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Jean-Marc Rouillan en liberté conditionnelle
Agnès Leclair | lefigaro.fr | vendredi 18 mai 2012
vendredi 18 mai 2012
Action directe : Rouillan en liberté conditionnelle
Agnès Leclair | lefigaro.fr | vendredi 18 mai 2012
Jean-Marc Rouillan. Crédits photo : MICHEL GANGNE/AFP
L’ancien leader du groupe terroriste a décidé, notamment, de reprendre le militantisme, cette fois au Nouveau parti anticapitaliste.
La fin d’une époque. Ou presque… Vendredi, Jean-Marc Rouillan, dernier membre du groupe armé Action directe derrière les barreaux, a bénéficié d’une liberté conditionnelle. Après avoir rendu à la prison des Baumettes son bracelet électronique et un appareil de surveillance de probation, l’ancien du groupuscule terroriste d’extrême gauche a assisté à une action du Nouveau parti anticapitaliste, où il milite dans le cadre de la campagne des élections législatives, sur la Canebière. Le militantisme politique est toujours d’actualité pour ce symbole de l’extrême gauche qui vient de passer vingt-quatre ans en prison.
Arrêté en 1987 avec les trois autres principaux membres du groupe, Jean-Marc Rouillan a été condamné en 1989 et en 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité pour les assassinats du PDG de Renault Georges Besse en 1986 et de l’ingénieur général de l’armement René Audran en 1985.
« La vie qui continue »,
« C’est la vie qui continue », a déclaré vendredi l’ancien activiste de 59 ans, en semi-liberté depuis un an, soucieux d’éviter les caméras à son départ des Baumettes. Dans les mois à venir, il continuera à travailler pour la maison d’édition Agone, à Marseille, qui l’emploie déjà. Jean-Marc Rouillan, qui a déjà publié, raconte également avoir « plusieurs livres en préparation ». Le dernier en date, un récit sur sa semi-liberté, s’intitule Autopsie du dehors : carnet d’été d’un relégué sous surveillance électronique.
Tenu de résider dans le département des Bouches-du-Rhône, l’ex-prisonnier restera soumis pendant six ans à de nombreux contrôles. Il devra aussi indemniser les victimes à hauteur de 150 euros par mois et ne pas porter d’arme. « On m’a appliqué une très vieille loi du XIXe siècle et je suis interdit de séjour dans tous les départements frontaliers et les grandes villes », a-t-il expliqué. Enfin, l’ex-ennemi public numéro un n’a « pas le droit de parler précisément des faits » pour lesquels il a été condamné. Il faut dire que Jean-Marc Rouillan n’a pas fait preuve de la plus grande discrétion ces dernières années. En octobre 2008, les juges du tribunal d’application des peines avaient révoqué la semi-liberté dont il bénéficiait depuis moins d’un an, à la suite d’un entretien accordé àL’Express.
« Le fait que je ne m’exprime pas est une réponse »
Interrogé sur l’assassinat de Georges Besse le 17 novembre 1986 à Paris, l’ex-terroriste avait déclaré : « Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus… Mais le fait que je ne m’exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu’on avait fait, je pourrais m’exprimer. »
Le parquet avait dans la foulée réclamé son incarcération à temps plein, estimant qu’il avait « enfreint une des obligations qui pesaient sur lui, celle de s’abstenir de toute intervention publique relative aux infractions pour lesquelles il a été condamné ». Cette provocation lui a donc coûté quelques années supplémentaires d’incarcération. À la suite de cette polémique, la veuve de Georges Besse avait confié au Figaro : « Rouillan ne pourra jamais payer sa dette. Sa dette, c’est deux vies : mon mari, le général Audran et peut-être d’autres… Il faut assumer ses actes et les conséquences de ses actes. On n’est pas impunément révolutionnaire tueur. »
Le 13 avril dernier, le tribunal d’application des peines de Paris a finalement accordé une liberté conditionnelle au cofondateur du groupe armé d’extrême gauche. Une décision confirmée en appel, contre l’avis du parquet.
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