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Water Makes Money + Forum Alternatif mondial de l’Eau

watermakesmoney.com | février 2012

samedi 11 février 2012



Water Makes Money

Un film de Leslie Franke et Herdolor Lorenz
Une co-production de KERNFILM avec Achille du Genestoux et La Mare aux canards, en collaboration avec Aquattac et ZDF/ARTE, soutien par Filmförderung Hamburg Schleswig-Holstein

À tous les opposants à la privatisation et à toutes celles
et tous ceux qui s’intéressent à la sauvegarde
de notre ressource vitale : l’eau.

Le film « Water Makes Money » est entré dans l’histoire. Un an et demi après sa première très acclamée dans 150 villes européennes, le chef du service presse de Veolia Allemagne, Matthias Kolbeck, s’exprimait ainsi :

Selon lui, il était regrettable que la plainte de Veolia contre ce film ne soit pas également dirigée contre les producteurs allemands. Après que la commission rogatoire ait été rejetée par les autorités allemandes, la société-mère française aurait demandé à la filiale allemande de Veolia de porter plainte contre Leslie Franke et Herdolor Lorenz selon le droit allemand. Veolia Deutschland aurait cependant décliné cette demande après mûre réflexion en arguant que Water Makes Money et la plainte française contre ce film auraient déjà tellement nui au groupe Veolia qu’une plainte en Allemagne ne pourrait qu’aggraver les dégâts….

N’est-ce pas un compliment merveilleux ?! Ce groupe industriel puissant n’a pas renoncé de son plein gré à une plainte en Allemagne. Il semblerait que seule la peur de l’opinion publique ait fait changer d’avis Veolia ! À ce jour, presque 1,5 million de personnes ont vu le film. Ce pouvoir de l’opinion publique représente également un grand compliment pour les centaines de personnes engagées, pour tous les groupes actifs et les initiatives citoyennes, qui se battent contre les intérêts privés des grands groupes industriels œuvrant dans le domaine de l’eau. Ils ont fait du film Water Makes Money une arme puissante. C’est une petite victoire de la société civile !

Le seul bémol : La plainte qui se dirige contre Jean-Luc Touly et les distributeurs français, donc justement contre ceux qui ne sont absolument PAS RESPONSABLES, est toujours pendante. Certes, c’est un secret de Polichinelle en France : avant les élections présidentielles, Veolia ne se risquerait probablement pas à s’engager dans un procès impopulaire qui pourrait nuire à M. Sarkozy, étroitement lié au groupe Veolia. Mais nous - et vous tous -, nous devons rester vigilants et s’il devait y avoir un procès pénal, nous devons porter le sujet devant l’opinion publique qui pourra protéger nos amis français d’une décision arbitraire de la justice. Les faits présentés dans ce film ne sont pas contestés ! Ils veulent seulement faire interdire le qualificatif « corruption » !


Depuis que Water Makes Money a commencé en 2008 à attirer l’attention sur l’exploitation lucrative de la ressource vitale « eau » par l’intermédiaire des PPP (Public-private partnership) la valeur de l’action de Veolia est tombée à 13,28% de sa valeur d’avant (de 64,55 € à 8,57 €) et le Global Player est entré dans une crise grave !

Certes, le premier responsable n’est pas notre film. Mais prenons l’exemple de l’Italie. Dans le cadre des préparatifs du référendum national contre la privatisation de la distribution de l’eau, la version italienne du film a été présentée dans tout le pays plusieurs centaines de fois (cette carte ne montre que les projections sous licence – selon nos collègues italiens, il faudrait compter environ 10 projections non licenciées pour 1 projection sous licence). En Italie, les référendums nationaux n’ont jamais connu de succès, car au moins 50% des citoyens ayant le droit de vote doivent voter « oui » - et ceci dans une situation dominée par la puissance médiatique écrasante du système Berlusconi ! Mais ce référendum a rencontré le succès – et nombreux étaient ceux qui appelaient le résultat une « révolution culturelle » en Italie. Maintenant, Veolia Aqua doit se retirer complètement d’Italie ! Quelle défaite pour le groupe mondial habitué au succès. Entre-temps, la pression des actionnaires était telle que le groupe Veolia doit même se retirer de 40 pays sur les 77, dans lesquels le groupe était présent jusqu’ici !

En Allemagne, par contre, la société Veolia est toujours présente. Seul le groupe jumeau Suez/Eurawasser est en train de se retirer complètement d’Allemagne : du jour au lendemain Suez a vendu ses activités dans le domaine de l’eau et des eaux usées dans les villes de Rostock, Schwerin, Goslar, Halle, Leuna et Saale-Unstrut et dans la région du Rheingau au Global Player allemand Remondis.

Les maires vont tendre l’oreille : Suez et également Veolia ont tellement « communiqué » ces derniers temps sur le développement durable et des partenariats forts et fiables. Et du jour au lendemain le « partenaire fort » a disparu subitement, les promesses sont oubliées et les municipalités n’ont pas leur mot à dire ! Dans le meilleur des cas on les informe après coup, entre quelles mains se trouve maintenant l’approvisionnement en eau de leurs citoyens. C’est une véritable leçon sur la fiabilité des relations que Suez donne en ce moment en Allemagne et Veolia dans 40 pays du monde !

Il n’est donc pas étonnant que l’idée fasse son chemin un peu partout, qu’il serait mieux de recommunaliser l’approvisionnement en eau, et partout « Water Makes Money » est une aide précieuse : si le film montre la figure centrale de la corruption structurelle en Ile-de-France, André Santini, dans la fonction du président du Comité du bassin Seine-Normandie, les rapports de force ont depuis été bousculés. Anne le Strat, la pionnière de la lutte pour la gestion communale de l’eau, a été élue nouvelle présidente du Comité. Cependant, Monsieur Santini a porté plainte contre cette décision – pour l’instant avec succès.

Ou prenons l’exemple de Berlin : dans cette ville, le film a pu contribuer, grâce à la projection dans de nombreuses réunions, au succès du référendum tendant à rendre public les traités secrets sur la privatisation des Services de l’eau berlinois, bien que tous les partis, sauf une partie des Verts, se soient exprimés contre le référendum !

Aujourd’hui, Water Makes Money existe en six langues (français, allemand, anglais, espagnol, italien et portugais) et, chaque semaine, est réalisée au moins une projection quelque part dans le monde.

Tous ces gens, les dizaines et centaines de gens, qui ont aidé à ce que le film Water Makes Money voie le jour, sans lesquels le film n’aurait jamais existé et sans lesquels le film n’aurait jamais trouvé une si grande résonnance,… tous ces gens peuvent vraiment être fiers ! Chapeau !

Enfin, nous souhaitons attirer votre attention sur deux actions importantes des « opposants contre PPP », que nous soutenons :

  • L’association allemand « Gemeingut in BürgerInnenhand (GiB) » (en français : Biens publics entre les mains des citoyens) et le groupe de travail contre la privatisation de attac Allemagne ont lancé un appel sur le thème « Au revoir PPP. 12 années sont assez ! »
    Le premier « tir de sommation » dirigé contre le gouvernement allemand et le lobby du PPP est une lettre ouverte adressée au Ministre fédéral des finances, Wolfgang Schäuble. Jusqu’au 31.3.2012 cet appel doit être signé par autant de personnes que possible : www.gemeingut.org/aufruf
  • A la mi-mars se tiendra à Marseille le plus grand show de propagande du PublicPrivatePartnership avec une réunion du lobby œuvrant dans le monde de l’eau – le Forum mondial de l’eau. Parallèlement à cette manifestation se rencontrent à Marseille les opposants à la privatisation du monde entier du 14 au 17 mars 2012 dans le cadre du Forum alternatif mondial de l’eau FAME. www.fame2012.org. C’est ici que se discuteront les vraies informations, les réseaux et les solutions pour une répartition plus juste des ressources qui tiennent compte du caractère spécifique du bien public. http://www.fame2012.org/en/join-us/donate/

Et pour finir quelques informations sur nous, Kernfilm, c’est-à-dire Leslie Franke et Herdolor Lorenz :

Nous avons créé un Shop en ligne qui facilite considérablement l’envoi des copies de film. Vous y trouverez également d’autres films que nous avons produits ces dernières années http://shop.kernfilm.de/

Nous avons entre-temps terminé le documentaire « Histoires de mômes » sur la vie de cinq enfants qui ont commencé leur scolarité en 1999 dans le quartier Hamburg-St.Georg qui était, à l’époque, un quartier défavorisé et qui est aujourd’hui malheureusement un quartier gentrifié, embourgeoisé. La diffusion de ce documentaire « long terme » qui couvre 12 années de la vie de ces enfants est prévue pour le 24 mai sur ARTE.

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Le 6e Forum Mondial de l’eau aura lieu du 12 au 17 mars 2012 à Marseille. En ouverture du Forum Alternatif Mondial de l’eau, France Libertés s’associe au CRID, à la Coalition Eau et à l’Effet Papillon pour proposer un colloque « Eau, Planète et Peuples : pour une citoyenneté mondiale ».


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 le blog de Jean-Luc Touly
 Acme - Association pour le contrat mondial de l’eau
 6ème édition du Forum Mondial de l’Eau
 Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME)


Les limites du Forum Mondial de l’Eau



Le Conseil Mondial de l’Eau a été créé en 1996. Composé d’ONG, d’instances publiques, d’entreprises privées, d’universités et d’instances financières comme la Banque Mondiale, il regroupe aujourd’hui plus de 350 membres.


L’un des temps fort du Conseil Mondial de l’Eau est le Forum Mondial de l’Eau, organisé tous les trois ans depuis 1997. Le sixième Forum Mondial de l’Eau aura lieu du 12 au 17 mars 2012 à Marseille, pour la 1ère fois en France.

A travers ces forums, le Conseil Mondial de l’Eau a pour objectifs de « mettre les problèmes de l’eau plus en avant sur la scène politique », de « formuler des propositions concrètes et souligner leur importance sur la scène internationale », et de « susciter un engagement politique » (source : site internet du CME).

Ces objectifs sont louables. Pourtant un certain nombre de limites sont mises en avant par les militants à commencer par la place dominante des intérêts du secteur privé dans les activités du CME, présidé depuis 2005 par Loïc Fauchon, PDG de la société des Eaux de Marseille.

S’il se présente souvent comme une instance internationale reconnue, le statut du CME ne lui confère en aucun cas une telle légitimité. Dénué de tout espace de débat avec la société civile et de négociation politique, les Forums Mondiaux pourraient plutôt être vus comme des « foires », des rencontres pilotées par les fédérations d’entreprises privées qui y présentent leurs solutions pour favoriser l’accès à l’eau.

Mais ces « solutions », qui seront au cœur du sixième FME, ne sont ni les solutions de tous, ni les solutions pour tous.



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L’objet du Forum Alternatif mondial de l’Eau (FAME) est de construire une alternative concrète au VIème Forum Mondial de l’Eau (FME) organisé par le Conseil Mondial de l’Eau, organe des sociétés transnationales et de la Banque Mondiale qui prétend s’arroger la gouvernance mondiale de l’eau.

Depuis des années l’ensemble des mouvements de la société civile qui militent pour la préservation des ressources en eau et leur gestion citoyenne ont élaboré des plateformes, des propositions et des actions, soit au cours de rencontres spécifiques (Forums alternatifs de Florence en 2003 et de Genève en 2005, Alter Forums de Mexico en 2006 ou d’Istanbul en 2009) soit à l’intérieur des Forums Sociaux Mondiaux comme à Porto Alegre, Caracas, Nairobi ou Belem, qui ont servi de base pour l’émergence d’un mouvement pour la réappropriation de l’eau, bien commun de l’humanité. Ce mouvement mondial multiforme a permis la naissance de réseaux nationaux, comme en Italie, ou continentaux, comme en Afrique, et le recul de la privatisation de l’eau en Amérique Latine, en Afrique, en Europe et tout particulièrement en France, berceau des principales multinationales du secteur, notamment avec le retour de Paris en gestion publique. Ce mouvement a favorisé la reconnaissance de l’accès à l’eau comme l’un des droits humains fondamentaux par l’Assemblée Générale de l’ONU le 28 juillet 2010.

Le FAME entend poursuivre et amplifier ce mouvement par :

  • L’élaboration et la promotion d’un discours alternatif majoritaire en faveur d’une gestion écologique et démocratique de l’eau,
  • La poursuite de la recherche de solutions à la crise mondiale de l’eau,
  • La structuration durable du mouvement.





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Transmis par Andy Nicol
Sat, 11 Feb 2012 13:19:44 +0000 (GMT)





Voir en ligne : Water Makes Money

Messages

  • Pour la disparition du Forum mondial de l’eau ?
    Par Anne Le Strat - jeudi 5 avril 2012

    A l’occasion de la sixième édition du Forum mondial de l’eau (FME) à Marseille (du 12 au 17 mars), les enjeux liés à l’accès et à la distribution de cette ressource vitale ont retrouvé une actualité. Les données chiffrées sur les populations n’ayant pas accès à l’eau et à l’assainissement dans le monde, le taux de mortalité lié aux maladies hydriques, l’ampleur des pollutions qui touchent la ressource, l’acuité du stress hydrique, l’impact du changement climatique sur la disponibilité en eau et sur les catastrophes naturelles, etc., ont été une nouvelle fois répétées, commentées, analysées. Quelles réponses politiques la communauté internationale apporte-t-elle à ce sujet essentiel ?

    La sixième édition du FME, pompeusement intitulée "Forum des solutions", aurait dû être le lieu où ces questions, débattues, rencontrent des réponses et des engagements fermes. Il n’en a rien été. Organisé tous les trois ans, le FME, cette fois encore, a pu sembler ambitieux, annonçant force intervenants et conférences, des centaines de sessions de travail, plus de cent délégations ministérielles, des milliers d’inscrits, des personnalités prestigieuses... Sans polémiquer sur les chiffres - certains ont compté plus de monde lors des différents événements organisés par le Forum alternatif - le succès n’était visiblement pas au rendez-vous. Moins de monde qu’attendu, des ateliers à moitié vides, une sous-représentation des chefs d’Etat, à commencer par le président français qui, au dernier moment, a annulé sa venue à la cérémonie d’ouverture, entraînant la désertion à la fois des autres chefs d’Etat, mais aussi des ministres français. Avant même l’ouverture, un projet de "déclaration ministérielle" était communiqué à quelques happy few, projet qui fut adopté, inchangé, en grande pompe, mais qui relevait du catalogue de bonnes intentions et de principes généraux plutôt que de politiques effectives à mettre en œuvre.

    On avait pourtant insisté sur l’importance d’organiser ce forum en France, pays qui s’enorgueillit de son modèle de gestion de l’eau, soi-disant exportable à travers le monde cette fameuse "école française de l’eau", dont nos deux multinationales Veolia et Suez seraient les acteurs majeurs. "C’est une double aubaine qui se présente : imposer ses champions sur un marché de plusieurs dizaines de milliards de dollars potentiels et devenir un acteur politique majeur face à cette question diplomatique cruciale. Ce n’est donc pas par hasard si l’organisation française du forum est directement pilotée par le secrétaire général de l’Elysée", écrivait un magazine national, qui concluait sur Nicolas Sarkozy, censé y "prononcer l’un des discours importants de sa campagne." Cette franchise aura le mérite de finir de convaincre ceux qui croyaient encore que ces forums, organisés par le Conseil mondial de l’eau, lui-même présidé par le dirigeant de la Société des eaux de Marseille, filiale de Veolia, sont des manifestations affranchies de l’intérêt marchand, où tous les points de vue sont appelés à s’exprimer. Il est ainsi significatif que la ville de Paris ait été si peu sollicitée par les organisateurs institutionnels français pour présenter son modèle de gestion publique et les nombreuses avancées en termes d’économie, de qualité de service, de gouvernance participative (le thème de la gouvernance était pourtant un des thèmes centraux évoqués) rendues possibles par le retour en gestion publique. Il faut croire que l’expérience de la capitale du pays hôte était de peu d’intérêt. Ce n’était, heureusement, pas l’avis des acteurs étrangers qui, eux, se sont montrés très intéressés par le cas parisien. Coïncidence, certainement, sans rapport avec le fait que les plus grosses multinationales de l’eau sont françaises...

    Réunir la communauté internationale des acteurs de l’eau pour arrêter des plans d’action est néanmoins un principe à défendre, mais auquel l’organisation actuelle ne saurait répondre. Sa légitimité est en effet sujette à caution, fortement contestée par nombre d’acteurs. Les recommandations issues des forums n’ont pas de valeur juridique et ne font l’objet d’aucun suivi politique entre deux éditions. Ainsi le droit à l’eau avait été un thème fort du Forum de Mexico en 2006, de celui d’Istanbul en 2009, il a enfin été inscrit dans la déclaration finale du Forum de Marseille. Quelle avancée ! Pour mémoire, une résolution de l’ONU a reconnu ce droit fondamental en juillet 2010, en lui donnant, de fait, une portée juridique internationale. A l’initiative de la Bolivie, offusquée, comme d’autres, de ne pas voir ce droit reconnu lors du précédent forum, celui de 2012 se contente donc de reprendre, un peu tard et sur un mode purement déclaratif, une résolution onusienne.

    Si l’on considère que l’eau mérite mieux que des grand-messes sans ligne directrice lisible pour les acteurs concernés, sans engagement réel et sans impact, il est plus que temps de la doter d’une instance internationale légitime et crédible, sous l’égide de l’ONU. Plus d’une vingtaine d’organismes traitent de l’eau au niveau onusien. Il s’agit, certes, d’un enjeu transversal, multisectoriel, mais il est aujourd’hui fondamental qu’existe une OME (Organisation mondiale de l’environnement) qui fasse pendant à l’OMC, acteur multilatéral. Une OME qui aurait l’eau parmi ses axes centraux, et serait habilitée à organiser, enfin, une conférence onusienne sur ce sujet qui constitue un véritable défi pour l’avenir de l’humanité et de notre planète.

    Anne Le Strat, présidente de Eau de Paris et membre du Conseil d’orientation de la Fondation Copernic, a coordonné la Note Copernic Manifestes pour l’eau publique (Editions Syllepse, 2008).

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