Accueil > 2011 > juillet > Bolloré ne s’en laisse pas Condé en Guinée
Bolloré ne s’en laisse pas Condé en Guinée
Xavier Monnier | bakchich.info | mercredi 6 juillet 2011
jeudi 7 juillet 2011
Le groupe Bolloré ne sera pas poursuivi pour corruption quant à l’attribution de la gestion du Port de Conakry. La plainte de son concurrent a été classée sans suite par le parquet de Paris.
La guerre des Ports, enjeux ô combien stratégiques et lucratifs [1], continue en Afrique. Après Lomé, Libreville, Dakar, Abidjan le nouveau champ de bataille s’appelle Conakry.
Et cocorico, un Français se trouve toujours à guerroyer - avec des fortunes diverses- dans les rades du noir continent. Le nom de ce de Surcouf moderne ? Un Breton allons ! Le ci devant ami yachtman du Président Sarko Ier, Vincent Bolloré lui-même.
Bon moussaillon Bakchich, a une fort belle nouvelle pour l’amiral Vincent B. La plainte pour corruption déposé contre X par son concurrent Getma (hourrah encore un Français) quant à l’attribution de la gestion du port de Conakry, a été classé sans suite par le parquet de Paris.
Petit retour en arrière. En 2008, Getman-Necotrans remporte pour 25 ans la concession du Port de Conakry, devant Bolloré. Au pouvoir alors en Guinée, l’homme qui a succédé à Lansana Conté, le pas si doux dingue Dadis Camara.
Deux ans plus tard, le peuple guinéen élit Alpha Condé, dont Euro-RSCG, une filiale de Bolloré, a assuré la campagne. Et en mars dernier, arguant d’un manquement de Getma, le tout nouveau président guinéen, casse la concession et s’en va confier la gestion Port à Bolloré.
Un rien fâché qu’on lui ait confisqué son jouet, et quelques matériels pour un montant de 10 millions d’euros, Richard Talbot, le patron de Getma hurle aux grands dieux qu’on l’a spolié, que le trio Sarko-Condé-Bolloré l’a évincé et porte plainte au pénal.
Tirs à plaintes réels
C’est cette plainte qui a été classé sans suite. « Sans apparemment que beaucoup d’investigations aient été diligentées, soupire-t-on du côté de l’ex concessionnaire, seule Talbot a été auditionné ». Voile pliée ? Du tout.
En effet d’autres plaintes demeurent pendantes. Devant le Cirdi -la cour d’arbitrage de la Banque Mondiale à Washington-, devant la Cour de Justice Commune et d’Arbitrage d’Abidjan, et en France devant le tribunal de commerce de Nanterre, pour concurrence déloyale. Au doigt mouillé, le préjudice est estimé par Getma aux alentours des 150 millions d’euros.
« Du racket », peste l’entourage de Bolloré qui a répondu par une plainte en dénonciation calomnieuse.
« Nous n’avons pas encore eu la confirmation de l’existence de cette plainte », assure Me Fischer, l’un des avocat de Getma. Elle existe bel et bien. Bakchich a pu parcourir cet assez peu aimable document, déposé le 3 mai dernier sur le bureau du procureur de la République de Paris.
Sous la plume de Me Baratelli, avocat de Bolloré, la plainte pour corruption n’est qu’un « odieux artifice » destiné à « servir médiatiquement une thèse que Getma a tenté de distiller ».
De la friture au sommet de l’Etat
Bref, ça souque fort entre les deux hérauts français de la gestion portuaire. Et les remous se font sentir jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Comme à l’accoutumée, des fritures sont apparus entre l’Elysée et le Quai d’Orsay. Si comme l’a rapporté le Nouvel Observateur, la cellule Afrique de l’Elysée n’a écouté que d’une oreille distraite les représentant de Getma, Alain Juppé, Ministre des Affaires Etrangères, a adressé un joli courrier en mars dernier à Richard Talbot, l’assurant qu’il souhaitait que le différends trouve une solution amiable entre bons corsaires tricolores.
Une issue qui était peu probable avant le classement de la plainte pour corruption. « Je ne négocie pas un couteau sous la gorge », a juré Bolloré.
Désormais, une accalmie est en vue. « Il serait normal qu’il y ait un dédommagements pour les investissement qu’ils ont réalisé », confie un des proches de Bolloré. Pour l’honneur des mers, la paix des braves, et quelques millions d’euros.
Au moins Bolloré ne s’en sera pas laissé Condé…
A lire ou relire sur Bakchich.info
[1] Le port de Conakry devrait rapporter 10 millions d’euros de profit par an à son gestionnaire
Voir en ligne : Guinée : Bolloré ne s’en laisse pas Condé