Ne Pas Oublier (Non Plus) De Salir (Aussi) Mélenchon (Pour Mieux Complaire À L’UMP)

Bien avant qu’il ne soit monté sous Kozy vers la chefferie de France Inter, le fameux pathématicien Philippe Val (rires) nous fit, rappelons-nous, l’important legs du théorème de Philippe Val (rires), qui ne révolutionna pas seulement les pathématiques occidentales, mais tout l’art de penser (puisque précisément il dispensait de ce fastidieux effort), et dont l’énoncé se dit comme suit : « Quiconque sera sur la vie d’un autre avis que mon avis sera forcément d’extrême droite ».

Et il faut bien avouer que les fulgurances de Philippe Val (rires) nous manquent, depuis que Philippe Val (rires), cédant à l’appel du muezzin, a troqué sa vareuse de chasseur de nazis mercredique à Charlie Hebdo pour la fonction, assurément plus rémunératrice, de chief of station d’État.

Heureusement, Philippe Val (rires) continue d’inspirer d’entières générations de pointus commentateurs de la res publica - dont, dans les tout premiers rangs (ceux vers où vont le plus facilement les micros de la presse, qui ment), le réputé « politologue Dominique Reynié », chez qui le raffinement du commentaire le dispute à l’indépendance de l’esprit (et inversement) : nous parlons quand même, ici, d’un gars qui est, open the guillemets, « directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), groupe de réflexion proche de l’UMP » (et dont le financement, rapporté à son credo libéral, pourrait fournir la trame d’une longue réflexion sur la dignité).

Ainsi.

Complaisamment interviewé avant-hier, sur une pleine page, par le toujours-très-coruscant Bruno Jeudy, du Journal du dimanche d’Arnaud Lagardère [1], qui lui demande si des fois « Jean-Luc Mélenchon est-il populiste » (ou s’il serait plutôt populiste) ?

Dominique Reynié, venu là vendre son nouveau bouquin, qui justement porte sur « les populismes » [2], répond qu’oui, bien sûr.

Bieeen sûr, que Jean-Luc Mélenchon est un populiste, mâme Dupont.

Et d’ailleurs, Jean-Luc Mélenchon « s’est défini lui-même comme un populiste » - et si c’est pas une preuve qu’il l’est, je veux bien me faire curé à Brégançon, mâme Dupont.

Et « voyez », au reste, « le titre de son livre (Qu’ils s’en aillent tous !) qui pourrait être le titre d’un livre de Marine Le Pen », mâme Dupont.

Et remarquez encore - et concédez-moi je vous prie que c’est tout sauf anodin - que Jean-Luc Mélenchon, lorsqu’il fustige (car il les fustige, l’impudent rouge) « les élites incompétentes et mondialisées, préfère » les « appeler “oligarchie”, vocable qu’il a en commun avec la droite populiste du FN » [3].

Et certes, concède Dominique Reynié, dont l’immense droiture intellectuelle sera donnée en modèle dans les siècles des siècles : Jean-Luc Mélenchon n’en est pas encore à se vautrer « dans le nationalisme et la xénophobie ».

Mais il a « cependant fait un bout de chemin » vers Berchtesgaden, puisqu’après avoir été naguère « internationaliste, aujourd’hui il est souverainiste » - de sorte que nous sommes en droit (et en devoir, n’en doutons pas) de supposer que d’ici quelques mois, grand maximum, Jean-Luc Mélenchon, tombant le masque, se pointera chez Arlette Chabot en baudrier und brassard, aaah, l’infâme naziste.

Dans la vraie vie, naturellement [4] : rien ne permet d’amalgamer Jean-Luc Mélenchon avec l’extrême droite.

On peut assurément, comme le dit fort bien l’une des 365 méditations quotidiennes du ཏ་ཱལའི་བླ་མ་, lui reprocher quelques trucs, à Jean-Luc Mélenchon - mais ça ?

Non.

Dans la vraie vie, par contre : chaque jour - bientôt chaque heure - apporte de nouvelles preuves de la détermination du régime UMPiste à doubler sur sa droite l’FN, en soclant dans la fange les aboiements de sa maroquinerie.

Il y a donc, dans la vraie vie, non loin (du tout) de Dominique Reynié (qui dirige, remember, un « groupe de réflexion [5] proche de l’UMP »), des gens qui se roulent pour de bon « dans le nationalisme et la xénophobie » - mais ce n’est pas non plus comme si le triste mec allait se tirer une balle dans le commanditaire, pas vrai ?

Alors plutôt que de nous parler de l’affreuse réalité, Dominique Reynié nous fabrique à gauche, en orthodoxe philippevaliste, une extrême droite imaginaire.

Puis de psalmodier : « L’ignorance, c’est la force ! »

Notes

[1] Qui se donne quant à lui pour le « frère » du chef de l’État français, de sorte que nous sommes bel et bien, là, dans une grande et même famille.

[2] Suivant l’antienne philippevalique selon quoi les populismes sont « la pente fatale » qui mène tout droit vers quelque chose qui ressemble d’assez près à de l’hitlérisme.

[3] Et ça - l’oligarchie -, believe me, mâme Dupont : je connais bien.

[4] C’est un peu navrant d’avoir à le relever, mais le moyen de faitre autrement, quand l’oligarchie fait donner ses pitres orwelliens de chevet ?

[5] Veux-tu bien cesser de pouffer ?

Transmis par michel.berthelot <michel.berthelot@gmail.com>
Mon, 18 Apr 2011 12:41:08 +0200

Lettre d’information

estrait de la lettre d’information du site "Altermonde-sans-frontières"