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Les chrétiens évangéliques, ces amis d’Israël

Serge Dumont - jeudi23 septembre 2010

jeudi 23 septembre 2010

Des chrétiens évangéliques brandissent des drapeaux israéliens et américains à Jérusalem. (AP)

Des milliers de « chrétiens sionistes » sont venus à Jérusalem témoigner leur soutien à l’Etat hébreu et aux colons. Un lobby important pour le gouvernement israélien

« Shalom peuple élu, que la paix soit sur toi. » Eperdus d’admiration pour Israël, Hildegarde et Stanislas W., un couple de chrétiens évangéliques venus d’Allemagne, ont passé la journée de mercredi à arpenter les rues de Jérusalem pour y rencontrer leurs « frères juifs ». Ils n’étaient pas les seuls puisque 5000 autres « chrétiens sionistes » venus de cent pays différents et représentant environ 600 millions de personnes sont réunis actuellement dans la cité sainte.

Objectif ? Célébrer le 30e anniversaire de l’Ambassade chrétienne internationale de Jérusalem (ICEJ), le siège de leur mouvement auquel Israël a d’ailleurs accordé le statut de la légation diplomatique, mais également confirmer le soutien de l’organisation à la politique de l’Etat hébreu ainsi qu’aux colons de Cisjordanie.

« Israël représente une goutte de lumière dans un océan d’obscurantisme violent », assène Roberto Pilos, un évangéliste philippin qui prétend également pratiquer une médecine naturelle ancestrale. « Je ne comprends pas que l’on puisse nier le lien historique et même charnel qui unit le peuple juif à la terre promise, poursuit-il. Ce lien est tellement évident qu’il ne prête pas à discussion même si les Palestiniens affirment avoir été spoliés. Nous aidons Israël de toutes nos forces et nous disposons de contacts partout dans le monde. Nous agissons loin des médias et de sa langue de bois. Nous, c’est aux gens de la rue que nous nous adressons. »

Une aide que les dirigeants de l’Etat hébreu ne négligent pas, puisque depuis le début des années 1980 tous les chefs de gouvernement israéliens ont fait acte de présence aux congrès de l’ICEJ. « Quels merveilleux amis vous faites. Dommage que tout le monde ne soit pas aussi fidèle », s’est ainsi exclamé Benyamin Netanyahou l’année dernière.

Malgré sa puissance, l’ICEJ n’est pourtant qu’un maillon parmi de nombreux autres dans la constellation d’organisations évangéliques constituant le lobby « chrétien sioniste ». Aux Etats-Unis, la force de frappe de ces derniers est d’ailleurs plus importante que celle de l’Aipac – le lobby pro-israélien uniquement composé d’organisations juives – puisque les premiers disposent de plusieurs chaînes de télévision privées et de journaux. S’y ajoutent des milliers de comtés locaux ainsi qu’un maillage d’ONG couvrant principalement le monde anglo-saxon.

Certes, l’aide politique et financière apportée à l’Etat hébreu par certains évangélistes n’est pas toujours désintéressée. Plusieurs de ceux qui financent annuellement à coups de millions de dollars le départ vers Israël de juifs russes et iraniens sont par exemple persuadés que l’installation définitive des descendants d’Abraham sur les sites bibliques accélérera le retour de Jésus parmi les hommes. Donc, la conversion massive des juifs au christianisme.

Une théorie que les dirigeants israéliens font semblant de ne pas connaître tant les « chrétiens sionistes » sont utiles à leur cause. « Bien sûr, on peut toujours chicaner, mais pour une fois que nous avons des amis, nous n’allons pas nous en priver », affirme le député David Rotem, responsable du Groupe parlementaire de contact avec les alliés chrétiens. Quant aux responsables de la mouvance nationaliste-religieuse (la frange politique israélienne à l’origine de la colonisation des territoires), ils ne refusent jamais une invitation lancée par des organisations protestantes américaines parfois plus sionistes qu’eux.

Voilà pourquoi l’Etat hébreu déroule le tapis rouge lorsque les 1500 cadres du mouvement œcuménique Word of Life débarquent à Jérusalem. Et pourquoi les rabbins de plusieurs colonies de Cisjordanie, telle Efrat, se pressent pour serrer la main du pasteur texan John Hagee et de ses ouailles regroupés au sein des Chrétiens unis pour Israël.

Parmi les projets caritatifs soutenus par ce pasteur figure en tout cas la construction d’une salle ­polyvalente à Ariel, une implantation de 25 000 habitants où quelques dizaines de chrétiens sionistes se sont installés au début de la deuxième Intifada (en 2000). « Nous voulons soutenir le peuple élu agressé par les forces du mal », affirmaient-ils à l’époque. Ils n’ont pas changé d’avis depuis lors puisque plusieurs ont également demandé à rejoindre des colonies plus radicales.

En 2008, John Hagee avait pris fait et cause pour John McCain parce qu’il le considérait comme le « plus pro-israélien » des candidats républicains pour la course à la Maison-Blanche. Depuis, les Chrétiens unis pour Israël, associés à des dizaines d’autres organisations évangéliques, multiplient les interventions auprès des membres du Congrès et des sénateurs pour les convaincre que Jérusalem ne devrait pas être divisée en deux capitales de deux Etats. Les mêmes appuient également la reprise des constructions dans les colonies de Cisjordanie dès le 26 septembre, date officielle de la fin du moratoire de dix mois décidée par l’Etat hébreu.

Des heurts ont fait au moins une dizaine de blessés mercredi à Jérusalem-Est après la mort d’un Palestinien tué par un vigile employé par des colons. La police israélienne a pénétré dans l’après-midi sur l’Esplanade des mosquées, qui abrite le troisième lieu saint de l’islam et surplombe le mur des Lamentations, affirmant être intervenue à la suite de « jets de pierres » de jeunes Palestiniens. (AFP)

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