilise un psychotrope au moins
une fois par an. De plus, une vaste étude publiée au début de l’année a
montré qu’en dehors des dépressions très sévères, les antidépresseurs
les plus récents ne sont pas plus efficaces qu’un placebo.
Face à une surconsommation qui "augmente chaque année", les signataires
de l’appel indiquent que leur "objectif n’est pas de remettre en
question l’aide majeure apportée par ces molécules dans le traitement
des pathologies mentales ni dans les situations de crise aiguë. Mais il
nous semble nécessaire et urgent d’alerter l’opinion et les pouvoirs
publics sur les dangers de cette surmédicalisation du mal-être et sur
l’existence d’alternatives non médicamenteuses aussi efficaces". Ils
précisent que "les techniques ayant fait leurs preuves pour soulager la
douleur psychique non pathologique ne manquent pas : psychothérapie,
phytothérapie, relaxation, méditation, activité physique..."

Paul Benkimoun
Article paru dans l’édition du 26.08.08

© Le Monde.fr - 26.08.08 | 14h27


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