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Kadhafi espionnait sa population avec l’aide de la France
Fabrice Epelboin | reflets.info | mardi 30 août 2011
mardi 30 août 2011
Redoutant sans doute le dispositif de surveillance américain Echelon, Kadhafi s’est tourné, comme d’autres dictateurs, vers les Français pour mettre en place une gigantesque infrastructure de surveillance de sa population, et l’étendue des tehnologies mise à sa disposition commence à apparaitre au lendemain de la chute du dictateur.
Le Wall Street Journal ne rate jamais une occasion de taper sur une technologie non américaine. En 2009, ils avaient largement contribué a dénoncer Nokia-Siemens et ses accointances avec le régime Iranien qui avait permis à celui-ci de traquer les malheureux twitters de la « révolution verte », et qui, encore aujourd’hui, fournit au Bahrain une large part de ses technologies de censure et de surveillance.
Aujourd’hui, le plus prestigieux journal d’information financière de la planète dénonce la participation de Bull, une société Française dans laquelle France Telecom/Orange a une large participation, d’avoir fourni un système de surveillance très sophistiqué à Kadhafi.
C’est très vraisemblablement par l’intermédiaire de la société i2e/Amesys que tout cela s’est fait, une filliale de Bull spécialisée dans la défense et impliqué dans le scandale des documents Takieddine – une vaste affaire de corruption et de commission sur des ventes d’armes qui éclabousse le clan Sarkozy. On retrouve en effet le nom de Takieddine dans des commissions versées par Bull/i2e à ce dernier, dont on ne sait pas encore à ce jour précisément quelle proportion a servi (ou pas) a financer le parti présidentiel Français ou l’actuelle campagne présidentielle.
Une chose est désormais certaine cependant : Bull/Amesys a bien fourni a Kadhafi un vaste dispositif doté des tous derniers raffinements en matière de surveillance et de censure, dont notre préféré, le Deep Packet Inspection, arme ultime pour mettre au pas sur internet toute forme de résistance.
Pièce maitresse du dispositif de repression numérique Libyen, le système Eagle de Bull/Amesys qui permet de mettre sous surveillance une nation toute entière. Concrètement, Hotmail, Yahoo, Gmail ainsi que les éhanges faits avec MSN instant messaging étaient sous étroite surveillance. De nombreuses copies d’échanges entre activistes ont été retrouvées dans le bunker que Kadhafi avait dédié à la surveillance électronique, et dont la porte d’entrée arborait fièrement le logo de la filiale de Bull, Amesys.
Bull/i2e avait été introduite en Libye en avril 2006 par le désormais célèbre Takieddine, marchand d’arme de son état, alors sous la protection d’un Nicolas Sarkozy qui n’était que ministre de l’intérieur, afin de fournir à Kadhafi un système de cryptage destiné à le protéger de la surveillance américaine.
D’autres sociétés sont également impliquées, comme Boeing (un autre marchand d’armes) dont la filiale Narus, déjà mise en cause en Egypte pourrait bien, elle aussi, avoir vendu à Kadhafi des armes electroniques destinées à faire tomber la repression de façon plus ‘ciblée’. On trouve également dans les rangs des prestataires de Kadhafi la société Chinoise ZTE Corp ainsi que le sud africain VASTech.
L’installation de technologies de surveillance et de censure qui permettaient d’écouter Skype, de bloquer l’usage de Proxy et de filtrer l’internet a semble-t-il été ralentie, si ce n’est stoppée, par les bombardements de l’OTAN, mais des négociations étaient encore en cours mi février à Barcelone entre le régime Libyen et Boeing pour la mise en place d’amélioration au système déjà redoutablement sophistiqué de surveillance. De plus en plus de questions se posent par ailleurs quant aux véritables raisons de la présence de Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, à Tripoli durant les dernières vacances de Noël, alors que Michèle Alliot Marie était en Tunisie et François Fillon en Egypte.
Les Français, peu sensibles à la problématique posée par ce qui n’est ni plus ni moins que de l’armement numérique déployé à des fins de repression politiques hors de tout cadre réglementaire, dans ce qu’il faut bien convenir d’appeler un far west où tout est permis, en seront probablement pour leurs frais : les même technologies sont déjà en service en France, comme le révèlait fin avril Le Figaro, dans un cadre juridique – la loi Loppsi, entre autre – qui a régulièrement été dénoncée par les militants des droits de l’Homme, et qui promet de nombreux dérappages.
Comme on dit dans le milieu des startups, et que l’on pourrait désormait déclamer à l’adresse de la population Française : « eat your own dogfood« .
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