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Libye. Des commandos français et anglais traquent Kadhafi
Olivier Auradou | ladepeche.fr | mardi 30 août 2011
mardi 30 août 2011
Après quarante-deux ans de règne, Kadhafi a fui face à l’avancée des rebelles dans Tripoli, il y a une semaine maintenant. Malgré la mise à prix de sa tête par de riches industriels libyens, il reste pour le moment introuvable.
Selon Kader Abderrahim, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Kadhafi avait « acheté des clientèles auprès des tribus, et éliminé ses opposants. Aujourd’hui qu’il n’a plus le pouvoir ni les moyens financiers, ça va être très dur pour lui de tenir ».
Jusqu’à présent, les troupes occidentales restaient cantonnées aux frappes aériennes ou au soutien technique et stratégique. C’est notamment le cas d’une trentaine de militaires français du commandement des opérations spéciales (COS), présents près de Benghazi. « C’est principalement ce qui a permis la progression éclair des troupes rebelles entre le 17 et le 20 août », explique Kader Abderrahim.
Des troupes spéciales de la DGSE et des SAS anglais
Mais les spécialistes du renseignement s’accordent aujourd’hui sur la présence, au sol, de troupes spéciales dans la traque au colonel Kadhafi. Le quotidien anglais The Telegraph affirme que les commandos SAS seraient à la tête de ces troupes, déguisés en hommes du CNT libyen.
Le spécialiste français des questions militaires Jean-Dominique Merchet, va dans le même sens, lorsqu’il évoque les hommes du Service action de la DGSE : « Les unités militaires qui la composent (environ 800 hommes) sont les seules à avoir le droit d’agir de manière entièrement clandestine. Cela signifie, par exemple, ne pas porter l’uniforme de l’armée française. Les hommes du SA sont-ils à l’action en Libye ? C’est hautement probable, et s’ils n’y étaient pas, on se demanderait alors vraiment pourquoi entretenir de telles unités... » Mais leur activité, couverte par une très stricte application du secret-défense, n’est jamais évoquée officiellement.
Des drones pour la prise de Tripoli
« Tant que les rebelles du CNT ne contrôleront pas la totalité du pays, ils n’attraperont pas Kadhafi », assure pour sa part Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Car satellites et drones ne suffiront pas à fouiller toute l’étendue du désert libyen.
Les petits avions sans pilote ont tout de même été d’une aide capitale pour la prise de Tripoli, permettant aux rebelles de ne pas avancer aveuglément, et aux avions de l’Otan d’opérer des frappes plus précises. Ainsi, seules 39 frappes aériennes ont eu lieu samedi 21 août, week-end où tout a basculé, contre une soixantaine par jour depuis mars.
L’Algérie accueille sa famille
L’épouse du dictateur, Safia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants, sont entrés en Algérie hier matin. Les autorités ont indiqué leur avoir offert « un passage » pour « entrer dans un pays tiers » pour « raisons humanitaires ». Khamis, un autre fils du Guide, aurait quant à lui été tué lors d’affrontements avec les insurgés survenus dans le sud de la Libye.
Quel avenir ?
La situation en Libye sera au cœur de la Conférence des amis de la Libye, qui regroupera une cinquantaine de pays et le secrétaire général de l’Onu dans la capitale française ce jeudi.
« Il faut absolument continuer à les accompagner dans la voie démocratique, et ne pas faire comme en Irak où on a dissous l’armée et les institutions proches du régime », assure Kader Abderrahim, chercheur à l’Iris. « Un éclatement du pays représenterait un gros danger pour toute la zone méditerranéenne. La question centrale va être l’attitude des tribus. » Mais ce spécialiste du pays s’avoue « pas du tout optimiste sur la situation à moyen terme ». Car contrairement à l’Egypte et la Tunisie, « il n’y a pas du tout d’Etat en Libye. Nous avons aujourd’hui un CNT très divisé, sans légitimité, issu de la bourgeoisie de Benghazi ». O.A.
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