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La dénucléarisation n’est pas pour demain... Certains s’en réjouissent...

Jean-Dominique Merchet | marianne2.fr | vendredi 23 décembre 2011

samedi 24 décembre 2011

Le candidat socialiste se prononce fermement pour le maintien des deux composantes.



Le plaidoyer de François Hollande pour la dissuasion nucléaire

Dans un texte paru cette semaine dans le Nouvel Observateur (que l’on peut lire ici ), François Hollande se prononce très nettement en faveur de la dissuassion nucléaire, expliquant que "dans un monde désormais multipolaire et face à une menace multiforme, vouloir la paix ne saurait s’envisager par un désarmement unilatéral. Un responsable politique ne peut ignorer que l’histoire est tragique". " Nous disposons de moyens proportionnés et suffisants, que j’entends maintenir".

Concernant la Force océanique stratégique (FOST), le candidat confirme son approbation de l’acquisition des nouveaux missiles M-51 ( "ses moyens de frappe contribuent à faire de la France un pays respecté") et s’engage au cas où il serait élu : "Nous maintiendrons sa capacité et sa crédibilité".
Plus inattendu, son plaidoyer en faveur de la deuxième composante - aéroportée : "Visible et donc démonstrative en cas de crise majeure, cette deuxième composante nous permet d’éviter toute montée mécanique vers les solutions les plus extrêmes, parce qu’elle est réversible."

Cette question de la deuxième composante a fait l’objet de discussions au sein du PS où quelques experts envisageaient son abandon - sans doute pour faire plaisir aux écologistes et à la gauche radicale, comme aux Allemands... Ou pour faire des économies ? François Hollande rappelle à juste titre que "La France a fini de payer les investissements nécessaires à cette capacité". Il n’y a pas qu’à gauche que la question de la composante aéroportée : au sein de l’UMP des personnalités s’interrogent également.

Le texte de François Hollande est un recadrage après l’affaire de l’accord Verts-PS. Il prend d’ailleurs soin de préciser qu’il "n’entend pas renoncer au droit de veto au Conseil de sécurité des Nations Unies". Il s’inscrit toutefois dans la continuitié du PS qui, depuis la fin des années 70 (grâce à Charles Hernu) a toujours été partisan de la dissuasion nucléaire. Comme nous le racontions sur ce blog, dès l’été dernier, le PS (sous la responsabilité de Martine Aubry) a fait savoir à Europe Ecologie Les Verts qu’il était hors de question de discuter du nucléaire militaire. Une position alors exprimée au nom de son parti par François Lamy, l’un des meilleurs spécialistes de la Défense du PS.

Comme cela avait été le cas en 2007, entre les candidats Sarkozy et Royal, les questions de défense - et notamment la dissuasion nucléaire - sont ainsi "sanctuarisées" dès le debut de campagne. En la matière, le canddiat socialiste approuve la politique conduite ces dernières années et il s’engage à la poursuivre. Le consensus national reste très solide. Il y a tout lieu de s’en réjouir.


Vendredi 23 Décembre 2011
Jean-Dominique Merchet







La nucléaristaion du monde
- Jaime Semprun - (1980)

(...) la nucléarisation conférera aux travailleurs, non seulement à ceux directement impliqués mais également, par le réseau d’interdépendances qu’elle tissera, à tous les autres, des responsabilités qu’ils ne pourront prendre à la légère sans mettre en péril la communauté tout entière. Cette authentique revalorisation du travail mettra une barrière infranchissable devant les abus de ceux pour lesquels le travail n’est plus qu’un déplaisant préalable à l’obtention du salaire, et qui, non content de tout faire pour s’épargner cette étape intermédiaire, vont même jusqu’à juger identiquement méprisables le monde produit par le travail et celui consommé par le salaire ; bref, ils ne veulent pas se libérer das le travail, comme les y invitent les autogestionnistes d’Etat, mais se libérer du travail."




Sous la forme d’un faux pamphlet pro-nucléaire le livre déploie l’idée selon laquelle la nucléarisation du monde trouve ses justifications non pas tant sur les plans traditionellement admis de l’énergie et de l’économie mais sur celui de l’acceptation généralisée de l’organisation actuelle du monde.

Ainsi, selon Jaime Semprun, l’existence du nucléaire permet surtout le maintien de l’ordre établit à un degré de développement tel qu’il ne serait plus permis à quiconque de le remettre en question.
A grand coup de citation de spécialistes ou de politiciens de l’époque, il fait prendre la mesure de ce qui ressemble à un plan d’anti-subversion "géré" par les agents du monde de la marchandise. Dans les traits de ces derniers - l’exclusion de toute pensée non spécialisée, non-scientifiste au profit d’une logique implacablement abstraite et essentiellement inhumaine - on reconnaît bien ceux de leurs héritiers contemporains.

Il est évident qu’une sortie du nucléaire dans les conditions actuelles ne signifierait en rien un recul de la domination mais bien seulement que cette dernière a trouvé d’autres méthodes, ou pire encore, elle a peut-être réussi à se faire accepter de tous sans qu’il ne soit désormais besoin de la justifier par de tels moyens.



trouvé sur critiquedelavaleur.over-blog.com



Voir en ligne : Le plaidoyer de François Hollande pour la dissuasion nucléaire

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