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Les saigneurs de la République

Olivier Cabanel | agoravox.fr | vendredi 25 novembre 2011

samedi 26 novembre 2011

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Alors que le petit peuple est appelé à se serrer la ceinture, le train de vie du chef de l’état n’a quasi pas changé, et c’est sans compter qu’il dépense depuis plus de 4 ans, encourageant peut être d’autres débordements administratifs.

Déjà, en 2009, c’est par le biais de la presse étrangère que nous avions appris les détails de ce gaspillage éhonté, puisqu’en France, les journalistes semblent bien empruntés pour évoquer ce scandale qui perdure.

L’article du « Bild  » était pourtant accablant :

Sous le titre : « en France, Sarközy vit comme un Dieu  », le détail des excès présidentiel était étalé sans complexes. image

280 000 € de fleurissement annuels pour 300 m2 de salon Elyséen, 61 véhicules de fonction, 2 avions airbus, 6 jet « Falcon », plus de 1000 employés, dont 44 chauffeurs et 87 cuisiniers, pour une cuisine qui est ouverte 24h sur 24. lien

En 2011, ça continue quasi comme avant et l’aménagement, pour 75 000 euros, de l’intérieur de l’Airbus présidentiel ne semble pas avoir ému grand monde, pas plus que l’achat de deux moteurs neuf de l’avion, montant de la dépense totale à 259,5 millions, ainsi que nous l’a appris en juillet dernier Arnaud Leparmentier, journaliste au « Monde », dans son blog. lien

Sur ce lien, une photo de la cabine présidentielle.

On peut aussi douter de la pertinence de cet achat, car s’il faut en croire Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes, «  le prix payé par l’Etat a donc correspondu à la limite haute d’une fourchette applicable à un avion plus récent de 5 ans et ayant trois fois moins d’heures de vol  ».

Sans langue de bois, on peut traduire cette déclaration par : l’état a quasiment payé « le vieux au prix du neuf  », ce qui permet de douter des qualités de gestionnaire de notre autocrate président.

Grâce au « Daily Mail  », nous apprenons aussi que le fameux avion est pourvu d’équipements luxueux ou originaux, comme par exemple ce fauteuil présidentiel équipé d’un dispositif qui permet à « sa majesté » de regarder de haut ceux qui l’accompagnent.

L’article du journal anglais fourmille d’informations croustillantes, comme par exemple l’argent du contribuable utilisé pour régler une amende pour retard de paiement sur les factures d’électricité et de gaz. lien

Lors du G20 récent à Cannes, notre dépensier président lance une nouvelle polémique : il aurait, d’après la presse suisse, dépensé 46 000 francs (suisses) pour une jolie suite présidentielle à l’hôtel « Majestic  », faisant gagner à notre président la palme du plus dépensier participant au G20, (lien) ce qu’a rapidement démenti Franck Louvrier, conseiller en communication de l’Elysée, affirmant que la suite présidentielle n’aurait couté que 3500 euros. lien

Qui faut-il croire ? D’autant que la presse anglaise, fière à juste titre d’avoir un premier ministre qui s’est contenté d’une chambre à 2300 euros au « Marriot », n’en démord pas pour autant. lien

Les curieux pourront s’offrir, à défaut d’y dormir un jour, une visite guidée de la suite à 38 000 euros la nuit sur cette vidéo.

Le plus grave, c’est que ce comportement dépensier semble encourager les dérapages dans d’autres administrations.

Une modeste bureaucrate du Conseil Régional d’Aquitaine a dénoncé dans un livre, (« absolument dé-bor-dée », Albin Michel éditeur- mars 2010) sous le pseudo de Zoé Shepard, les disfonctionnements de son administration, ce qui lui a valu une mise à pied de 2 ans, décidée par le président de la Région, Alain Rousset.

Elle avait pourtant évité d’en donner le nom tout comme celui de ses collègues incriminés.

Mais Alain Rousset en a jugé autrement, et sur l’accusation de « manquement à l’obligation de réserve  », il a sanctionné la pamphlétaire. lien

De son vrai nom, Aurélie Boullet, ce boulet qu’elle a lancé n’en finit pas de faire des vagues.

De plus, elle avait volontairement autocensuré les anecdotes les plus dévastatrices pour ses collègues et pour l’administration en général.

Elle avait situé l’action dans une mairie de la région parisienne, et malgré tous les efforts qu’elle avait fait pour camoufler sa propre identité et celle de ces collègues, ceux-ci se sont finalement reconnus sous les sobriquets de « Simplet  », « Coconne  » ou « The Boss », d’autant que l’un de ses anciens camarades l’avait finalement reconnue. lien

Les portraits étaient cruels, évoquant des « cerveaux atrophiés, trou noirs cérébraux, gang de chiottards…etc. » lien

Aurélie avait saisi en vain le tribunal afin d’annuler la sanction et finalement les 2 ans d’exclusion demandés par le Conseil Régional se sont transformés en 10 mois, dont 6 avec sursis, et d’après les services de com. de l’administration, « son retour a été géré de façon normale  ». lien

Ce qui est moins sur, car malgré les 220 000 exemplaires vendus, il est probable que ceux qui ont été montrés du doigt dans son livre ne lui aient pas réservé le meilleur accueil, même si on l’a installée dans un autre service. lien

S’il faut en croire l’observatoire des subventions, le mauvais exemple venu d’en haut en incite d’autres d’en faire autant, et l’on pourrait s’inquiéter à juste titre des frais de réception de la Mairie de Montpellier (lien) de celle d’Angers (lien), de la communauté d’agglomération Sud-Est toulousain (lien), et ailleurs. lien

Mais les plus gros gâchis sont ailleurs : La baisse d’impôts sur les dividendes, c’est 1 milliard d’euros que les français devront payer, le bouclier fiscal, c’est 3,5 milliards supplémentaires, la baisse d’impôt sur la fortune, ajoute 1,8 milliard d’euros à l’addition, la baisse des droits sur les grosses successions, ce sont 2 milliards d’euros de plus, la baisse de la fiscalité des entreprises correspond à 20 milliards d’euros qui seront donc à la charge des Français, Coppé a inventé sa niche « baisse d’impôts pour les grands groupes mondialisés », qui nous coute 22 milliards d’euros, bref tous ces cadeaux que les français devront payer font au total 75 milliards d’euros. lien

Ajoutons-y les 190 milliards de gaspillages en tout genre décrit dans cet article, ce sont 265 milliards, qui auraient pu être économisés, ce qui fait mauvais genre alors que la dette de la France a augmenté de 500 milliards en 5 ans et qu’elle vient de dépasser les 1700 milliards lien.

Comme le dit Ségolène Royal dans une interview récente sur l’antenne « d’ Europe 1 » le 23 novembre 2011, depuis que Sarközi est au pouvoir, la France hérite de 1000 chômeurs de plus chaque jour. lien (curseur à 3’20)

Rappelons le discours enflammé du fraîchement élu président de la république « économe et citoyen  » prononcé le 19 septembre 2007 à l’Institut Régional d’Administration :

« Le service public a un devoir d’efficacité, il a le devoir de rendre le meilleur service possible sans gaspiller l’argent public qui est l’argent des français. Ne plus gaspiller un seul euro d’argent public, tel doit être l’idéal vers lequel nous devons tendre (…) nous n’avons plus les moyens de gaspiller, nous avons trop de déficits, nous avons trop de dettes (…) le moindre respect que l’on doit aux travailleurs, c’est de ne pas laisser détourner de ce qu’ils ont si durement gagné ». lien

Alors bien sur s’il est vrai que les administrations régionales sont souvent montré du doigt, par exemple pour leur service communication, c’est sans commune mesure avec le budget com. de l’Elysée qui a sauté de 6 millions d’euros sous Chirac à 27 millions aujourd’hui.

Quant aux efforts consentis pour faire quelques économies, ils pourraient faire sourire, comme la suppression de 14 commissions du « comité Théodule », puisqu’il en reste encore 683.

La « commission de déontologie », par exemple, a couté en 3 ans, 940 000 €, occupant 14 membres pour une seule réunion mensuelle. lien

Par contre, on apprend que la «  commission consultative des installations nucléaires de base  » à zéro membres, budget zéro, n’a jamais siégé, et que la « commission d’examen du plan national d’affectation des quotas d’émission de gaz à effet de serre » comporte 35 membres qui n’ont siégé que 2 fois en 2006.

Et quid de l’attitude peu citoyenne de nos députés, dont l’on peut constater le peu d’assiduité sur les bancs de l’assemblée. lien

N’oublions pas les 15 000 hauts fonctionnaires privilégiés dont on voudrait comprendre la justification des 6000 à 45 000 euros mensuels qu’ils reçoivent. lien

Didier Migaud a noté avec un certain humour « l’importance des progrès accomplis », constatant que le budget de fonctionnement de la présidence est passé de 112,7 millions pour 2010, contre 112,85 pour 2009. lien

D’autant qu’il apparait qu’astucieusement, l’Elysée a reporté des dépenses qui lui incombent sur le compte du budget du premier ministre.

La députée Delphine Batho en remet une couche dénonçant les rémunérations trop chèrement payées des conseillers présidentiels, lesquels sont « les artisans de la campagne 2012 » et signalant que leurs émoluments « devraient être payés sur les comptes de campagne, et non pas par le contribuable à travers le budget de l’Elysée ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « qui prend le coq pour guide aura un poulailler pour refuge  ».

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Merci à Corinne Py pour sa participation et à Placide d’avoir réalisé le dessin illustrant l’article.

Olivier Cabanel


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