Accueil > 2010 > août > Lettre ouverte Des Faucheurs Volontaires des 70 pieds de vignes

Lettre ouverte Des Faucheurs Volontaires des 70 pieds de vignes

samedi 28 août 2010

Transmis par JP de Loupian
Sat, 28 Aug 2010


Lettre ouverte( aux politiques et à la presse) DES Faucheurs Volontaires des 70 pieds de vignes transgéniques(1)

Lettre ouverte

Nous, Faucheurs et Faucheuses Volontaires, avons procédé à l’arrachage de 70 pieds de vignes transgéniques sur une parcelle de l’Inra de Colmar, le 15 août 2010.

Nous avons constaté la répercussion importante de notre acte dans la presse, à travers les déclarations de cadres de l’Inra, de certains membres du gouvernement et d’autres institutions. Nous souhaitons par cette tribune apporter une explication claire, précise et approfondie de notre geste, par ailleurs pleinement réfléchi et assumé.

L’acte que nous avons posé s’inscrit dans le combat mené depuis de longues années contre le développement des manipulations génétiques dans l’agriculture, le brevetage, et la marchandisation du vivant, bien commun de l’humanité. Nous ne sommes pas contre la recherche fondamentale sur les OGM, mais elle doit s’effectuer selon des protocoles rigoureux en milieu confiné. Surtout, elle doit répondre sans préjudice aux véritables besoins de la société, et ne pas faire le jeu du marché.

De par son caractère publique, notre geste s’adresse à l’ensemble de la société civile et particulièrement aux décideurs politiques qui autorisent, et finalement organisent, la dissémination des OGM dans les champs et dans les assiettes. Ces choix vont à l’encontre de la société qui refuse très largement leur développement. Nos élus ne font donc acte ni de représentativité ni de responsabilité.

Le dossier OGM est brûlant parce qu’il ne se réduit pas à un simple problème d’agronomie. Nous invitons l’ensemble de notre société à ne pas être dupe face à de tels essais : il s’agit bien de fausses solutions pour de faux problèmes. Car le problème -ou la réalité- est tout autre. Il est en premier lieu d’ordre démocratique et politique, puis agronomique, et non l’inverse comme on essaye de nous le faire croire.

Notre système agricole est majoritairement productiviste, avec une très forte dépendance à l’égard des firmes multinationales de l’agrochimie et de la génétique. Ce type d’organisation de l’agriculture découle de choix politiques et techniques réalisés en amont, qui appréhendent l’agronomie d’une certaine façon.

« Il s’agit là d’un enjeu primordial ou « ce qui se joue est le modèle de société. Le combat ne porte pas entre modernité et tradition, mais entre des définitions concurrentes de l’avenir : il s’agit de déterminer quelle sera la "modalité dominante de globalisation". Marchande, productiviste et capitalistique, ou communautaire, culturelle et coopérative ? C’est l’alternative de l’époque. (Hervé Kempf) [1]  »

Nous pourrions faire d’autres choix, car il existe d’autres manières de faire de l’agriculture, qui s’appuient notamment sur le respect du vivant et des hommes, et qui ont depuis longtemps démontré leur capacité à nourrir l’humanité en quantité et en qualité. Nous invitons la recherche française à se tourner vers ce type d’orientations, car la question centrale n’est pas d’être pour ou contre l’investigation scientifique, mais plutôt : quelle recherche veut-on privilégier ? Nous intervenons rarement dans son pré carré, seulement cet essai était particulièrement symbolique, car il est au carrefour des nombreuses questions de société que posent les OGM. Dans le cas d’une technologie de plus, non maîtrisable à terme, comme les OGM, nous serions effectivement contraints de chercher continuellement des solutions à des problèmes que nous aurons nous-mêmes créés.

Si l’objectif de l’Inra est de répondre aux attentes des citoyens, alors la meilleure réponse qu’ils pourront leur apporter -parce qu’elle est déjà connue- c’est que la culture d’OGM en plein champ n’est pas possible sinon à condamner les autres modes de productions agricoles, et l’agriculture biologique en particulier. Partout dans le monde où les plantes génétiquement modifiées sont utilisées, l’usage des pesticides augmente et la paysannerie disparaît. Les plantes sauvages sont contaminées, la diversité semencière s’écroule et la souveraineté alimentaire est menacée.

L’Espagne, devenue la poubelle transgénique de l’Europe, en est un triste exemple. Les dizaines de cas de contamination des maïs biologiques et conventionnels ont montré que la coexistence entre cultures GM et non-GM est entièrement impossible. Cette situation a déjà entraîné la réduction de 95% des cultures de maïs biologiques entre les années 2002 et 2008.

Le monde de la recherche, qu’il soit public ou privé, ne doit donc pas s’isoler au prétexte de neutralité scientifique. Ne lui en déplaise, ses choix sont aussi ceux de la société toute entière, ou devraient l’être, car ses choix peuvent s’avérer, à terme, trop déstructurants pour les organisations humaines en place, et trop dangereux pour les générations futures. Dans ce sens, le premier objectif des chercheurs ne devrait pas être une application immédiate de leurs découvertes. Avant de vulgariser ces dernières ou de chercher à les commercialiser, ils doivent auparavant en avoir simulé les impacts environnementaux et les conséquences sociétales.

Faire croire que la dissémination des transgènes ne se fait pas lorsqu’un OGM passe au stade commercial, c’est au mieux nous prendre pour des imbéciles, au pire ignorer totalement les lois biologiques. D’un point de vue purement scientifique, l’essai de vigne transgénique résistante au court noué a déjà démontré des contradictions majeures. Sans fleurs ni raisins qui n’auraient pu être laissés qu’en milieu confiné, cet essai ne pouvait en effet donner aucun résultat scientifique valable sur les risques de transmission de l’OGM au raisin et au vin, ni sur son efficacité dans la lutte contre le court noué après la floraison de la vigne. Par ailleurs, il n’a jamais été question d’évaluer les atteintes au terroir, notamment la modification de la microbiologie du sol et des levures. Le passage du transgène du porte-greffe au greffon a aussi déjà été constaté. P ourquoi l’INRA, financé par nos impôts, affiche-t-il publiquement le contraire de certains résultats ayant un lien avec certains risques de contamination ?

En effet, le transgène présent dans cette vigne étant un gène viral, il offre la possibilité au virus infectant (court noué ou autre virus) d’échanger une partie de son ADN avec celui du transgène. Il s’agit du phénomène de recombinaison, qui a lieu avec une très grande efficacité chez les virus, et qui peut conduire à l’apparition de virus nouveaux, dits « recombinants », à pouvoir pathogène plus élevé. Cette vigne représente donc un véritable réservoir à virus recombinants dont on ne maîtrise rien et qui vont pouvoir se propager dans la nature.

La planète n’est pas une paillasse de laboratoire.

Actuellement, l’Europe finance l’arrachage définitif de 400 000 hectares de vignes, car nous sommes dans un contexte de surproduction chronique de vin.

L’uniformisation des méthodes de production, celle des terroirs et des vins, sera-t-elle alors un facteur déterminant pour résoudre la crise viticole ? Nous en doutons très fortement, et il nous semble, bien au contraire, que c’est la diversité des agrosystèmes qui protège les producteurs de la concurrence en leur permettant d’identifier clairement leurs produits autour de cahiers des charges . Certaines pratiques agricoles considèrent notamment de manière qualitative le court noué, car il réduit la production et augmente la qualité.

Cultiver de la vigne transgénique en plein champ sur une maladie qui ne menace pas la production française vise donc à l’acceptation sociale des vignes OGM en France.

Les OGM menacent l’ensemble des régions viticoles, patrimoine français exceptionnel.

Pour nous, le passage beaucoup trop rapide de la technologie OGM à un niveau industriel est hautement révélateur de cette nouvelle approche relativement totalitaire : il s’agit bien ici, de nous imposer le plus rapidement possible les OGM à travers un dispositif de recherche totalement « bunkérisé ». Un dispositif aliénant qui empêche, on l’a vu avec l’Espagne, toute autre forme de progrès et de différenciation.

Plus personne n’est dupe sur les finalités pratiques du développement des technologies OGM. A moins que l’on cherche à nous les faire accepter par tous les moyens. Mais alors, qu’est ce que la démocratie : est-ce l’art de faire accepter ou celui de respecter et de représenter ce qui profite à l’intérêt général ?

Un tel enjeu démocratique ne peut faire l’économie d’un vrai débat, ni de décisions courageuses, afin de respecter la volonté, sinon les doutes, de la population. Les effets néfastes des OGM agricoles sont avérés, ils ont depuis longtemps démontré qu’ils n’étaient pas conçus pour le bien des hommes et des écosystèmes, mais pour ce qui fait leur raison d’exister : remplir les comptes en banque des actionnaires de l’agrochimie et de la génétique.

Quant au fait d’abandonner l’expertise et la maîtrise des OGM aux multinationales, la question est plutôt la suivante : voulons-nous suivre cet exemple qui a condamné des paysanneries riches de savoir-faire et de diversité, et qui conduit à une dépendance totale

vis-à-vis de l’industrie des pesticides ?

Voulons-nous que les campagnes françaises ne soient plus vouées, à terme, qu’aux seules cultures transgéniques ?

Les OGM sont finalement un projet de société à part entière qui lègue des contaminations irréversibles aux générations futures. Reste à savoir si la société civile pourra ou non participer à ce choix, si on le lui permet.

En attendant que la classe politique fasse son travail, et parce que les rouages de la démocratie ne traduisent plus les aspirations de la société, la nécessité fait loi, et la désobéissance civile s’invite pour faire entendre cette voix.

25 août 2010,

Le Collectif des Faucheurs Volontaires d’OGM

Pour plus d’informations, un de nos sites Internet régulièrement mis à jour :

www.soutienfaucheursbretagne.fr/


Pétition

SOUTIEN DE L’ACTION DES FAUCHEURS VOLONTAIRES
POUR UNE VITICULTURE SANS OGM

Aujourd’hui, 15 août 2010, une vigne génétiquement modifiée résistante au court noué
a été neutralisée par les Faucheurs Volontaires à l’INRA de Colmar. Cette même parcelle avait déjà été coupée par Pierre Azelvandre le 7 septembre 2009. Quelques jours auparavant, le tribunal administratif de Strasbourg avait annulé l’autorisation de cet essai – déjà en place depuis 5 ans
– estimant que celle-ci, délivrée par le ministère de l’agriculture, était illégale. L’INRA a fait appel de cette décision. Le procès de Pierre Azelvandre pour destruction de biens destinés à l’utilité publique s’est tenu le 7 octobre 2009 et a abouti à une condamnation à une amende de 2000 euros.

La question de la définition des biens destinés à l’utilité publique se pose.
Le court-noué est une virose de la vigne transmise par des vers microscopiques piquant les racines. Cette maladie est rare dans la région où la parcelle GM a été plantée. L’intérêt scientifique de cette expérimentation est également mis en doute par le fait que cette maladie est mineure et que l’on sait déjà la gérer. : on arrache les pieds infectés puis on laisse reposer la terre pendant plusieurs années. La rotation des cultures a des vertus connues depuis des siècles : les temps de jachère entre 2 plantations de vigne reconstituent les réserves du sol et sont écologiquement et économiquement indispensables. D’autant que, le secteur viticole connaissant une crise de surproduction, supprimer les périodes de repos du sol aggrave cet excédent, fait baisser les cours du vin, et crée finalement une augmentation de la dépense communautaire liée aux primes d’arrachage et aux distillations exceptionnelles. Dans certaines régions où le foncier est inabordable et où les zones AOC sont totalement occupées, ce repos de la terre est difficilement envisagé pour des motifs économiques de rentabilité à outrance.
La mise sur le marché de porte-greffes GM résistants au court-noué inciterait donc les viticulteurs à développer des pratiques agricoles néfastes des points de vue sanitaire, économique et écologique.

En tant que vignerons, cavistes, restaurateurs et professionnels du vin, nous soutenons sans réserve l’action des Faucheurs Volontaires d’OGM du 15 août 2010 qui les a amenés à neutraliser l’essai de vignes génétiquement modifiées de l’INRA de Colmar. Nous sommes contre les essais de cultures d’OGM en plein champ, parce que nous considérons que :

 les champs d’expérimentation d’OGM sont le premier pas d’une démarche commerciale visant à imposer, avec l’aval de la Commission européenne, des cultures actuellement non autorisées, et surtout non plébiscitées ni par la population ni par les professionnels.

 cet essai est inutile et inabouti : les fleurs ayant été supprimées, cette étude ne peut statuer sur le possible passage d’éléments du transgène dans le fruit ou le vin.

 nous ne pouvons fermer les yeux quand les firmes brevètent le vivant et rendent dépendants de leurs plants et semences, agriculteurs, vignerons, travailleurs de la terre.

Pour signer :

http://lapetition.be/sign_petition.php?petid=7980


[1] présentation de l’ouvrage de Jean Foyer : Il était une fois la bio-révolution. PUF "Le Monde", 228 pages, 28 €.

(1)Au passage de la lettre ouverte des FV après le fauchage de Colmar sur votre boite à courrier électronique,j’en profite pour exprimer comme "ouvrier "aide soignant sur le 34 ,et donc comme agent de santé ,mes doutes sur la mobilisation du 7 pour "avoir la retraite".
Je pense savoir que notre unique acquis Kpitalisable n’est pas l’argent du retraité ,mais notre Kpital Santé qui peut se "grever" en cas de mauvaise nutrition .
Salut les décideurs Salut les communicateurs

JP qui fait partie des décidés .

MICHEL Jean-Pascal, avec les informations suivantes :


Voir en ligne : Lettre ouverte DES Faucheurs Volontaires des 70 pieds de vignes

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.