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Au fond, que fait la France en Afghanistan ?

| lemonde.fr | 19 août 2011

samedi 20 août 2011

La guerre est-elle une affaire trop sérieuse pour être expliquée aux citoyens
 ? Dix ans après les attentats du 11-Septembre à New York et
la riposte engagée par les Occidentaux, Etats-Unis en
tête, contre le sanctuaire afghan d’Al-Qaida, la question se
pose, avec insistance. Particulièrement en France où
l’embarras est général : depuis dix ans, le
président décide, le Parlement se tait et le peuple
a d’autres soucis.

Seuls quelques épisodes dramatiques de cette guerre
lointaine parviennent à rompre,
sporadiquement, cette absence de débat. Comme à
l’été 2008, lorsque dix soldats français sont
tués dans une embuscade tendue par les talibans à
l’est de Kaboul. Ou comme, aujourd’hui, pour la triste raison que
les pertes françaises s’accélèrent : le 74e
militaire français a été tué le 15
août, mais c’est le 11e depuis un mois, le 22e
depuis le début de l’année. Brusquement, le
contingent français paie un tribut très lourd - plus
lourd que celui des autres pays engagés - dans ce conflit.

Pourquoi ? Pour quoi faire ? Dans
quel(s) but(s) ? Avec quelle mission ? Les questions sont graves.
Elles restent, pour l’essentiel, éludées. Et
inévitablement parasitées, hélas !, par des
enjeux de politique intérieure.

Les déclarations du président de la
République, chef des armées, ne permettent
guère d’y répondre.
Jusqu’à la fin de 2010, Nicolas Sarkozy affirmait sa
détermination à "faire la guerre jusqu’au bout"
et "aussi longtemps que nécessaire", pour lutter contre le terrorisme et
l’obscurantisme. Le 12 juillet, lors d’une brève visite en
Afghanistan, le même assurait qu’"il faut savoir finir une guerre" et annonçait le calendrier d’un retrait
progressif des troupes françaises entre 2012 et 2014. Sauf
à reconnaître que
l’intervention occidentale est inefficace et impuissante, ce
changement de cap reste inexpliqué.

Longtemps discrète - y compris parce que l’intervention
initiale avait été décidée quand Lionel Jospin était premier
ministre et avec son plein accord -, l’opposition semble
décidée à donner
de la voix. Mais davantage pour accentuer

l’embarras du chef de l’Etat, déplorer
l’alignement mécanique de ses positions sur celles des
Américains (renforcement du contingent en 2008, retrait
programmé aujourd’hui), et réclamer
un retrait plus rapide. Sur le fond, au-delà du constat de
l’impasse actuelle, les socialistes ne font pas, ou peu, de
propositions.

Trois questions mériteraient pourtant débat et
réponses. La traque d’Oussama Ben
Laden ayant abouti, l’intervention en Afghanistan reste-t-elle
importante, favorise-t-elle la reconstruction d’un pays
dévasté par des guerres incessantes,
contribue-t-elle à la sécurité internationale
 ?

Si tels sont bien les buts de cette guerre, est-ce "jouable" ?
L’annonce des retraits prochains semble démontrer
que non, aux yeux des états-majors. Sans que, cependant, ce
changement complet d’évaluation ait été
expliqué.


Transmis par Anne & Ahmid
Fri, 19 Aug 2011 06:57:37 -0700

PAMF


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