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J’ai fait ça en douce

Olivier Cabanel | centpapiers.com | vendredi 4 novembre 2011

vendredi 4 novembre 2011

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Le propre d’une démocratie, c’est sa transparence, et le moins que l’on puisse dire, c’est que par les temps qui courent, la dissimulation l’emporte, puisque l’on tente régulièrement de cacher aux citoyens les décisions prises.





« J’ai fait ça en douce… », Cette belle chanson, interprétée par Mistinguett, illustre bien les coups de canifs donnés par le gouvernement actuel, au contrat républicain. lien

Prenons l’exemple de cette loi qui risque d’être validée en douce obligeant les cultivateurs à acheter leur semence, leur interdisant d’en produire eux-mêmes. lien

Ou ce décret, 2011-795 du 30 juin relatif aux armes à feu susceptibles d’être utilisées pour le maintien de l’ordre public, validé par un sénat aux ¾ vides. lien

En effet, suite à la multiplication des manifestations, le gouvernement, toujours dans une logique sécuritaire, n’est pas à cours d’imagination, et une nouvelle arme vient de renforcer l’arsenal anti-manifestant, un fusil de tireur d’élite, calibre 7,62mm.

Le GIGN est déjà équipé de cette arme, munie d’une jumelle de visée de précision, baptisée « Ultimat Ratio », en référence à la devise que Louis XIV avait fait graver sur ses canons (l’armement ultime des rois). lien

A ce jour, l’Europe n’y a rien trouvé à redire, et dans son article 2, elle reconnait sa légalité lorsqu’il s’agit de réprimer, conformément à la loi, une émeute, ou une insurrection. lien

On connaissait déjà la dispersion de manifestants par jet d’eau, par lancer de grenades, parfois en tir tendu, mais il y a beaucoup « mieux ».

Tout comme aux Etats-Unis, (lien) Il existe un camp d’entraînement à st Astier, dans le sud-ouest, qui a permis à des milliers d’agent de force spéciale de s’entrainer dans un décor réel de barres d’immeubles à la guerre de banlieue, afin de se mettre en situation. lien

Dans son livre « le son comme arme » éditions La Découverte, septembre 2011, la journaliste Juliette Volcler, (lien) fait le tour des solutions trouvées par les gouvernements pour empêcher la tenue de manifestations, se mettant ainsi en rupture avec les vœux du CNR (conseil national de la résistance) qui avait revendiqué, après la libération de 1945, la liberté de réunion et de manifestation. lien

C’est en 2004, alors que Nicolas Sarközi était encore Ministre de l’Intérieur, que les DMP (Dispositif Manuel de Protection) ont été autorisés en douce, sans la moindre concertation. lien

Il s’agit d’une grenade contenant 18 plots en caoutchouc qui se dispersent provoquant un effet assourdissant.

Elles ont été utilisées à Grenoble, en 2006, lors d’une manif contre les nanotechnologies, puis en 2007 dans la même ville, provoquant la perte d’un œil, du gout et de l’odorat chez un manifestant.

A St Astier, ces grenades auraient provoqué des troubles auditifs chez ceux qui les testaient. lien

Puis il y a les rayons soniques appelés « cri perçant » provoquant vertiges et nausées visant l’oreille interne et qui pourraient endommager gravement l’audition. lien

Il y a heureusement des parades à ces agressions sonores, et le collectif espagnol « Escoitar  » se propose avec « sonic weapons » d’alerter l’auditeur sur l’usage du son et de l’audition comme moyens de contrôle en lui donnant les moyens pour exercer sa liberté. lien

Et puis, on peut évoquer le livre de Rémy Chauvin, ce grand biologiste hélas disparu, qui dans son livre « défi à la guerre future  » (éditions France empire 1978) faisait le tour des solutions non violentes en cas d’agression. lien

Dans ce livre original, il imagine l’utilisation du bombykol, substance sexuelle du ver à soie, ou celle de la substance produite par les fourmis Anomma pour empêcher la progression de chars d’assaut, et il décrit quantités d’autres solutions. lien

C’est en Irak, à Falloujah que pour l’une des premières fois, le son a été utilisé pour semer la panique au milieu de la foule, diffusant du Hard Rock à plein volume.

Depuis, ils ont beaucoup progressé.

On connaissait déjà le Taser, qualifiés de « less ethal weapons  » (armes moins mortelles), qui envoie une décharge de 50 000 à 70 000 volts pendant 8 secondes, ce qui permet de paralyser un homme durant  45 minutes. lien

Depuis, l’entreprise Taser a fait des « progrès » proposant des mines, déclenchées par des capteurs, projetant des aiguilles reliées à des fils haute tension. lien

Evoquons le « mosquito  », arme « anti-jeunes » consistant en un boitier appliqué sur la façade d’un bâtiment, émettant une fréquence sonore puissante de 17 000 Hz seulement audible par les jeunes, destinés à les chasser des zones commerciales, car, d’après les commerçants ils « gênent » par leur présence, les clients potentiels. lien

Mais d’autres armes plus radicales existent, tels ces équipements électro-magnétiques, montés sur des Ford 550 capables d’envoyer des impulsions à plus de 250 mètres afin de contrôler les foules. lien

Ces armes électromagnétiques HPM provoquent une sensation de brulure quand elles atteignent les couches externes de la peau.

Ses rayons traversent sans difficulté les vitres d’une voiture, et les fissures d’un mur en béton.

On peut aussi évoquer l’ADS, (Active Denial System) arme identique qui émet des ondes électromagnétiques à une fréquence de 95 GHz, dont il existe déjà un petit prototype à l’usage de la police et des gardiens de prison, lequel aurait une portée performante à des dizaines de mètres. lien

Le professeur Jürgen Altmann, physicien, affirme que cette arme peut comporter des risques pour la santé, voire provoquer la mort, alors que le Ministère de la Justice américain est convaincu qu’il n’occasionnerait pas de lésions permanentes. lien

D’autres « progrès » ont été accomplis et des alarmes directionnelles sont utilisées pour disperser les foules, comme dans la bande de Gaza, à Athènes, en passant par Pittsburgh ou Toronto. lien

Du 18 au 21 octobre dernier, s’est tenu à la Porte de Versailles, à Paris, un salon un peu particulier : celui de la « sécurité intérieure des états  », appelé « Milipol », mais le citoyen lambda ne pouvait s’y rendre, l’accès étant réservé aux professionnels de la « sécurité ».

Il s’y vendait des 4/4 de police (et non pas militaire) au vitres grillagées équipées d’une tourelle avec mitrailleuse, mais aussi des logiciels destinés à être installés dans des ordinateurs que l’on veut surveiller, très pratique pour un patron qui s’intéresse aux activités de ses employés.

On a pu y apercevoir, comme par hasard Marine Le Pen et Claude Guéant. lien

Ce dernier, est dans la logique du perroquet, avec une seule obsession, « nettoyer, nettoyer, nettoyer… » (lien) et après avoir incité les français à la dénonciation, comme aux « beaux jours » de la France de Vichy, (lien) il propose aux citoyens de se transformer en policiers/réservistes, afin, justifie-t-il, d’aider à la lutte contre les trafics de drogue (lien) alors qu’il y a déjà dans notre pays 270 000 policiers et gendarmes , (soit 1 pour 222 français).

Par contre, Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale a échappé aux poursuites, (lien) Jean Christophe Lagarde mis en examen pour une affaire de proxenétisme, reste en liberté, (lien) et Bernard Squarcini n’est même pas relevé de ses fonctions. lien

C’est le moment de rappeler le scénario de fiction imaginé par Hacène Belmessous dans son livre « opération Banlieues ».

Il y évoque la multiplication des descentes de police dans les banlieues, débouchant fatalement sur quelques bavures, provocant bien évidement des émeutes, le couvre feu, l’arrivée en fanfare des brigades spéciales de st Astier, qui après quelques semaines, auraient bien sur rétabli le calme, à quelques jours de l’élection présidentielle, ramenant logiquement sur son trône l’autocrate président. lien

Sauf que les mauvaises nouvelles s’accumulent pour ce dernier, puisqu’on apprend que plusieurs plaintes ont été déposées contre lui, notamment par Jacques Verges et par Roland Dumas.

Il est accusé de crimes contre l’humanité, et les membres du club « Penser la France » ont décidé de réunir un collectif d’avocats afin d’étudier un dépôt de plainte devant la Cour de Justice. lien

D’ailleurs, comme l’écrit dans son livre qui vient tout juste de paraître : « l’invention de la violence » (Fayard éditeur) Laurent Mucchielli : « à croire le discours ambiant, nous vivons dans une société très violente. Instrumentalisée à coup de statistiques douteuses par les discours politiques, entretenue en permanence par le traitement médiatique des faits divers, l’émotion emporte tout sur son passage. (lien) De l’insulte au meurtre, tout est appelé « violence », et chacun y va de sa solution et de son bouc émissaire : les étrangers ! les jeunes ! les malades mentaux ! le sentiment d’insécurité grandit et, obnubilés par la peur, nous sommes séduits par le vieux refrain du « c’était mieux avant ».

Et l’auteur de conclure avec des preuves que notre société est globalement moins violente qu’autre fois, et il démontre que cette fameuse « explosion de violence » est un mythe produit par une société amnésique. lien

Car comme dit mon vieil ami africain :

« On n’interdit pas de boire à celui qui a creusé le puits ».

Merci à Corinne Py pour sa collaboration efficace.

L’image illustrant l’article provient de « ovnisant.com ».


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