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Dépénalisation du cannabis : la lutte contre [les] drogue[s] nécessite une nouvelle orientation (2 truks)

Henry Moreigne & Mathieu Molard | lamouette.blog & streetpress.com | 17 juin 2011

vendredi 17 juin 2011

Un petit groupe de députés socialistes présidé par l’ancien ministre de l’intérieur Daniel Vaillant suscite un vif débat en proposant une légalisation contrôlée du cannabis par l’État. Les parlementaires partent du constat que dans notre pays, malgré une législation des plus répressives du vieux continent, le niveau des consommations, notamment chez les 15-24 ans, est l’un des plus forts de l’Europe.

Hasard du calendrier, dans un rapport publié le 2 juin, la Commission mondiale sur la politique des drogues internationale (ONU) présidée par l’ancien président brésilien Cardoso porte un constat très tranché sur la lutte mondiale contre les drogues. Elle juge que celle-ci a échoué et que l’approche exclusivement répressive de la toxicomanie est « dévastatrice ».

Cette Commission fonde son appréciation sur un constat. Sur la période 1998-2008, la consommation mondiale a augmenté de 35% pour les opiacés, 27% pour la cocaïne et 8,5% pour le cannabis. Elle en tire une conclusion unanime et sans ambiguïté : "les dirigeants politiques et les personnalités publiques devraient avoir le courage de d’articuler publiquement ce que plusieurs concèdent en privé : que les preuves démontrent sans équivoque que les stratégies répressives ne résoudront pas le problème de la drogue et que la guerre à la drogue n’a pas et ne peut être gagnée".

Les 19 membres de la Commission internationale proposent en conséquence la dépénalisation de la consommation de drogues et la légalisation du cannabis. Le rapport des parlementaires socialistes français s’inscrit parfaitement dans ce cadre. Xavier Bertrand le ministre de la santé a donc tout faux lorsqu’il déclare sur RTL : "Je ne pense qu’il soit utile de lancer un débat comme le fait Daniel Vaillant". Le débat doit être ouvert même s’il met mal à l’aise la majorité actuelle et son chef, le président de la république qui, derrière ses rodomontades présente un bilan calamiteux en termes de sécurité publique.

En effet, au-delà de l’aspect premier de santé publique, la question de la drogue renvoie aux problèmes de sécurité publique qui lui sont étroitement liés et à l’économie souterraine de première importance qu’elle génère. Elle interpelle également sur la bienveillance culturelle qui dans l’hexagone entoure l’alcool dont la consommation excessive est un désastre sanitaire aux risques psychiatriques équivalents à une consommation excessive de marijuana.

Le rapport des députés socialistes pose bien les choses en soulignant que l’absence de correctifs à la politique actuelle se traduit par une stérilité des résultats et un renoncement de la société à trouver des parades efficaces à un fléau. Ainsi, les parlementaires socialistes signataires du rapport affirment leur volonté de privilégier une autre approche que la prohibition qui, selon eux, a fait la preuve de son inefficacité. Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) le nombre de consommateurs réguliers de cannabis a quadruplé ces 20 dernières années.

On peut discuter longuement des mesures préconisées par les parlementaires socialistes, notamment la mise en place d’une filière nationale du cannabis sur le modèle du tabac et de l’alcool avec la création d’établissements consacrés à la vente afin d’éradiquer le trafic. L’important dans un premier temps est d’admettre que les dispositions aujourd’hui en vigueur ne règlent rien et qu’il faut totalement repenser l’approche du sujet.

Un premier pas pourrait consister à distinguer la légalisation, qui signifie que l’usage de drogue est autorisé et que sa production et sa commercialisation sont permises de la dépénalisation, qui correspond seulement à une suppression des sanctions pénales associées à la consommation de cannabis (production et commercialisation restant interdites). Le débat est posé. Souhaitons seulement qu’il ne soit pas déjà, faute de courage politique, mort-né.


Daniel Vaillant est « vierge » et veut légaliser le cannabis 100% bio

streetpress.com - 16 juin 2011

Speed question Le PS se pose la question de la légalisation du cannabis. Daniel Vaillant est pour, à condition que ce soit de la bonne : 8% de THC et 100% bio. Il vient de pondre un rapport à l’Assemblée Nationale pour convaincre ses potes.

LES FAITS

Daniel Vaillant est pour une légalisation du cannabis, contrôlée par l’état. Ses propositions : de la beuh en vente chez les buralistes, mais attention de la bonne : 100% bio.
C’est à la demande de Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, que l’ancien ministre de l’intérieur a pris la tête d’un groupe de travail sur la « Légalisation contrôlée du cannabis ». Le groupe de travail présentait son rapport aux députés socialistes, puis à la presse, aujourd’hui.

LE CONTEXTE

Légaliser le cannabis : les Verts sont pour, l’UMP est contre. Le PS, lui, cherche toujours une position officielle. Daniel Vaillant milite en faveur depuis 2003, et même s’il existe des antis telle que Ségolène Royal, l’idée fait son chemin. Selon Daniel Vaillant, le groupe PS aurait accueilli très favorablement ses propositions, même s’ils semblent plutôt frileux à l’idée d’inclure la légalisation dans les promesses de campagne pour 2012. L’option retenue serait d’ouvrir « un grand débat public, après 2012 » en vue de « prendre le chemin de la légalisation ».

En 2005, près de 4 millions de personnes, ont consommé du cannabis au moins une fois dans l’année. 1,2 millions de personnes sont des consommateurs réguliers.

La France partage, avec la République Tchèque, le titre de pays le plus répressif pour les consommateurs de cannabis.

LA QUESTION DE STREETPRESS

Comment organiser la légalisation du cannabis en France ?

LA REPONSE DE DANIEL VAillANT

« Le cannabis est une substance dangereuse. L’alcool est une substance dangereuse. Le tabac est une substance dangereuse. Sauf que le tabac et l’alcool sont légaux. On appelle ça des drogues licites. Le cannabis n’est pas plus dangereux que l’alcool voire que le tabac, si il est consommé avec modération… Nous préconiserions une filière nationale du cannabis (…), qui pousse à l’air libre, pas dans des cultures intensives dans des hangars avec des lampes à sodium. (…) Ça doit être un cannabis bio, avec 8% de THC pas plus, pour permettre une consommation sans dégât sur la santé des gens. (…) On évoque le chiffre de 1500 cannabiculteurs en France, peut être une cinquantaine de milliers d’hectares qui pourraient être dédiés à cette culture contrôlée. (…)

L’auto-production, parce qu’il faut tout dire, on s’est posé la question. Certains sont pour. Moi je suis réservé au nom du parallélisme avec l’alcool. (…) Le cannabis pourrait être distribué à un prix plus modique qu’il ne l’est aujourd’hui, justement pour casser les trafics. »

- Est-ce que vous avez déjà fumé un joint ?

« Non, non ! Je l’ai déjà dit, je suis vierge. Ne m’en proposez pas, je n’en fumerais pas. Je ne fume plus. J’ai un peu fumé. J’ai arrêté, ça fait bien longtemps. J’ai d’ailleurs pris les kilos en conséquence. Je n’ai jamais fumé un joint. On m’en a proposé, je ne l’ai pas fait. Je préférerais être un exemple de ce point de vue. Je ne suis pas pour favoriser l’accès à la consommation cannabique. Il faut bien comprendre ça, sinon on n’a rien compris. »


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