Accueil > 2011 > mars > Lettre ouverte à un adolescent qui a fumé du cannabis.

Lettre ouverte à un adolescent qui a fumé du cannabis.

A K | streetgeneration.fr | 10 mars 2011

jeudi 24 mars 2011

J’ai vu un reportage au journal de 20H de David Pujadas, le 9 mars 2011, intitulé « le Cannabis et les parents » : on voyait un ado de 17 ans faire acte de contrition devant la caméra des journalistes de France 2.

Il y quelques mois, ses parents avaient découvert du cannabis dans sa chambre. Désemparés, ils avaient pris –avec leur smart phone- des photos des sachets d’herbe trouvés dans un coffret en bois. Au début, ils n’avaient pas osé en parler à leur fils. Mais ils « avaient compris pourquoi celui-ci était si agressif avec [eux] et si dissipé en cours les derniers temps ». Ils avaient hésité à appeler la police ; mais « quand même c’était [leur] enfant ». Alors, ils ont finalement décidé de lui en parler et de l’emmener voir un médecin. Puis à noël, chaque membre de la famille (les parents, la sœur, la tante, les grands-parents) sont venus parler individuellement au jeune homme, pour le dissuader. Bon jusque-là pourquoi pas ?

Visiblement, le garçon était resté un garçon obéissant puisqu’il a « décidé » d’arrêter de fumer des joints. Cela a même été l’occasion de renouer un dialogue avec sa famille.

Mais comme si ça ne suffisait pas, toute la famille a décidé de faire venir les caméras de France 2 dans l’appartement. Et le jeune homme a donc fait son mea culpa devant les millions de téléspectateurs de France 2, expliquant que c’était la faute du cannabis s’il travaillait mal, s’il était dissipé en cours, s’il n’écoutait plus ses parents.

C’est là où le reportage m’a vraiment étonné. Comme si à l’adolescence, il y avait besoin de fumer du cannabis pour faire l’idiot en cours ou dormir, ou rater son année, redoubler et même se faire virer du bahut. Je sais de quoi je parle puisque ça m’est arrivé au même âge et à plusieurs amis également. Je n’ai pas redoublé mais j’ai dû changer de lycée tant les conflits étaient nombreux avec les professeurs et la direction. A cette époque, bien sûr ni mes amis ni moi n’avions jamais fumé un joint ; j’ai découvert ça plus tard à la fac. Je me rappelle aussi de mon grand frère qui entre 14 et 17 ans quittait la table une fois sur deux avant la fin du repas, tant il avait sans doute l’impression d’être incompris. Lui, n’a jamais fumé de sa vie (bientôt 40 ans).

Nous ne fumions pas le cannabis, nous avons toujours eu des parents attentifs et aimants : ce qui ne nous a pas empêché de faire des bêtises, de sécher les cours, de nous révolter, de péter les plombs et aussi… de nous faire punir.

Alors je voudrais dire au jeune homme qui était dans le reportage que même s’il a arrêté de fumer des joints, s’il sèche encore les cours pour les beaux yeux d’une fille ou pour aller au cinéma voir un film d’horreur, ce n’est pas qu’il est fou ou parce qu’il inhale la fumée « des copains qui continuent à fumer devant lui « . Et si un jour, il refumait un joint ? Serait-il malade ? Irrécupérable ? Certainement pas. Ce dont il souffre, ça s’appelle l’adolescence et ça touche tous les jeunes de son âge, qu’ils fument ou non. « Il faut bien que jeunesse se passe ». Les anglais eux ont une belle formule pour dire cela « Boys will be boys. »

A part ça, j’imagine que les joints, ce n’est pas super pour suivre en cours. Mais les téléphones portables non plus. Et la télévision ou les jeux-vidéos à haute-dose le soir, c’est pas super pour la concentration et pour faire ses devoirs.

Culpabiliser, interdire, diaboliser n’a jamais prouvé son efficacité ni auprès des jeunes ni auprès de personne. Pour preuve, il n’y a jamais eu autant de fumeurs en France qu’aujourd’hui. Alors, au lieu de faire des reportages bidon, quasi malsains, essayons de réfléchir à une vraie prévention qui cesse de prendre les parents et leurs enfants pour les héros improbables d’une téléréalité morale et hygiéniste, bref pour des imbéciles

AK


Transmis par Anne & Ahmid

Thu, 24 Mar 2011 14:12:58 -0700

PAMF


Voir en ligne : Lettre ouverte à un adolescent qui a fumé du cannabis.

Messages

  • Je m’inscris en faux contre cette assertion : "Pour preuve, il n’y a jamais eu autant de fumeurs en France qu’aujourd’hui"

    Si en effet le nombre de fumeurs est relativement stable globalement (moins d’hommes mais plus de femmes et de jeunes), le volume de tabac consommé par les français a fortement chuté depuis 1991, loi Evin et augmentation du prix via les taxes étant les probables raisons principales. Ce graphique de l’INSEE est sans équivoque :
    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1110#inter2

    Concernant le cannabis, des études récentes de l’INSERM on souligné l’existence probable d’un lien de cause à effet entre la consommation de cannabis aux pré-adolescence et adolescence et le risque de déclencher à l’âge adulte des symptômes de schizophrénie.

    Même si cela concerne probablement des individus prédisposés à cette maladie, comme il n’est pas possible de le savoir avant le déclenchement de la maladie, cela me parait une raison suffisante pour dissuader la consommation de cette drogue de merde.

    Petite précision : cette maladie, une fois déclarée, c’est pour la vie et ses effets ne sont pas toujours, ni totalement résolus par le traitement médicamenteux (risperdal, zyprexa, ...). Sans parler des effets secondaires de ces médicaments !

    Christophe, père d’un enfant schizophrène

    L’actualité à Fukushima me dicte le choix de cette citation :
    " L’homme est devenu trop puissant pour se permettre de jouer avec le mal. L’excés de sa force le condamne à la vertu ", Jean Rostand, biologiste, dans Inquiétude d’un biologiste, 1967.

    • on parle bien du cannabis ?
      cette petite plante qui pousse pratiquement toute seule, jusque sur les bords de fenêtre ?
      J’ai un bon copain qu’en fume depuis trente ans au moins, il n’est toujours pas skizo...
      pas plus que les 2 millions de fumeurs hexagonaux plus ou moins occasionnels...

    • bbec, tu parles sans discernement.
      Bien sûr un tas de gens fument du cannabis de bonne qualité-jardin, et ne sont pas encore schizophrènes... mais ça ne veut rien dire. C’est connu, et j’en connais, deux , jeunes,(dont un neveu à moi), qui déclenchent des crises de ce que les médecins psy appellent schizophrénie, dès qu’ils fument le MOINDRE joint d’herbe, et c’est pas rigolo du tout je peut te le dire, ils se mettent en réel danger quand ils fument.
      J’y connais rien, mais il me semble qu’il ne faudrait fumer que tard dans la vie, quand tu as déjà une forme d’équilibre(!?) ou de je ne sais quoi qui fais que tu te connais mieux, que tu ressens bien ton corps et ce qui lui fait du bien ou du mal, histoire d’éviter ça au maximum ? En tout cas je ferais tout pour éviter que des ados, et mes enfants ados bien sûr, ne fument.
      A part ça je trouve cette plante formidable et pleine de bienfaits, bien utilisée.

  • Bonsoir à vous tous,
    J’ai lu vos commentaires et j’ai une sensation bizarre de revenir en arrière avec des débats prémachés et prédigérés.
    En effet j’ai 40 ans (à peu près) et je suis ce que l’on appelle un "consommateur occasionnel" de hashich, en revanche j’ai un entourage dont la consommation n’a rien d’occasionnelle et les troubles que vous exposez me paraissent totalement étrangers.
    Je n’ai en aucun cas la science infuse, mais il me semble qu’à part être illégal le Hasch ne cause pas plus de dégâts que l’alcool ou la cigarette.
    Alors bien entendu je n’ai pas lu les études de tous ces jolis organismes officiels ou non mais d’après ma petite expérience de quadra moyen j’ai pu constater qu’à part une légère apathie, un penchant pour le farniente et la décontraction le THC n’occasionnait pas ou peu de lésions graves.
    En revanche je consulte régulièrement un psy et il me dit que la schizophrénie est une « maladie héréditaire » qui peut être révélée par plusieurs facteurs environnementaux (dont la consommation de stupéfiants).
    Mais en lisant vos commentaires j’ai la fâcheuse impression que vous déchargez une lourde charge sur un phénomène de société qui fait encore débat et dont l’orientation me gène extrêmement.
    Personnellement je suis pour la légalisation ne serait-ce que pour avoir une analyse des risques objective ainsi que des méthodes de prévention réalistes et pour éviter des situations du genre ubuesque évoquée par notre ami B.Bec.
    Et je confirme le diagnostic « d’adolescence » de notre autre commentateur.
    Merci pour tes courriels B.Bec qui sont lus et commentés en famille et entre amis.

  • Bonjour
    Je suis d’accord avec Zoliv, et il faudrait peut-être faire preuve d’un peu plus d’intelligence en se rendant compte que oui, aujourd’hui, on a souvent une sensation de "manque" dans cette vie, de gêne, que j’appelle la "démangeaison existencielle", et que chacun le résoud à sa façon : recherche de pouvoir, de sexe effréné, alcool, joint, cigarette, médicament antidépresseur et autres, enrichissement frénétique, travail intensif, méditation, yoga, religion... On accuse ensuite l’objet qui soulage à la place de la cause, qui est que l’on n’arrive pas à être heureux, ou que même quand on a l’impression d’être heureux, on a encore envie d’autre chose, d’inatteignable si possible, pour continuer à se gratter...
    Malgré les efforts de certains, on n’arrivera jamais à réduire totalement l’homme à une machine qui fonctionne bien, car la blessure est originelle. Chacun cherche...
    Personnellement je connais bien les deux (herbe et hashich), et j’ai fumé pour me désinhiber lorsque j’étais jeune (pour être meilleur musicien par exemple). Mes enfants ont fumé, mais l’un plutôt pour se faire plaisir et l’autre, dans la période "fumette intensive", pour soigner sa déprime comme il pouvait. Sorti de la déprime, la consommation a diminué. On prend une grosse cuite quand on a "les boules" ou un gros chagrin, idem !
    Je connais aussi des gens qui, sans aller jusqu’à la schizophrénie, se sentent très très mal en fumant un joint... donc ils ne fument pas !!!

    La société, totalement hypocrite, a produit de tout temps un discours, aujourd’hui puissamment relayé par les médias, qui porte des jugements de valeur sur les comportements que peu mettent en pratique (n’oublions pas Tartuffe). Les fissures sont grosses, et chacun doit se débrouiller in-di-vi-duellement.
    En gros la seule vérité est dans l’écoute de soi, et dans l’équilibre qui finit par en résulter (même beaucoup plus tard). Le problème est quand on empêche quelqu’un (un adolescent par ex.) de se chercher, de chercher à savoir qui il est et ce qu’il veut faire de sa vie, en le lui disant à sa place. Personne ne peut être dans votre peau !!!
    D’ailleurs pour comprendre et grandir (à tout âge d’ailleurs) il faut expérimenter, c’est à dire FAIRE, et non pas seulement parler, comme on le fait frénétiquement partout, à droite, à gauche, à tort et à travers...
    FAIRE, RESSENTIR, et COMPRENDRE, c’est la base de la vie.
    Personne ne peut le faire à ta place.
    Bisous à tous, bonne journée
    En gros tout est affaire d’équilibre

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.