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4 septembre 2010 : « fêter » l’anniversaire de la IIIe République ou honorer les Communards ?
Yves Coleman - jeudi 26 août 2010
vendredi 27 août 2010
Transmis par caro
Thu, 26 Aug 2010 11:14:53
Une grande manif doit se tenir le 4 septembre 2010, convoquée par toute la gauche, les syndicats, les associations antiracistes ou de soutien aux travailleurs immigrés, etc.
Cette date a été choisie parce qu’elle coïncide avec le 140e anniversaire de la fondation de la Troisième République qu’il faudrait « fêter » selon les organisateurs de l’appel « Non à la politique du pilori » (on trouvera cette pétition insipide (1), pardon cet "appel citoyen", sur le site http://nonalapolitiquedupilori.org/).
Curieusement, jusqu’ici aucun des historiens ou des intellectuels qui fustigent Nicolas Sarkozy pour sa manipulation ou son ignorance de l’Histoire n’a fait remarquer que la Troisième République a été fondée sur le sang des Communards, les persécutions, les condamnations à l’exil, au bagne et à la prison, quand ce n’était pas le poteau d’exécution décidé par les conseils de guerre qui siégeront pendant les quatre premières années de la Troisième République ou les cours prévôtales qui fusillaient les hommes et les femmes pris les armes à la main.
Les rédacteurs et les 30 000 signataires de l’appel "Non au pilori" ont complètement oublié les 20 000 morts de la Commune de Paris, les 38 000 arrestations, les 50 000 jugements qui se poursuivront jusqu’en 1877, les 4000 personnes expédiées au bagne, le tout pour quoi ?
Pour célébrer, le 4 septembre 2010, la Troisième République…. des bourreaux du peuple parisien.
Le citoyennisme, qui est l’idéologie dominante à gauche, est décidément bien un négationnisme (à peine dissimulé) de l’histoire du mouvement ouvrier et de ses combats.
Le 4 septembre 2010, si vous tenez à descendre dans la rue contre ce pléonasme (faussement) naïf qu’est la « xénophobie d’Etat » (tout Etat est xénophobe, sinon il ne remplit pas sa fonction essentielle : défendre la nation), criez au moins le nom des communards et des pétroleuses !
Ayez une pensée pour le général Dombrovski mort sur les barricades près de la rue Myrrha, Théophile Ferré, Louis Rossel et tous les anonymes exécutés par cette Troisième République que les rédacteurs de l’appel "Non au pilori" voudraient nous voir "fêter" le 4 septembre 2010.
N’oubliez pas qui était Adolphe Thiers, le chef des Versaillais, celui qui a lancé 130 000 soldats contre les ouvriers et les artisans parisiens, le premier président de cette Troisième République qui a commencé aussi mal qu’elle a fini et que nos citoyennistes sans mémoire voudraient que nous fêtions en enterrant une seconde fois les Communards.
Des conseils de guerre fusillant les Communards en septembre 1870 aux pleins pouvoirs votés à Pétain en juillet 1940 par les trois quarts des députés socialistes, de la guerre du Rif aux massacres et aux bagnes d’Indochine en passant par les interventions des armées françaises contre la révolution russe, des fichiers de l’immigration les plus sophistiqués de la planète aux lois restreignant (déjà) les droits des immigrés, la Troisième République a une belle continuité que les sans-mémoire de la gauche s’apprêtent à "fêter" en toute bonne (in)conscience !
Y.C.
26/08/2010
Ni patrie ni frontières
1. Comme me le fait remarquer justement un lecteur perspicace, cet appel contient des expressions inadmissibles comme la référence au "nécessaire respect de l’ordre public" (comme quoi la gauche nous prend pour des imbéciles quand elle prétend dénoncer la politique sécuritaire de Sarkozy) et au respect de " la Constitution".
On rappellera aux sans-mémoire de gauche que deux réformistes bon teint, Messieurs François Mitterrand et André Chandernagor, dénoncèrent, il y a déjà 40 ans, l’un dans "Le coup d’Etat permanent" (1964), l’autre dans "Un parlement pour quoi faire" (1967), la Constitution de la Cinquième République comme totalement et viscéralement antidémocratique et propice aux coups d’Etat et à toutes les manoeuvres autoritaires du gouvernement contre les "élus de la nation".
Même si nous ne croyons guère aux vertus de la démocratie bourgeoise, la vacuité de cet appel permet de mesurer la régression politique de cette gauche réformiste qui a oublié même ses petits combats contre la Constitution de la Cinquième République.... et de l’extrême gauche (le NPA en tête) qui lui emboîte allégrement le pas.
Quant à la phrase qui conclut l’appel et fait mention d"une "République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle" on se demande sur quelle planète vivent les rédacteurs et les signataires de cet "appel".
La République des Bisounours, sans doute...
publié par Yves, le jeudi 26 août 2010
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