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Ecole : quand les postes sautent, c’est l’aide aux élèves qui trinque

M.P | liberation.fr | 29 août 2011

lundi 29 août 2011

Le SNPDEN, syndicat des chefs d’établissement, présentait ce lundi son enquête sur les effets des suppressions de postes répétées.

Comment faire autant avec moins ? C’est le dilemme des chefs d’établissements scolaires, à quelques jours de la rentrée des classes, marquée depuis maintenant dix ans par des baisses d’effectifs. Cette année, ils devront composer avec 16.000 suppressions de postes. Comment, dans ces conditions, boucler les emplois du temps et tenter d’assurer la continuité du service public ? Où couper ? Des suppressions pures et simples de classes à la suspension des cours de soutien faute de mieux... Quelles sont les répercussions pour les élèves ?

« Paradoxalement, les effets ne se voient pas forcément le jour de la rentrée. Mais plus tard, au fil des mois, quand se pose la question du remplacement d’un professeur par exemple », déplore Philippe Tournier, le secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale (SNPDEN). A défaut d’études et de données chiffrées fournies par le ministère, ce syndicat majoritaire des chefs d’établissement a mené une enquête auprès d’un panel de 1500 établissements.

Premier constat : ce sont les cours à effectifs réduits qui trinquent en priorité. « Un tiers des établissements suppriment les opérations d’aide aux élèves », comme l’accompagnement personnalisé, mesure phare de la réforme du lycée de Xavier Darcos. « La politique du ministère n’est pas assumée. Ils suppriment des postes mais ne changent pas leur discours "on fait la même chose qu’avant et même on en fait toujours plus". Il n’y a que rue de Grenelle que l’on peut penser faire pareil avec moins », peste Philippe Tournier. « On lance des projets éducatifs qualitatifs et l’année d’après, on est obligé de les stopper faute de budget. C’est décourageant. L’effet est nul sur le plan pédagogique et dévastateur sur le moral des enseignants », ajoute Catherine Petitot, secrétaire générale adjointe du syndicat.

Les heures sup et le casse-tête des emplois du temps

Autre conséquence de la suppression de postes, le nombre d’heures supplémentaires flambe. Jusqu’à 6% de hausse en un an dans les lycées. En pratique, les heures supplémentaires cumulées représentent en moyenne l’équivalent de neuf postes temps plein au lycée, quatre au collège. « Si demain les professeurs d’un établissement refusent, comme cela leur est permis, de faire des heures sup, il y aura 28 heures non assurables, soit l’équivalent d’une classe sans professeur. »

En pleine prise de tête sur les emplois du temps, un principal de collège, à Marseille, témoigne : « dans l’enveloppe budgétaire qui nous est attribuée, on se retrouve avec de plus en plus d’heures supplémentaires à ventiler. Par exemple, là où j’avais deux postes temps plein de professeur de langue vivante, je suis forcé de demander à l’un des profs de faire des heures supplémentaires et à l’autre d’aller faire six heures de service dans un autre établissement ».

Résultat, prévisible : les profs râlent, ils ne sont statutairement pas obligés d’accepter, mais en pratique, un peu forcés de jouer le jeu. « Ils finissent par accepter par conscience professionnelle mais cela ne contribue pas à travailler dans un climat serein », se désole ce principal.

« Chatel, la rentrée, il la regarde de loin »

Selon l’enquête du SNPDEN, les établissements les plus défavorisés sont les plus touchés par ces suppressions de poste. « Les retraits de moyens se font en priorité là où des moyens supplémentaires ont été mis. Cette démarche, qui semble répondre à du bon sens, a pour conséquence redoutable de toucher de plein fouet les établissements déjà fragilisés par leur situation scolaire ou sociale. »

Le syndicat pointe aussi les disparités dans l’attribution des ressources entre les établissements. Tout se décide au niveau des rectorats, qui choisissent d’allouer telle ou telle dotation à tel ou tel établissement, parfois sans réelle justification. 16% des établissements interrogés disent ne pas savoir comment leur dotation est calculée. Cela participe à un climat tendu entre les établissements et le rectorat. Et Philippe Tournier de regretter : « Contrairement à ce que pense l’opinion publique, Chatel, la rentrée, il la regarde de loin. Le ministère ne s’en occupe plus du tout. »


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