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Les Etats-Unis prévoient de « réduire » leur budget militaire

Michel Sitbon | parisseveille.info | mercredi 4 janvier 2012

mercredi 4 janvier 2012

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le délire militariste continue


En 1989 tombait le mur de Berlin. Après des années de « détente » et de supposée désescalade militaire, la guerre froide prenait fin pour de vrai. Les énormes stocks d’armements accumulés pour rien étaient bons pour la poubelle. Les partisans de l’économie dirigée socialiste pourront toujours légitimement se plaindre de ce que l’expérience soviétique aura été handicapée par le poids extravagant de cette dépense militaire, tel qu’on ne saura jamais s’il n’aurait pas été possible de vivre prospère sous le joug communiste...

Le mur de Berlin tombait – et les dépenses militaires avec lui. Si le montant exorbitant de ces investissements pouvait se justifier dans la situation de confrontation des deux « blocs », après, les Etats-Unis et la Russie (ex-URSS) pouvaient tranquillement commencer à améliorer leur budget. C’est du moins ainsi que cela aura été compris. Doucement, très doucement, le faramineux budget militaire américain désenflera, passant, en dix ans, de 5,7 (en 1988) à 3% du PIB (en 1999).

Dès l’an 2000 s’amorçait la remontée. En 2001, l’attentat contre le World trade center de New York justifiait une reprise telle qu’en 2004 on approchait du niveau de 1988, et on le dépassait allégrement dès 2005 (en dollars constants).

Résultat : un niveau d’endettement historique, et une crise économique qu’on estime d’ores et déjà comme pouvant être plus importante que celle de 1929.

Les guerres d’Irak et d’Afghanistan auront mobilisé tant de militaires que le simple versement de leurs salaires, avantages sociaux et retraites, pèserait d’ores et déjà pour un bon tiers de ce budget délirant. Ceci résultant entre autre de la surenchère démagogique des parlementaires, semble-t-il.

Barak Obama, élu en étant porté par la revendication pacifiste de mettre fin à l’obscène guerre en Irak, aura tenu promesse sur ce front… pour aussitôt faire monter les enchères de la guerre afghane.

Mais le plus amusant, comme d’habitude, ce sont ces gadgets qui coûtent si cher, comme ce V-22 Osprey, l’avion-hélicoptère que s’est offert la marine. A lui seul, ce programme devrait coûter 54 milliards de dollars (dont 36 ont déjà été dépensés). Sans compter les dépassements de budget éventuels d’un programme qui, à l’origine, était évalué au total à 28 milliards, et déjà dénoncé comme trop cher. Ce qu’on ne sait pas, c’est combien pourrait coûter le F-35 Joint Strike Fighter, l’avion le plus cher de l’histoire. On l’évalue ici à… 400 milliards ! Sans rime ni raison, ce programme ne semble avoir été inventé par Lockeed que pour faire sembler raisonnable le Rafale de Dassault… Encore plus cher, encore plus inutile…

Comme le concours de la bêtise universelle est bien engagé, il y a aussi l’Eurofighter, que se partagent anglais, allemands, espagnols et italiens, qui sera parvenu, lui aussi, à faire plus cher que le Rafale... Ainsi, toutes les puissances occidentales sont en train de se ruiner pour le même gadget… un avion totalement inutile, destiné à faire quelques parades, comme récemment dans le ciel de Libye, et rien de plus, avant de devenir obsolète…

Et pour quelle guerre se prépare-t-on là ? Resterait-il un adversaire ?

Les américains font grand cas de la Chine. Ils semblent n’avoir toujours pas compris que la seule « guerre » qui puisse les opposer aux chinois est déjà en cours : elle est économique. Et c’est leur politique budgétaire qui fait qu’ils l’ont d’ailleurs perdue d’avance.

Quant à une « vraie » guerre, le formidable surcoût du F-35, comparé au F-16 existant qui remplit exactement le même office, tiendrait à ses qualités électroniques lui permettant d’échapper aux radars adverses. Seul l’éventuel adversaire chinois serait susceptible de disposer de moyens qui justifient d’un tel effort. Sauf que, si on a bien compris, son secret est déjà éventé, et le dit surcoût, faramineux, est d’ores et déjà en pure perte...

Comme l’indique le New York Times, après le 11 septembre, le Pentagone a bénéficié d’un « chèque en blanc ». Dix ans plus tard, c’est la faillite mondiale qui se profile…

Prétendant faire face au sérieux problème budgétaire qui se pose à elle, l’administration Obama est résolue à baisser cet inouï budget militaire de… 8%. Les maximalistes proposent de pousser à 17% cette réduction, en s’attaquant d’abord à la masse salariale – pour ne pas faire trop de peine à Lockeed. Or, même dans le cas de la réduction la plus forte envisagée, les Etats-Unis resteraient dans la situation de faire la course aux armements avec eux-mêmes…

Le secrétaire à la Défense qui organise ce suicide collectif est un fou furieux du nom de Panetta qui se prend pour un italien parce que son nom termine en a. Républicain ultra-militariste, passé chez les démocrates par pur opportunisme, il envisagerait même de se présenter à la Présidence…

Disons les choses comme elles sont : avec les imbéciles corrompus qui nous gouvernent, il est bien probable qu’il n’y ait que le pire à venir.

Quel que soit son point de vue sur la question militaire, il faut de toute urgence, et sans détour, d’abord nationaliser l’industrie de l’armement (et ce en France comme aux Etats-Unis et partout où ça n’est pas le cas), seule façon de freiner l’horrible dérive de ses coûts.

Mais il faut en fait concevoir une telle nationalisation comme la première étape d’une nécessaire démilitarisation mondiale. S’il est vrai que le complexe militaro-industriel qui nous opprime est une alliance d’intérêts étatiques et d’intérêts privés, que ceux-ci soient désactivés est indispensable pour assainir les débats. Qu’au moins les lobbyistes corrupteurs de chez Lagardère, Dassault, Lockeed ou Boeing, soient renvoyés à la niche.

Ensuite, il faudra bien commencer à regarder la question rationnellement. Si on voulait en finir avec les Talibans, il suffirait de suivre les recommandations du Conseil de Senlis (ICOS), qui suggère depuis des années que l’opium soit acheté aux paysans afghans pour développer une industrie pharmaceutique, qui produirait la morphine dont manquent cruellement les hôpitaux du monde entier. Non seulement cela ne coûterait rien (ou très peu), mais cela couperait le « nerf de la guerre » pour les Talibans. Est-ce vraiment trop subtil pour les imbéciles qui nous gouvernent ?

L’humanité se paye des armées dont elle n’a pas besoin et dont elle n’a pas les moyens. Ça suffit.

Paris s’éveille

Ci-dessous, le budget militaire américain, tel que l’évalue le SIPRI (Stockolm international peace research institute), l’institut de recherche suédois :

En millions de dollars :

1988 : 293,093 • 1989 : 304,085 • 1990 : 306,170 • 1991 : 280,292 • 1992 : 305,141 • 1993 : 297,637 • 1994 : 288,059 • 1995 : 278,856 • 1996 : 271,417 • 1997 : 276,324 • 1998 : 274,278 • 1999 : 280,969 • 2000 : 301,697 • 2001 : 312,743 • 2002 : 356,720 • 2003 : 415,223 •2004 : 464,676 • 2005 : 503,353 • 2006 : 527,660 • 2007 : 556,961 • 2008 : 621,138 • 2009 : 668,604 • 2010 : 698,281

En dollars constants (valeur 2009) :

1988 : 531,691 • 1989 : 526,271 • 1990 : 502,749 • 1991 : 441,561 • 1992 : 466,560 • 1993 : 442,029 • 1994 : 415,106 • 1995 : 392,601 • 1996 : 371,250 • 1997 : 369,315 • 1998 : 360,995 • 1999 : 361,885 • 2000 : 375,893 • 2001 : 378,925 • 2002 : 425,471 • 2003 : 484,255 • 2004 : 527,799 • 2005 : 552,966 • 2006 : 561,555 • 2007 : 576,294 • 2008 : 618,940 • 2009 : 668,604 • 2010 : 687,105

Pourcentage du PIB :

1988 : 5.7 • 1989 : 5.5 • 1990 : 5.3 • 1991 : 4.7 • 1992 : 4.8 • 1993 : 4.5 • 1994 : 4.1 • 1995 : 3.8 • 1996 : 3.5 • 1997 : 3.3 • 1998 : 3.1 • 1999 : 3 • 2000 : 3.1 • 2001 : 3.1 • 2002 : 3.4 • 2003 : 3.8 • 2004 : 4 • 2005 : 4 • 2006 : 3.9 • 2007 : 4 • 2008 : 4.3 • 2009 : 4.7

[Source : SIPRI]


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