Accueil > 2011 > novembre > « Charlie Hebdo » et le retour des présumés coupables

« Charlie Hebdo » et le retour des présumés coupables

David Marín | unristretto.net | jeudi 3 novembre 2011

jeudi 3 novembre 2011

aaa
un ristretto !

L’événement fait perdre la raison. La rédaction de « Charlie Hebdo » ravagée. Le numéro avec la caricature de Mahomet. Le titre « Charia Hebdo ». La liberté d’expression a pris un coup qui fait mal. Surtout chez ceux qui ne se limitent pas à l’invoquer, mais qui la pratiquent.
Par ailleurs, c’est aussi la raison qui souffre.
Il y a eu l’incendie. L’hypothèse d’un mobile : le numéro « Charia Hebdo ». Des éléments à propos du mode opératoire. Rien à propos des auteurs de l’acte criminel. Alors, il aurait été bienvenu que la raison aussi trouve son expression. Elle aurait brillé parmi l’indignation, la solidarité et la compassion. Combien de fois, pour d’autres questions, des mots ont été dépensés pour rappeler la présomption d’innocence ?

Il se peut qu’après avoir vu la une de « Charlie Hebdo », certains aient imaginé pendre par les testicules ses auteurs. Il y en a qui ont peut-être rêvé d’un assassinat façon Tarantino. Des personnes qui ont fantasmé la violence pour évacuer la rage, mais sans menacer ni passer à l’acte. Puis il y a ceux qui n’en avaient rien à cirer. Et encore les gardiens du bon goût, ceux de la bonne conscience, les scandalisés : l’inventaire est interminable.
Aussi, des musulmans qui vivent leur credo de manière privée.
Tous jouissent de la liberté d’expression cadrée par les lois de la République, et surtout de la liberté de fantasmer, penser, imaginer ce qu’ils veulent, comme il l’entendent, sans entraves ni limites.

De l’autre côté il y a les criminels, les auteurs de l’incendie qui doivent répondre aux lois. Qu’ils soient illuminés, fondamentalistes, croyants ou de simples crétins. Il n’y a pas de loi Divine, pas de Charia, ni aucune loi de la Satire qui peut être appliquée au sein de la République.
Les auteurs de l’incendie criminel doivent être visés, recherchés et jugés. Pas les autres. Par ces temps de guerres au nom d’un Dieu plutôt que d’un autre, il aurait été utile de le rappeler et par la même occasion affirmer la laïcité. Autrement la confusion et l’amalgame entre le mobile –le numéro de « Charlie Hebdo »-, le sujet du numéro, les soupçons et les suspects s’installe. Il n’y a jamais de présumés coupables, même parmi les fidèles de Allah. Au contraire dans ce cas l’opinion s’enflamme, et les musulmans redeviennent la cible d’un tir groupé. La raison se perd, et les fanatiques des croisades s’en réjouissent déjà. Ils profitent de la perméabilité retrouvée entre religion et état, tandis que la raison souffre dans un coin. Au point qu’elle pourrait se rebeller, imaginer la « mort aux cons ! ». Et il y aurait sûrement quelqu’un pour l’accuser de génocide.


Voir en ligne : « Charlie Hebdo » et le retour des présumés coupables

Messages

  • Bonjour,
    je suis l’auteur de ce texte. Merci pour l’avoir repris, j’en suis content. Par contre, s’il devait il y avoir une prochaine fois, je serai content si vous pouviez m’informer d’abord de votre intention de reprendre, de pomper, un texte.
    Là vous l’avez fait sans même m’écrire un mot, ce qui n’est pas ce qui se fait de mieux. J’aurais été d’accord, de toutes manières, mais m’en informer pour ma gouverne, aurait été un geste que j’aurais apprécié.

    David Marín
    unristretto.net

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.