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Hajo MEYER, 86 ans, poursuit son combat contre le sionisme

europalestine.com | jeudi 3 mai 2011

mardi 3 mai 2011

Dans une nouvelle interview avec Adri Nieuwhof d’Electronic Intifada, Hajo Meyer 86 ans, survivant d’Auschwitz, parle de son combat contre le sionisme et de son soutien à la lutte du peuple palestinien pour la liberté et l’égalité, qui passe par les sanctions et le boycott d’Israël.

En 1939, Meyer, seul, dut fuir l’Allemagne nazie pour la hollande, à 14 ans, parce que les nazis ne lui permettaient pas d’aller à l’école. En 1943, trois ans après l’occupation de la Hollande par les allemands, il partit se cacher sous une fausse identité bricolée. Meyer fut pris par la Gestapo en mars 1944 et déporté au camp de concentration d’Auschwitz peu après.

Dans une nouvelle interview avec Adri Nieuwhof d’Electronic Intifada, Hajo Meyer parle de son militantisme qui ne s’est pas affaibli au cours des deux dernières années et appelle au boycott d’Israël..

Adri Nieuwhof : dans notre interview d’il y a deux ans, vous compariez vos expériences d’enfant à celles endurées par la jeunesse palestinienne aujourd’hui. Vous disiez que vous comptiez continuer à militer parce que vous « aviez encore tellement de choses à dire ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui s’est produit depuis ?

Hajo Meyer : Je ne pense pas que quoi que ce soit de remarquable soit arrivé. Je suis toujours militant, en raison de ce que je disais dans cette interview. Je partage tant de choses avec la jeunesse palestinienne. Mon propre destin est tellement comparable a ce que les jeunes palestiniens endurent en Palestine. Ils n’ont pas la liberté d’accéder à l’éducation. Empêcher l’accès à l’éducation, c’est un meurtre à petit feu. Je suis sérieux quand je dis cela ; c’est criminel. J’ai été un réfugié ; ils sont des réfugiés. J’ai connu toutes sortes de camps qui limitaient ma liberté de circulation, exactement comme les Palestiniens.

Je suis l’un des premiers membres de l’International Jewish Anti-Zionist Network (Réseau international antisionisme) (IJAN). Au cours des deux dernières années j’ai fait des tournées organisées par l’IJAN en Europe et en Amérique du Nord pour continuer de parler. Je reviens juste d’une tournée de trois semaines en Afrique du Sud.

La raison de ce voyage c’est que je connais très bien Alan Hart. Il a été le correspondant des télévisions ITN, et BBC, pendant des années. Il a publié en trois volumes épiques : « Zionism : The real Enemy of the Jews ». Alan a de bonnes relations avec les musulmans d’Angleterre. Ils nous ont mis, Alan et moi, en contact avec la Fondation Al Quods du Cape. Ensemble nous sommes allés donner des conférences en Afrique du Sud. Alan connaît personnellement tout le monde au Proche Orient. Il a milité au niveau politique et a une connaissance, au jour le jour, des activités politiques des deux bords. J’ai réfléchi sur la philosophie du sionisme. Je décris ça comme l’appartenance à une même classe idéologique, telle que le stalinisme ou le nazisme. Ces derniers sont tombés dans les égouts de l’histoire, après avoir assassiné tellement de gens. C’est ce que j’espère pour le sionisme, mais aussi c’est ce qui me fait peur.

A.N : Vous avez donné des conférences dans de nombreux pays au cours des deux dernières années. Quelles ont été les réactions ? Avez-vous remarqué des différences entre les pays ?

H.M. Je pense que l’Afrique du Sud ne peut être comparée à aucun autre pays que j’ai visité. C’était la première fois. L’expérience était différente parce que j’ai rencontré la communauté musulmane, et qu’ils étaient tous métissés ou noirs. Ils étaient bien plus chaleureux, plus accueillants, comparés aux Hollandais. J’ai parlé dans la plus grande mosquée du Cape devant 2000 personnes. Le Maulana (le chef religieux islamique) a prié Chris, ma femme, de me faciliter le voyage. Chris portait un foulard et était assise avec les femmes. C’est extraordinaire comme le rôle de Chris pendant cette tournée a été remarqué par le public. C’était très respectueux. Les femmes l’ont embrassée et remerciée de son rôle.

Les sionistes, par contraste, sont des automates. Chaque fois que je parle ils font toujours la même chose. Ils arrivent dans l’assistance sans arguments et se contentent de hurler « mensonges ! »… On leur a lavé le cerveau avec du vide.

C’est une leçon apprise à Auschwitz. Quand un groupe dominant tente de déshumaniser un groupe particulier, distinctif, il faut que le groupe dominant ait auparavant subi un lavage de cerveau. Un être humain normal ne peut pas voir souffrir un autre être humain, encore moins infliger la souffrance. Son empathie innée doit être refoulée pour qu’il puisse faire subir de la souffrance à un être humain. Ce que j’espère c’est que, finalement, une société composée d’une majorité (de gens) qui ont perdu l’empathie grâce à un lavage de cerveau qui dure depuis le jardin d’enfant et jusqu’à l’armée, comme les Sionistes, s’autodétruira de l’intérieur à force de trop d’agressivité.

AN : Quelle est votre impression sur les mouvements de solidarité dans les différents pays ?

H.M. Je suis un grand avocat du boycott des universités (israéliennes) qui sont les architectes des mesures d’oppression et d’humiliation pratiquées par) les forces d’occupation israéliennes. Israël veut prouver sa haute culture. Je me rappelle, du temps de l’occupation nazie, à quel point les nazis était fiers de leurs liens avec les universités ou quand un allemand jouait Beethoven au Concertgebouw [hall] à Amsterdam.

Quand nous étions en Afrique du sud nous avons appris que l’Université de Johannesbourg avait coupé ses liens avec l’université Ben Gourion. Et il y a eu des manifestations contre la tournée du Pr Alan Dershowitz (professeur de droit à l’université de Harvard et pro Israël).

J’ai peu de détails, mais je crois que le boycott, le désinvestissement et les sanctions sont certainement les thèmes (défendus par) ces pays. Je pense que le boycott des universités et des artistes israéliens est la partie la plus importante du boycott.

A.N. Comment jugez-vous la situation sur le terrain ? Voyez-vous du changement ?

H.M. Cela empire tous chaque jour. La répression contre les organisations non gouvernementales d’Israël qui essaient de venir en aide aux Palestiniens s’aggrave.. L’inconduite du ministre israélien des affaires étrangères, (Avigdor) Lieberman est ahurissante. Une majorité de la population juive ne veut pas parler des Palestiniens. Ils n’arrivent pas à sortir de leur rôle de victimes. Ils ont oublié la morale juive telle que posée dans les Règles d’or de Hillel (NdT : sage juif, 70 av. J-C, 10 ap.J-C) : « Ce qui est abominable pour vous, ne le faites pas aux autres ». On m’a appris à mettre au centre de la religion la morale inter humaine. C’est évidemment le contraire de la pratique quotidienne du sionisme ; dans le sionisme on pratique la religion dogmatique de l’Holocauste : il n’y a qu’un seul peuple qui sache ce que c’est que souffrir, c’est le peuple juif et toute souffrance infligée par les sionistes aux Palestiniens est négligeable comparée aux souffrances du peuple juif.

Deuxièmement, selon le grand prêtre Elie Wiesel, le seul événement qu’on peut comparer à Auschwitz, c’est la traversée du Sinaï, quand Moïse reçut des mains de Dieu les cinq livres de la Torah( i-e la Loi) et les dix commandements. Pour beaucoup cette religion a remplacé le judaïsme ancien. Elle donne aux sionistes la liberté de faire tout ce qu’ils veulent sans se sentir coupables.

Heureusement, très récemment, les sionistes ont eu à faire face à une défaite, en Suisse. Un juge a édicté que les affiches commémorant 61 ans d’injustice contre le peuple palestinien devait être à nouveau apposées dans la grande gare de Zurich. Sur cette affiche on lit : « Il n’y avait au Proche Orient aucune terre sans peuple pour un peuple sans terre. Israël : fondé dans la violence sur la terre palestinienne. L’injustice appelle à la résistance ».

A.N : Nous sommes tous les deux hollandais. Que pensez-vous de l’action du ministre hollandais des affaires étrangères, Uri Rosenthal ?

H.M. Je pense qu’il est le ministre des affaires étrangères d’Israël. C’est incroyable que le parlement Hollandais et le peuple hollandais acceptent qu’il parle comme s’il était le représentant d’Israël.

Ses menaces de couper les financement gouvernementaux si ICCO (institution qui délivre des subventions) continue à soutenir Electronic Intifada, sont une incroyable ingérence dans la liberté d’expression. C’est consternant.

Le peuple hollandais a raison d’avoir mauvaise conscience à propos des Juifs de Hollande. Il n’y a qu’en Pologne que le destin des juifs fut pire. Pourtant, un proverbe hollandais dit : « Il n’y a qu’un ami véritable pour vous montrer où résident vos échecs ». Nous sommes les mauvais amis d’un voyou, Israël. C’est un état criminel.

A.N : Prévoyez-vous de continuer à militer ?

H.M. J’ai 86 ans et j’ai toujours un état de santé raisonnable. C’est une grande pression que de faire des voyages aussi lointains que l’Afrique du Sud. Mais c’est aussi très gratifiant, rafraîchissant, de voir combien de gens répondent. Tant que je le pourrai, je continuerai.

(Traduit par Carole SANDREL pour CAPJPO-EuroPalestine)

Interview réalisée par Adri Nieuwhof sur The Electronic Intifada
le 26 April 2011

http://electronicintifada.net/meyer-interviewed

CAPJPO-EuroPalestine


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