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CALLE 13

| lacalle13.com | lundi 14 novembre 2011

vendredi 18 novembre 2011

INTERVIEW CALLE 13
« On ne se laisse pas embrigader »

source : www.evene.fr

INTERVIEW CALLE 13

Ultra populaire dans toute l’Amérique latine, le duo portoricain Calle 13 débarque en France avec son quatrième album, ’Entren los que quieren’. La recette des deux demi-frères ? Des textes impertinents et engagés, scandés sur une musique festive.

À peine arrivés en France, Calle 13 est déjà catalogué « groupe engagé », « rappeurs incontrôlables »… Qui sont donc ces deux portoricains qui enflamment les festivals de l’été ? Rendez-vous est pris dans les locaux de Sony, où René Perez Joglar (alias Residente) et son demi-frère Eduardo José Cabra Martinez (alias Visitante) font escale le temps d’une journée, entre deux festivals, pour rencontrer les médias français. Aux journalistes surpris de voir un groupe de rap engagé signé chez une grosse major, Residente tient le même discours, légèrement agacé : « Pour combattre le système, le mieux est d’être à l’intérieur ». Entretien avec le parolier et rappeur du groupe.

Comment s’est formé le groupe Calle 13 ?

Ce fut quelque chose de presque naturel, viscéral. On a commencé à faire de la musique pour s’amuser : une chanson, puis deux, etc. Quand on en a eu 4 ou 5 on est allé démarcher un label indépendant qui nous a fait signer un contrat. Puis tout s’est emballé, Sony nous a entendus et nous a fait venir chez eux.

Faites vous toujours de la musique pour vous amuser ?

Rien n’a changé, c’est toujours notre façon de faire. Mais que ce soit à nos débuts ou aujourd’hui, le maître mot de notre travail c’est l’honnêteté. C’est essentiel pour véhiculer un message.

René Perez Joglar (alias Residente), © Sony Music
On vous présente comme des artistes engagés, limite révolutionnaires…

Ce n’est pas aussi cliché que cela. Nos textes sont avant tout l’expression de certaines inquiétudes. On transmet ce qu’on vit, ce qu’on voit autour de nous. À la façon d’un journaliste, on témoigne de ce qui nous entoure. Du coup, on écrit des textes engagés, mais on parle également des femmes, du sexe, de la fête… Toutes les préoccupations de jeunes de nos âges (ils sont tous les deux nés en 1978, ndlr).
À nos débuts, notre message s’adressait surtout aux Portoricains. Mais avec les albums suivants, qui ont été influencés par nos voyages, le spectre s’est agrandi et le message a quelque peu évolué… Notre message est désormais global, universel.

Est-ce ce qui fait que le succès est le même quel que soit le pays dans lequel vous jouez ?

Notre tournée européenne nous a emmenés dans des pays où le public ne comprend pas forcément les paroles, mais du coup on a senti toute l’énergie de la musique, grâce notamment au groupe qui nous accompagne (une dizaine de musiciens, ndlr). Et c’est vrai que la musique joue un rôle plus qu’important pour motiver le public.

Avez-vous peur d’être catalogués « rappeurs engagés » ?

En Amérique latine, les catégories n’existent pas autant qu’ici. On ne cherche pas à savoir dans quelle case on va nous ranger. On écrit des chansons d’amour, des chansons festives… Certaines personnes tentent de nous coller une étiquette politique, de nous mettre dans un camp politique. L’important c’est de répondre tout de suite, d’affirmer son indépendance et de ne pas se laisser embrigader.

Eduardo José Cabra Martinez (alias Visitante), © Sony Music
Avez-vous subi des pressions de la part de votre maison de disque, Sony, pour adoucir votre discours ?

Pour la première fois depuis que l’on travaille avec eux, nous avons eu des remarques. Ils n’ont pas aimé l’introduction de cet album (dans laquelle ils expliquent que c’est leur dernier album avec Sony et que la maison de disque leur doit de l’argent, ndlr), mais on ne l’a pas changée pour autant. Ce qui est intéressant, dans ce genre de situation, c’est de trouver les bons arguments pour défendre sa position et avoir le dessus.

Dans vos textes, vous évoquez la situation de votre île, Puerto Rico. Vous parlez de l’éducation des jeunes, du rôle du gouvernement… Avez-vous déjà envisagé de faire de la politique ?

Je pense qu’on est beaucoup plus utiles en faisant de la musique qu’en faisant de la politique. Nos messages passent plus facilement. De plus, nous sommes des artistes, des créatifs. Cet esprit de création n’est pas en adéquation avec le rôle des politiques.

Quelles sont vos autres sources d’inspiration ?

Le cinéma m’inspire beaucoup pour écrire. Un réalisateur comme Julio Medem, pour son art de la narration, son réalisme magique. J’aime aussi beaucoup Paolo Pasolini pour la transgression sexuelle présente dans toute son œuvre. La folie d’un Takashi Miike me donne également de nombreuses idées de textes.

Calle 13, © Sony Music
Sur votre album, vous partagez un titre avec Seun Kuti, ’Todo se mueve’. Pourquoi lui ?

En fait c’est une admiration pour l’artiste. On a découvert l’afrobeat en écoutant son père Fela Kuti, c’est donc tout naturellement que l’on a connu le travail de Seun. Ce qu’il fait est aussi bon que ce que faisait son père. On avait donc très envie de travailler avec lui.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous collaborer ?

Nous avons beaucoup de respect et d’admiration pour les artistes qui s’engagent et qui se battent pour leurs idées. Et les seuls noms qui me viennent sont ceux de l’ancienne génération, ceux qui ont nourri notre culture musicale comme le Panaméen Ruben Bladès, une véritable icône de la salsa. Mais aussi le rockeur argentin Leon Gieco, la militante argentine Mercedes Sosa ou encore le cubain Silvio Rodriguez.

À voir : Le clip de ’Baile los pobres’, réalisé par Diego Luna.


Voir en ligne : CALLE 13

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