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Facebook, ce faux ami

Bernard Zekri et MAB | lesinrocks.com | mardi 7 février 2012

vendredi 10 février 2012

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L’amitié ne se monnayait pas, du moins jusqu’à nos jours, sauf celle de François- Marie Banier pour Mme Bettencourt. Mais voici que Facebook met en bourse ses 845 millions d’amis, l’équivalent du troisième pays au monde après la Chine et l’Inde. On estime le tout à cent milliards de dollars.

Une minute sur sept que cette fraction d’humanité consacre au net, elle la passe sur Facebook où se téléchargent 250 millions de photos par jour. On y trouve vos goûts, vos indignations, vos engagements, une somme incroyable d’informations à faire rêver tous les commerciaux et les flics du monde.

Pour en obtenir autant, la CIA aurait dû dépenser des milliards et des milliards, on la soupçonne même pour cette raison de s’être mêlée à la création d’un pareil outil. Avant la flambée d’internet, un seul Etat s’y était risqué, à l’époque des écoutes téléphoniques et des fiches cartonnées : la Stasi est-allemande parvint, par ses services secrets, à mettre en dossier la quasi-totalité de ses habitants. Pour garder ses amis et les espionner, l’Etat communiste s’est ruiné et en a disparu.

Chez Facebook, les amis affluent et c’est gratuit. Au-delà de la modernité et de la taille de l’entreprise, l’histoire deviendrait-elle cyclique comme le croyaient les pythagoriciens, les Gaulois et Nietzsche ? Dans la société traditionnelle, le village, tout le monde sait tout sur tout le monde, l’adultère du voisin, l’héritage de la voisine, les traficotages du boucher… La grande ville a libéré les populations de ce regard permanent et des ragots ; le citoyen y retrouvait un anonymat et son divorce cessait d’être un scandale.

Fini : avec Facebook, Mark Zuckerberg, ado de 27 ans à capuche, vous remet sous l’oeil des mercières et des faux amis malveillants. Il prétend qu’il ne va pas en bourse pour faire de l’argent. Il ne veut faire de l’argent que pour un Facebook plus ouvert et plus connecté. Mais par là même, il vend votre date d’anniversaire et vos pérégrinations sentimentales si vous en avez fait part à vos copains. Dès les années 60, Marshall McLuhan nous avait annoncé l’avènement du “village global”. Nous avions retenu “global”, nous avions oublié “village”. Après un long détour, nous voilà épiés derrière le rideau de notre salle de bains.

Bernard Zekri et MAB


Voir en ligne : Edito : Facebook, ce faux ami

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