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Nucléaire : « Le thorium ne doit pas être oublié »

Philippe Clot | illustre.ch | mardi 1er novembre 2011

mercredi 9 novembre 2011

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Le monde, et la Suisse en particulier, doit développer de nouvelles énergies. Or, le solaire, l’hydraulique et l’éolien ont des atouts mais aussi des faiblesses. Mais le nucléaire a encore une carte à jouer : la carte thorium. Son plus fervent avocat s’appelle Jean-Christophe de Mestral, qui vient de consacrer un ouvrage à cette filière

Par Philippe Clot - Mis en ligne le 01.11.2011

 

Tchernobyl puis Fukushima ont clairement démontré les risques majeurs de l’énergie nucléaire. L’Allemagne, la Suisse et d’autres pays ont ou vont donc lui tourner le dos. Mais l’atome n’a peut-être pas dit son dernier mot. Jean-Christophe de Mestral, physicien, administrateur de sociétés industrielles et membre de la municipalité d’Aubonne (VD), vient de sortir L’atome vert - Le thorium, un nucléaire pour le développement durable, aux Editions Favre. Cet élément chimique semble n’avoir que des qualités par rapport à son cousin l’uranium : des réserves pour 10000 ans au moins ; des déchets bien plus simples à gérer ; un risque zéro de fusion du réacteur et donc d’accident majeur ; une capacité à incinérer les déchets de longue durée du nucléaire actuel et du nucléaire militaire.

Avant d’en venir aux avantages du thorium, pourquoi sortir ce livre maintenant ?
Il y a eu Fukushima en début d’année, qui a déclenché une série de débats dans lesquels la solution au thorium n’a jamais été évoquée. Je trouvais qu’il n’était pas logique de prendre des décisions sans tenir compte d’une solution industrielle aussi prometteuse. J’ai pu écrire un billet à ce sujet dans le journal Le Temps, un article que Pierre-Marcel Favre a lu. Et cet éditeur m’a demandé d’écrire un livre. J’ai également rencontré des ingénieurs collaborant ou ayant collaboré avec le CERN et mon livre est au fond la synthèse de ces contacts. L’idée, c’est de faire avancer ce dossier au niveau politique. Si le Conseil des Etats, tout en décidant la sortie du nucléaire actuel, n’a pas fermé la porte à la recherche, j’ose croire que c’est peut-être en partie grâce à notre modeste action.

Comment expliquer que l’industrie du nucléaire civil et leurs lobbyistes aient besoin d’un municipal d’Aubonne pour rappeler l’existence de cette piste possible ?
L’industrie nucléaire et les lobbyistes n’ont certainement pas besoin de moi ! En 1965, un programme avait démarré et une centrale expérimentale au thorium avait fonctionné. Mais, en 1969, il a fallu choisir entre l’uranium et le thorium. Les militaires avaient eu leur mot à dire en pleine guerre froide. Et c’est la filière uranium qui a été choisie, car c’est elle qui permet de développer des armes nucléaires aisément. Plus récemment, les grands groupes qui fabriquent les centrales actuelles pensent d’abord à amortir leurs recherches plutôt qu’à investir de nouveau dans des technologies différentes. Enfin, pour les centrales classiques, il faut remplacer un tiers de leurs barres d’uranium tous les dix-huit mois en moyenne ; cela représente un revenu récurrent. Ce n’est pas le cas pour les modèles au thorium, qui fonctionnent durant cinq à vingt ans, selon le type de réacteur, sans renouvellement de leur « combustible ».

Mais, faute d’expérience à l’échelle industrielle, peut-on être sûr que le thorium est une piste sérieuse ?
Il n’y a en tout cas pas d’empêchement majeur sur le papier. Et l’expérience MEGAPIE menée en Suisse, à l’Institut Paul Scherrer, a démontré que les questions de faisabilité de la partie délicate, la spallation, qui est la génération de neutrons à partir d’un accélérateur de particules, étaient résolues. On est donc infiniment plus proche de la concrétisation que pour la fusion nucléaire où, là, en revanche, la faisabilité n’est pas du tout garantie. Un article récent paru dans The Telegraph affirmait que, si Obama lançait le thorium maintenant, les Etats-Unis pourraient se passer du charbon dans vingt ans. Et je n’ai pas encore rencontré un scientifique disant que cette piste était illusoire. La Chine et l’Inde ont par ailleurs pris la décision de se lancer dans cette filière.

Le thorium, quel que soit le type de réacteur, a quand même des défauts…
Bien sûr, on n’arrive pas au zéro déchet. Ce serait l’idéal, mais ce n’est pas possible. Mais la dangerosité des déchets nucléaires est liée à l’infiltration à long terme de substances radioactives dans les sols. Le risque, c’est donc la durée. Garantir l’imperméabilité d’un bunker durant cinq siècles, c’est possible, mais durant cinq cent mille ans, c’est sans espoir. Or, le thorium, à puissance égale, c’est deux cents fois moins de volume de déchets qu’un réacteur de type Mühleberg, mais c’est surtout des déchets d’une durée de vie de cinq cents ans. C’est donc gérable, alors que des déchets d’une durée de cinq cent mille ans, comme ceux issus de la combustion de l’uranium, c’est quasiment la garantie que cette radioactivité finira un jour dans la nature, et donc dans les organismes.

Et les réacteurs au thorium, c’est vraiment un risque zéro de fusion du réacteur et donc de dissémination d’éléments radioactifs ?
Prenons les deux types de réacteurs. Le Rubbiatron, tout d’abord. Son cœur fonctionne de manière sous-critique, ce qui signifie que, si l’on tire la prise de l’accélérateur de particules nécessaire à l’entretien de la réaction en chaîne, ou qu’on dévie son faisceau de protons, la réaction cesse immédiatement. Le cœur du réacteur, une masse de plomb fondu dans lequel se trouve le thorium, se refroidit et finit par se solidifier, ce qui n’est pas un problème. Le deuxième type de réacteur, celui dit à sels fondus, a un cœur déjà liquide. En cas d’augmentation de chaleur, le nombre d’atomes fissionnés chaque seconde diminue. On dit que ce réacteur a un coefficient de réactivité à la température fortement négatif et, dans cette situation, le cœur devient sous-critique, donc sans risque d’explosion.

Croyez-vous à un avenir électrique suisse avec seulement des énergies renouvelables et sans nucléaire ?
L’idéal est une énergie si possible bon marché, sans CO2, sans déchets, sans danger et renouvelable, comme peut-être du solaire à très haut rendement avec de vraies solutions de stockage. Mais les solutions de stockage réellement applicables et pratiques n’existent pas encore, et des cellules à haut rendement et bon marché non plus. Le solaire reste une énergie d’appoint, à rendement faible, qu’on ne peut pas utiliser comme ruban énergétique de base et qui a potentiellement l’inconvénient de déstabiliser le réseau au-delà d’une quantité critique de cellules photovoltaïques. Je ne pense pas que l’on s’en sortira sans centrales à gaz ou au charbon, et cela pose un problème en raison des émissions de gaz à effet de serre. Le thorium me semble donc plus que jamais une piste à explorer.


Version française (aide de Mattia Parolari) du discours de Kirk Sorensen à TEDx sur les extraordinaires possibilités de l’énergie Thorium pour une communauté lunaire.

L’auteur affirme que, à un certain point dans l’étude à la Nasa, il s’est posé une question : mais si cette énergie était parfait pour la Lune, pour sa sécurité, sa compacité, un minimum de déchets ... ça ne serait pas aussi bonne pour une planète, disons, comme la... Terre ? :-)
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Le thorium est un élément chimique, un métal de la famille des actinides, de symbole Th et de numéro atomique 90.

Il a été découvert en 1829 par Jöns Jacob Berzelius et nommé d’après Thor, dieu scandinave du tonnerre.

Ses principales applications sont dans les alliages de magnésium utilisés pour les moteurs d’aéronefs. Il a un énorme potentiel comme combustible nucléaire, mais cette voie est encore en cours d’exploration (avec divers types de réacteurs : réacteur nucléaire piloté par accélérateur, réacteur à sel fondu, réacteur à haute température (HTR), …).


wikipedia.org




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